Vote final du Sheriff d'or 2013

C'est vrai que si les extra-terrestres débarquent, ça va pas être triste : je regardais hier l'excellent film de Spielberg, le meilleur des mondes, et pour tout dire, ca fait pas envie même s'ils ne nous transforment pas en d'affreux télépathes. Et c'est vrai que si on devient télépathe, ce sera pas cool pour les libraires...
Ceci étant, tout ne se comprend pas d'un seul regard (on n'est pas encore télépathe) donc j'engage vivement les jurés réticents à relire les livres de Rita et de Marion (et celui de Paulo qui est mon préféré !).

Pour le jeu, je te félicite et t'accorde une étoile même si je n'ai pas vraiment le droit : tu es mon shériff à moi.
(en fait, RRRRRRR.... psh, c'est le ronflement et il convient mieux pour Ardalen, en ce qui me concerne. L'entrevue (j'avais fait une coquille et tapé L'entrevie, joli non ?) récupère le smack, parce que c'est beau l'amour. Come Prima a juste le droit à un petit ouaip dubitatif. Pour le reste, c'est parfait !)

A propos de la laideur toute relative de Dora, il me semble avoir lu ou vu quelque part qu'elle était voulu. Manuele l'aurait dessinée plutôt peu attrayante pour ne pas tomber dans la caricature facile du vieux qui se tape la jolie jeunette (si je me souvien bien). Moi, je trouve que les traits qu'il lui a donné sont plutôt réussis mais ce n'est qu'un détail.

Pour ce qui est des extra-terrestres, il ne sont en fait que le catalyseur des changements profonds que cette société est en train de vivre. Ils accélèrent la modification des pensées, ils révèlent le vrai visage de chacun. Ils n'imposent pas de grands changements immédiats, on verra que par la suite, si, avec la télépathie mais c'est un autre aspect qui permet à l'auteur de conclure son propos.

Le fond de l'affaire est effectivement un questionnement sur le couple (plus que sur la sexualité d'ailleurs, même si l'un ne va pas sans l'autre) sans pour autant apporter de réponses toutes faites effectivement. S'il le faisait ce serait surement bien pauvre à lire.
Mais il n'y pas que ça dans ce livre. Il est question de modernité aussi, de hiérarchie, des relations intergénérationnelles de tant de choses qui font une société.
Le côté futuriste, plutôt que sciences fiction d'ailleurs, est juste là pour accentué les traits et n'est pas du tout un artifice gratuit. Comme dans "Les derniers jours d'un immortel", elle permet d'introduire des différences de pensée dans le récit, des situations nouvelles pour étayer le propos. Le côté sérieux vient uniquement du fait que ça ne fonctionne que si c'est un minimum crédible. On ne peut pas alors tomber dans des trucs délirants.

L'agression dans cette histoire est l'événement qui va en déclencher d'autres comme la prise de conscience de ses capacités télépathiques par Raniéro, la précipitation du départ de sa femme et l'éclatement de sa culpabilité à n'avoir pas su la protéger à ce moment là, sa lâcheté. Valter ne révèle rien de tout ça. Il est juste un contre point, ils sont d'ailleurs tellement différents qu'on se demande ce qui lie leur amitié. Tiens, voilà, encore un sujet abordé.

C'est bien de la science-fiction, Joco. La télépathie, c'est de la science-fiction... Les extra-terrestres aussi. C'est plus de la science-fiction que du "futurisme".
Ne faites pas de Manuele Fior le grand théoricien du couple qu'il n'est pas.
Il redessine le triangle amoureux à sa façon. Comme il l'avait fait dans son précédent livre.
C'est un peu tragique, comme dans son précédent livre ou dans Jules et Jim, qu'il adore sûrement (le film). Le noir et blanc m'évoque subitement le film.
C'est parfois assez virtuose, comme dans son précédent livre (rappelez-vous la jolie trouvaile de 5000 km : la scène de dessin animé).
Mais n'en faites pas le livre de tous les sujets...

