Vita Obscura de Simon Schwartz

Vous entrez dans la lecture de ce livre comme vous entrez dans un cabinet de curiosité avec son lot de personnages connus ou inconnus tous plus étonnants les uns que les autres. Dans cette bande dessinée s’entrechoquent aussi bien les vies de mathématicien, d’aventurier, que d’imposteur ou même de résistant.

Simon Schwartz, auteur allemand, sort ici son troisième album. Petite encyclopédie de destins méconnus pour la plupart. 43 vies racontées chacune sur une page (certaines pages avec plusieurs personnages), au format à l’italienne avec un style graphique et une mise en page différente.
Schwartz mélange le collage (Le dernier samouraï - Onoda Hir), le dessin rétro avec un effet trame (Le monstre - Shin Sang-ok), peinture effet Pollock tie dye (Le trip - Ken Kesey) ce qui donne un relief, évite la répétition dans cet exercice et donne au lecteur la possibilité d’un nouvel univers à chaque page.


L’auteur distille avec intelligence et humour, au fil des pages, quelques vignettes et cartes à découper le « saviez-vous » ou « les têtes célèbres », ce qui rappelle les  vieux magazines pour enfant, tel « Le Journal de Mickey » ou « Pif Gadget » et dédramatise le côté encyclopédie de papa.

Un beau livre curieux, inventif et rempli d’humour, tant au niveau du contenu que de la mise en forme. Cependant ne pas le lire d’une traite sous peine d’une surabondance qui peut vite devenir indigeste.

C'est vrai que la mise en forme est particulièrement réussie, brillante, intelligente. Ce Schwartz est un sacré bon dessinateur et un graphiste hors pair.
Il reste cependant la question du contenu, et là, malgré l'étrange, le bizarre, et l'anecdotique rigolo, on reste dans une vision un peu wikipédesque des sujets traités, et ce type de développement succinct, ce n'est vraiment pas mon truc.

Je l'ai lu d'une traite et en aucun cas j'ai trouvé cela indigeste, la diversité des dessins ou des mises en formes font que ce n'est jamais redondant, on apprends pleins de petites choses et quand on regarde sur wikipédia, force est de constater que tout est vrai, bluffant ! Je trouve qu'il y a une vraie originalité dans le traitement et l'idée permets de découvrir en quelques cases tout plein de destinée assez surprenantes, la limite de l’exercice étant que lorsque l'on connait un peu l'une de ces fameuses personnalités, on trouve cela assez superficiel et limité (Cf Robert Johnson & Love in vain).

Ce n'est pas redondant du tout, je pense qu'il faut prendre le temps de le lire pour apprécier pleinement chaque histoire. C'est comme quand tu vas au festival du court-métrage, que tu te tapes 4 à 5 séances dans la journée et que le soir chez toi tu ne sais même plus ce que tu as vu le matin.

Merci Archi !
Pas d'indigestion malgré une lecture d'une traite, moi j'aime bien le côté encyclopédique surtout quand il est si bien illustré. Et d'autant plus lorsque les protagonistes, par delà les décennies, nous observent d'un oeil vif en couverture !

Très sympathique lecture, foisonnante et pleine de surprise qui gagne à être reprise en plusieurs fois, ne serait-ce que pour le plaisir de relire certaines pages, de butiner ça et là.
Évidemment, il ne faut pas y chercher une grande réflexion philosophique sur le sens de la vie mais le choix des personnages et le traitement de leurs vies orientent tout de même un peu l'ouvrage vers une expression du non sens de certaines vies et les aléas de la communication, de l'information et de l'éducation même.
Ce livre n'est pas si léger que ça.
Rien que pour la prouesse graphique, il mérite que l'on s'y attarde. Les contraintes que s'est fixé l'auteur sont magnifiquement exploitées (une seule page chacun, un style graphique différent et adapté à chaque fois).

En plus, j'ai l'impression d'avoir appris plein de choses, inutiles, certes, mais ça fait du bien.

La mise en forme est superbe, en particulier sur le côté graphique. Petit bémol : dans plusieurs cas, l'auteur a été obligé de numéroter les cases de planches fouillis où le lecteur ne pourrait s'y retrouver sans cette aide.

Concernant le contenu, par contre, j'ai trouvé cela décevant. On a du factuel, une collection d’anecdotes avec un intérêt finalement limité. Can cite Robert Johnson, que nous connaissons maintenant tous, comme exemple de compte-rendu limité. Mais même quand j'ignorais l'existence de la personne, j'ai trouvé cela superficiel et limité. Par exemple, je ne connaissais rien des frères siamois chinois immigrés aux États-Unis... Et maintenant ? Pas beaucoup plus !

Reste la forme, superbe, avec une très grande variété à chaque page. Plus que les vies méconnues, ce que je retiens c'est la créativité graphique à chaque page.

J'ai trouvé cette « encyclopédie du bizarre » très esthétique, même jusqu'à tourner les pages avec précaution …

Le format rectangulaire apporte au dessin, déjà précis, original et drôle, une certaine élégance qui rappelle les anciennes illustrations des livres d'histoire. Histoires de personnages à la chute souvent ironique...
J'ai surtout retenu Thomas Harvey qui a volé le cerveau d'Einstein et Joseph Pujol … le fameux pétomane français !!

Merci à Simon SCHWARTZ pour avoir fait place à ces grands personnages (et souvent incongrus !) et qui, pour la plupart, sont absents des dictionnaires !

Mais une fois de plus ... La forme domine le fond ... Oui, cette bd tient surtout par sa présentation graphique et le contenu n'est pas toujours véritablement adapté ; dommage !