Merci Joco.
Je partage ton explication sur la "laideur de Dora"(et sur le reste également).
Je suis surpris de l"attaque" de Superphane sur cet argument … il sait bien que Manuel a tout le talent pour nous dessiner les plus belles femmes du monde, mais son propos est plus aventureux, plus mystérieux plus crédible et surtout moins convenu …

C'EST BIEN MAINTENANT QU'ON PARLE ENFIN DES LIVRES !
Très belle analyse de "l'agression polémique"

Les amis, faut lire entre les lignes.
Je crois avoir assez bien saisi le propos de l'auteur et je maintiens : arrêtez d'en faire des caisses...
Ca parle d'amour, et puis c'est tout. Vous êtes de gros balots romantiques mais je vous aime bien quand même...  

Fior est un super dessinateur mais reprenez tous ses livres : lorsqu'il dessine les visages de face, le nez est souvent à peine esquissé (on voit essentiellement les narines), réduit à un ou deux traits. Je ne trouve pas ça très heureux.

La science fiction n'est pas un gros mot ??? …
Mais Superphane, tu vois bien que pour Manuel, cela n'est pas la finalité …

Bien évidement qu'il n'est pas le grand Théoricien du couple (heureusement !)
Il nous compte des personnages, nous propose des situations, il ne nous donne pas ça définition du couple, il ne nous interroge, nous interpelle, nous propose différentes pistes.
Chaque lecteur en fonction de son propre vécu, de son histoire familial, navigue assez librement avec ses émotions, ses certitudes ou ses interrogations.

On en fait pas le livre de tous les sujets, mais il me semble que je n'invente rien dans mes interprétations du livre (ni Joco)
L'ENTREVUE est un livre riche et dense, c'est une autre de ces qualités, Elle devrait te plaire, non ?

Ca me plait ! Non de non !
Mais ça me plait raisonnablement. Cet univers me laisse perplexe et si le livre a quelques fulgurances que j'ai déjà évoquées (les scènes de couples) , quelques scènes me semblent discutables (j'en ai déjà parlé aussi) ou inutiles.
Les lectures de Rita Mercédès et Paulo Monteiro - outre que je découvre là deux auteurs - m'ouvrent des univers bien moins ballisés, bien plus inconnus. De nouvelles expériences de lectures dans lesquelles je me laisse aller avec plus de plaisir. la Lecture de Fior est moins incertaine !

Tue-Loup a écrit:

Le plus important c'est vraiment qu'on puisse échanger, débattre (et pas se battre…)

Mais si!!!! j'apporte gants de boxe et cannes de combat, et ne vous fiez pas à mon aire débonnaire, il reste bien quelques abdos sous cette
couche de graisse...

Naphtalene a écrit:

OU ALORS ( je suis d'humeur taquine, pardonnez-moi d’avance ) ! On divise les jurés en 2 groupes, chacun sélectionne les 7.5 albums qu'il préfère en attribuant des notes entre 3.14 et 14.75...

Sinon, moi je pensais faire un code de César avec les 11 sheriffs, partant d'une clé numérique avec un décalage de 3 par exemple (et pour faire simple), ensuite on aurait totalisé les chiffres ainsi obtenus et pour chaque somme on aurait fait une suite aliquote permettant de mettre en avant paires amiables ou autres chiffres parfaits ; ensuite on combine le tout avec les montants des chèques de chaque juré envoyés à Fred pour établir une relation algorithmique adéquate et faire ainsi ressortir le titre la mieux classé! C'est clair, simple, efficace et précis! Et franchement, ça le mérite de parler à tout le monde!

Ok ok, va pour la théorie du rasoir d'Ockham alors... "simplicité élégante" étant en tout temps et toute chose la voix de la raison (et de l'efficacité). Merci Fafab.

En tout cas je suis content de faire avancer le débat sans polluer le forum de considérations stériles.

Le top 5 (encore) provisoire (dans un ordre des plus aléatoire, les relectures étant en cours pour ma part...) :

0 L'amour infini que j'ai pour toi
1 Les Incrustacés
2 L'Entrevue
3 Sailor Twain
4 Souvenir de l'empire de l'atome
5 La Tendresse des pierres

(et hop, 6 titres! quel magnifique subterfuge... admirez un peu!)

Surpris que Sailor Twain ne ressorte pas plus que ça (le mot est faible!),
je vais donc de ce pas étoffer mes arguments pour essayer de lui donner un second souffle!

Pour l'Entrevue, je trouve Dora très belle...
Mais pourquoi parler de la beauté (ou laideur) de Dora??? On ne parle jamais de celle de Raniero? Dora n'est-elle pas autant attirée par lui que lui par elle? Faudrait-il comprendre que la femme doit être belle et attirante la où l'homme peut en être dispensé, arborant d'autres qualités plus "cérébrales"? Je vois que peu de voies féministes s'élèvent ici!

Donc il n'y a pas plus de débat à savoir si Dora ou Raniero sont "beaux".
Bien sur, cela va à l'encontre de ce que je viens de dire en introduction : "je trouve Dora très belle...",

Mon argument est donc idiot... mince...
Non, je parle d'une beauté purement "physique" ou "graphique" (et subjective) sentant bon les éditions "Soleil".

Superphane a écrit:

Ca me plait ! Non de non !

Nous n'en doutions pas, mais tu en préfères d'autres....

Superphane a écrit:

Mais ça me plait raisonnablement. Cet univers me laisse perplexe et si le livre a quelques fulgurances que j'ai déjà évoquées (les scènes de couples) , quelques scènes me semblent discutables (j'en ai déjà parlé aussi) ou inutiles.

On peut dire la même chose de beaucoup de livre. Dans "L'amour infini que j'ai pour toi", il est évident que certains chapitres sont mieux réussis que d'autres. Je ne l'ai pas encore relu mais je me souviens bien de cette impression d'irrégularité dans les commentaires de chacun. Pour "Les incrustacès", on peut trouver quelques séquences superflues, je n'ai pas dit inutiles, mais pas fondamentales et qui risquent d'embrouiller un peu plus le lecteur dans cet univers foisonnant.

Superphane a écrit:

Les lectures de Rita Mercédès et Paulo Monteiro - outre que je découvre là deux auteurs - m'ouvrent des univers bien moins ballisés, bien plus inconnus. De nouvelles expériences de lectures dans lesquelles je me laisse aller avec plus de plaisir. la Lecture de Fior est moins incertaine !

C'est sûr, il y peu de balise dans ceux-là. Ce qui est pour toi une qualité, peut être, pour d'autres, un défaut. Et pour moi, en particulier mais je penses que c'est vrai pour beaucoup ici, nous n'avons pas envie de nous perdre dans des lectures qui du coup risquent de devenir stériles. Comme tu l'as bien compris, c'est ce qu'à voulu dire, je pense, Igor13.
A trop vouloir ouvrir de porte, on ne sait plus laquelle prendre.

c'est effectivement ça, et on avait eu ce débat sur Aller Retour, ou ça paraissait trop à certains, trop peu balisé, trop 'errance', avec plein de choses inutiles, mais en le relisant, on en est venu à concevoir que tout faisait sens ensemble, et que la volonté de perturber son lecteur, de le mener en bateau, ou par le nez, fait partie complètement du genre.
Pour Aller Retour, on avait alors évoqué le nouveau roman,
pour Les Incrustacés, on a évoqué la littérature picaresque, qui doit beaucoup à l'épopée, en mode mineur.

Mais oui, on peut penser que Don Quichotte est un récit bancal, avec des péripéties un peu redondantes, sans grand lien entre elles, et qu'elles perdent le lecteur. Je crois qu'il y a là une certaine volonté de l'auteur.

Je pense aussi que les grands récits littéraires laissent des images (qui n'a pas, là, immédiatement, une image en tête de Don Quichotte ?). Des récits plus balisés, plus rassurants, attendus, mais plein de virtuosité, de savoir-faire, ... laissent souvent, malgré leur succès d'estime, moins d'images.
Je crois que Les Incrustacés fait partie des premiers.

C'est vrai mais ton exemple est mal choisi car Don Quichotte a été vu et revu, revisité et chamboulé, même, dans tous les sens. Les images que tout le monde en garde ne sont d'ailleurs surement pas les mêmes. Et en tout cas, elles ne viennent quasiment jamais de l’œuvre originale.
Les autres livres m'ont tout autant laissé des images, d'ailleurs, plus pour certains, moins pour d'autres. On est vraiment là sur ce qui nous touche différemment suivant nos affinités. Paradoxalement, j'ai été assez surpris et déçu par le peu d'image, justement, qu'il me restait en tête de "L'amour infini que j'ai pour toi" quand je l'ai feuilleté tout à l'heure. Alors que d'autres, qui m'ont bien moins touché en première lecture, reste plus vivant dans ma mémoire.

Je rejoins Gaga sur Sailor Twain injustement oublié dans les premières citations reçues. On a beaucoup parlé de l'Entrevue à travers les thèmes de l'amour, la sexualité, de la beauté, autant de thèmes traités avec une grande élégance également dans le livre de Siegel. On oublie aussi un peu ce dessin de haute facture et tant pis si vous n'aimez pas les gros yeux.
Je me souviens de planches magnifiques en pleine page. Je pense aussi que l'équilibre trouvé dans son récit est assez remarquable en regard de la pagination offerte, peu de longueurs sur plus de 400 pages, c'est remarquable et à la hauteur de l'édition proposé.
Je n'en dirai pas autant du livre de Monteiro qui malgré un format très resserré présente quelques faiblesses, toutes les nouvelles ne sont pas au niveau, même la plus belle (celle du père) est conclue de façon un peu abrupte avec une notification sur la période d'écriture totalement inutile. Pas franchement utile non plus les extraits du journal de travail, bref plus ça va, plus je me dis que ce titre (que j'ai pourtant beaucoup aimé et très bien noté) n'a pas la densité d'un sheriff.
Je suis actuellement en pleine relecture sur l'atome qui lui présente beaucoup de profondeur, je commence même à douter avec Come Prima (mon choix du coeur), tiens je reviendrai en parler de celui là aussi !

Sinon tout pareil que Joco 

Coucou, je n ai plus d accès a internet
Du coup plus difficile de suivre.
Est ce que quelqu un amene les bd me 18?

J ai relu l amour infini..
Il y a des histoires que ke n ai pas toutes comprises mais il me semble qu elles forment un tout.

Je vienq de foni l empire de l atome. Le geaphisme sixties industriel et les couleurs qui sont vives quand il faut.
L introduction balaye le temps la relation parent enfant dans l apprentissage.

Pas facile d écrire sur le téléphone plouffff

L'amour infini que j'ai pour toi reste la lecture la plus marquante pour ma part, une de celle justement qui me laisse le plus d'images en mémoire.
Je trouve le carnet de travail opportun, intéressant au regard de son travail et salutaire pour bien comprendre ces histoires, leur cheminement et leur construction. L'ensemble laisse une impression d'une grande intensité.
Je reste avec mes blattes est peut-être l'histoire qui me parait la moins utile, versant un peu trop gratuitement dans le pathos.
Cependant c'est surtout le format qui me pose quelques problèmes, une 10aine d'histoires, très courtes et une lecture de quelques minutes, alors même si l'on y revient et revient encore, cela déséquilibre quelque peu la comparaison avec les autres BD (même si évidemment la pagination n'a rien à voir avec la qualité).

Sailor Twain doit être défendu, plus de 400 pages dévorées d'une traite, ne pouvant me résoudre à refermer l'ouvrage sans en avoir lu les dernières gouttes et le tout sans une seconde d'ennui. Alors oui, c'est bien la un critère d'une oeuvre qui fonctionne, d'un découpage efficace, d'un dessin hypnotisant et d'une histoire enivrante à l'instar du chant des sirènes.

Et puis des tentacules envahissant la cabine du capitaine où est réfugiée la sirène, rappelant à mes souvenirs d'Adèle Blanc-sec (Tous des monstres, Le Noyé à deux têtes), me rappelant à leur tour l'univers de Lovecraft et de Cthulhu... haaaaa, le tout sur un bateau!!!! Bref que du bonheur!
Cependant je n'en n'ai pas encore fait la relecture, et en parcourant rapidement le livre, j'ai eu un petit doute sur mon enthousiasme général... à voir donc, tout cela peut évoluer encore, mais il restera bien placé, cela ne fait aucun doute!

Je viens de relire l'Entrevue. Raneiro se sent enfermé dans sa vie de tous les jours: son ami, sa femme la barrière du passage à niveau, l'accident, etc... A chaque fois qu'il a une lueur d'espoir il se fait rappeler à l'ordre par une intervention extérieure. Le pauvre, même quand il veut faire l'amour à sa femme les lumières viennent le perturbé.
Du coup, on a récit qui coule sans pause. Tout est fluide car impromptu.
Le passage de la visite de l'appartement en centre ville pourrait être ennuyant et non car le dialogue est pince sans rire avec la fille de l'agence.
Dans tout cela, un lien se créer avec Dora. C'est la séance hypnotique qui révèle ce lien. Soit un lien profond au niveau du subconscient. C'est trop FORT. Il ne peut pas résister à une telle attaque. Pourtant il essaye.
Si la société faillit, pas lui. Il restera fort et finira par faire le choix de reprendre sa liberté. Totale sans personne.

Finalement, c'est peut être cela que Dora montre à la fin. Malgré la télépathie vous êtes libre.
Une ode à la liberté

Il y a aussi l'amour qui surgit et resurgit sans être un état permanent de bonheur dégoulinant sans rapport avec le quotidien.

Voici une liste des histoires ou je n'ai pas bien compris le sens:
- j'irai voir l'aimé;
- le pendu.

J'ai l'impression que c'est la vie crue qu'il nous décrit: "belle est sans vergogne"

Il y a un lien entre toutes les histoires mais arriver à le verbaliser. Ce n'est pas gagné. Ce serait bien que quelqu'un le verbalise simplement.

J'ai suivi de loin le Sheriff d'or 2013 tout au long de l'année, pas toujours compris le nouveau fonctionnement mais je vous souhaite un très bon vote final en fin de semaine prochaine ! Va y avoir du sport !   

Faut-il venir avec des ballerines? Si on se fait un "battle" de dance autour des inscrustacés, il faut s'équiper. Il est toujours dommage d'écraser un bigorneau.

Pas facile d'assumer sa féminité en groupe. En même temps j'amène une male pleine de fringues féminines et on s'éclate autour du totem de l'année.

Pas possible de s'échapper, on sera dans le même bateau.

Plouf!

TTTT... Les Incrustacés n'a pas encore gagné...

Mais moi, je miserais plus sur une danse aquatique en queue de poisson et tenue d'Eve pour tout le monde, errances mi-anges mi-démons autour des sirènes de l'Hudson.

Pour L'amour infini que j'ai pour toi, je pense que le livre révèle les préoccupations de l'auteur, son ressenti, ses émotions. Chacun alors y appréhendera ses propres tourments, mais c'est bien l'ensemble des histoires, avec leurs forces émotionnelles, qui détermine un sens à cette lecture.
Bon, ce n'est peut-être pas très clair... enfin bref : comprendre c'est bien ; se laisser porter par un texte et des images, dans une immersion totale et sensorielle, est tout aussi louable, et même plus adéquat pour ce type d'ouvrage.

Sailor Twain était ma première lecture pour le sheriff. J'avais attribué une excellente note. Le temps a passé. Les lectures, excellentes souvent, se sont enchaînées. Sailor Twain semble avoir sombré dans les profondeurs de l'Hudson pour bien des jurés en cette fin d'année. Quel dommage. Je l'ai relu. Je pensais que pour moi aussi, cette relecture pourrait atténuer cet enthousiasme passé.
Et bien non.
(et malheureusement... je vais devoir regretter, comme certains d'entre vous pour d'autres livres, que tous ne reliront pas Sailor Twain... soupir... soupir...)

La fin de la BD avait été pour moi l'élément un peu décevant, confuse, pas vraiment aboutie, me laissant un peu sur ma faim.
Si il est vrai que cela reste à mon sens le (seul) point faible du livre, une seconde lecture m'a permis de mieux en apprécier les rouages, donnant tout à coup plus de cohérence à l'ensemble.
Le dessin au fusain est remarquable, certaines planches sont magnifiques, et le traitement des personnages parfaitement rendu, avec un jeu expressif volontairement accentué par ces yeux ronds, ces visages ou certaines attitudes. Il y parait des fois un certain contraste avec des personnages (souvent secondaires) beaucoup plus travaillés graphiquement, donnant un sens narratif à l'ensemble (dans le sens de donner graphiquement une identité narrative différente entre les protagonistes).

Il y a dans cette histoire nombres d'éléments maîtrisés parfaitement, et en premier lieu le duo formé par le capitaine et l'armateur, tout comme le personnage de Camomille.
Des passages drôles (modérément certes, mais drôles...), quelques dialogues succulents, et un cheminement mythologique et amoureux qui se déroule de façon convaincante sur les quelques 400 pages!
On ne tombe jamais dans l'excès, le ridicule, l'aventure gratuite, le mélo, mais beaucoup de thèmes sont abordés de façon délicate, très bien imbriqués dans l'écoulement de l'histoire générale. La relation d'Elijah à la créature et son évolution ambivalente avec elle, mais aussi la relation aux femmes en général et à l'amour.

Elijah voit d'abord apparaître en la sirène une bête de foire, dont il pourrait tirer parti pour s'émanciper de sa vie de capitaine et rejoindre sa femme ; puis vient la curiosité, l'empathie et une inspiration recouvrée, celle de l'écriture et du dessin. Créature à l'odeur nauséabonde, mais dont il ne pourra s'empêcher de vouloir goûter malgré tout, créature au chant funeste dont il fait promettre de l'épargner, et qui pourtant deviendra l'objet de tous ses fantasmes. Le tout l'éloignant de l'amour de sa femme, "terrestre", qui partage tant symboliquement avec la sirène, par le chant, ou dans l'infirmité.

2 ou 3 raisons anecdotiques mais sérieuses d'y voir une oeuvre capitale :

Camomille traite dans son dernier ouvrage des Indiens Algonquins. Or le noeud Algonquin, outre sa réputation de solidité et de fiabilité est des plus agréable et simple à réaliser.
La compagne du capitaine porte le doux nom de Pearl. Or il n'est plus puissant son s'échappant d'un roulement frénétique sorti d'une batterie Pearl.
Le poussin est un animal adorable.
J'avais l'âge du capitaine lors de la première lecture de cette BD

Joli plaidoyer !
Allez, tiens ! Je vais le relire.

Pour se convaincre un peu plus de la pertinence d'une relecture, quelques planches commentées par l'auteur sur le site de telerama :

http://www.telerama.fr/livre/bd-sailor-twain-de-mark-siegel-le-drame-des-sentiments-entre-une-sirene-et-un-capitaine,96770.php

Merci Fred,
et merci Superphane

Tous à vos sirènes!

Intéressant aussi de constater certaines similitudes graphiques (et narratives donc) entre Ardalen et Sailor Twain concernant l'enchevêtrement ou l'intrusion du monde sous-marin avec le monde d'en haut, même si les motivations sont quelque peu différentes.
Les algues et autres éléments marins, les poissons nageant-volant dans la cabine où se trouve Sud, tout aussi bien que dans la maison de Fidel.

On évite de comparer Sailor Twain et Ardalen...

Je l'ai relu ce week end et, tout pareil ou presque que Gagadinorux, lecture très agréable qui conforte la bonne impression de la première, une fin qui trouve mieux sa place même si tout n'est pas très clair dans mon esprit. Bref, on l'a peut-être mis de côté un peu vite. En tout cas moi....