Une lecture amusante sur le moment, mais au delà de l’approche anecdotique, que reste t - il ? pour moi, pas grand chose si ce n’est l’attrait pour les multiples formes graphiques utilisées , l’ exercice de style est indéniablement maîtrisé , et je regrette d’ailleurs que l’auteur ne se soit pas amusé à adapter la typo aux différents personnages et au contexte dans lequel ils évoluent, comme il l’a fait pour le titre et le dessin… petit détail, on nous parle de 43 personnages remarquables mais je n’en ai compté que 33 .

Manue a écrit:

on nous parle de 43 personnages remarquables mais je n’en ai compté que 33

Il y a, sur certaines histoires, plusieurs personnages (de tête je n'ai pas d'exemple).

Le fond de l'album, vous l'avez plus ou moins dit, c'est sa forme. Les personnages ne sont qu'un prétexte. Le livre est un époustouflant catalogue formel à partir d'un exercice contraint, et classique: la biographie en bande dessinée, passage incontournable des journaux pour enfants dans les années cinquante (tout le monde se rappelle les belles histoires de l'oncle paul ?).
Je ne crois pas que l'on trouvait un caractère fouillé à ces récits ; alors certes, wikipedia n'existait pas et ils avaient une dimension édifiante évidente. Ils constituaient surtout une porte d'entrée dans l'histoire, et appelaient à creuser ensuite, selon les intérêts... Un peu comme vita obscura, non ?

(exemple)

>>> http://danytrick.com/2013/11/georges-melies-premier-magicien-de-l-ecran/

Archi a écrit:

Manue a écrit:

on nous parle de 43 personnages remarquables mais je n’en ai compté que 33

Il y a, sur certaines histoires, plusieurs personnages (de tête je n'ai pas d'exemple).

tu as tout a fait raison, avec les frères siamois qui comptent double, les 8 souverains birmans, le tsarévitch Dimitri Ivanovitch avec ses sosies, et j'en passe , on est déjà à plus de 10, sorry   ...

Ah, je comprends maintenant pourquoi ça m'a toujours barbé les histoires de l'Oncle Paul…

une des meilleures séries de spirou, avec Jean Valhardi et Archie Cash ?

J'ai trouvé, comme vous tous le dessin de Schwartz magnifique.
Sur le fond et son côté, peut être anecdotique, je suis tout à fait d’accord avec Joco. Le choix des personnages, et l’absurdité de leur destin est-elle si anodine que ça?

Et puis « butiner ça et là », des savoirs inutiles et loufoques, juste pour le plaisir, ça à un côté sympa aussi!

On pourrait sans doute prendre du plaisir à retrouver l'exercice de Schwartz, chaque semaine, dans les pages d'un hebdo "culture rock". Seulement là, tout est livré d'un coup et l'on frise l'indigestion, d'autant qu'on a compris bien vite qu'il s'agissait chaque fois de modifier la forme en se préoccupant peu, finalement, des destins exposés. C'est chouette, d'accord, mais je n'ai pas réussi à aller jusqu'au bout... C'est le livre à laisser traîner sur la table du salon et à picorer petit à petit.
Les explorations graphiques de Schwartz m'ont rappelé celles de Katy Couprie, illustratrice et auteur, qui avec son complice Antonin Louchard a publié chez Thierry Magnier des imagiers formidables à mettre entre les mains de tous les enfants.

Un exercice de style en effet, avec une belle maîtrise de la mise en page et de l'illustration.

Parfait pour une diffusion hebdo ou mensuelle, mais peut-être moins en une seule BD.

De très belles trouvailles sur le découpage, Robert Johnson, Violet Jessop, D.B. Cooper et sur le graphisme en général.

Certaines histoires m'ont particulièrement accroché, Sarah Lockwood Pardee (Winchester) ou encore James Holman, ce voyageur aveugle et intrépide accompagné de son acolyte sourd!

Mais l'ensemble semble vraiment irrégulier, et certaines histoires sont trop condensées, trop étriquées ou anecdotiques pour vraiment capter l'attention.

Je suis preneur si quelqu'un parmi vous à d'autres cartes à collectionner dans la série "Les têtes célèbres".
Retenons aussi qu'il ne fait pas bon avoir des éléphants comme animaux domestiques (ai-je un risque avec mon chat?),
et que certaines vies sont assez invraisemblables et rocambolesques (les jumeaux siamois!).

Comme Manue, je trouve dommage la numérotation de certaines cases pour diriger le lecteur.
D'un point de vue du découpage, je pense que c'est un échec et une erreur!
Soit c'est incompréhensible, et donc raté, soit il faut faire confiance aux lecteurs!

gagadinorux a écrit:

Comme Manue, je trouve dommage la numérotation de certaines cases pour diriger le lecteur.
D'un point de vue du découpage, je pense que c'est un échec et une erreur!
Soit c'est incompréhensible, et donc raté, soit il faut faire confiance aux lecteurs!

C'est Eric qui en a très justement parlé, comme vous deux, cela m' a un peu dérangée, mais il me semble (Eraserhead pourra peut-être nous éclairer), que l'on trouve souvent cela dans les bd de la première moitié du XXème , Joost Swarte, (c'est plus tardif) que je découvre en ce moment, l'utilise souvent dans ces planches


Sinon , les chats c'est comme les éléphants , il faut s'en méfier, bien les nourrir et ne pas oublier de les caresser, cf Murderabilia

Oui, complètement... Dans Little Nemo par exemple, malgré une lecture très linéaire souvent.
Le procédé est conservé, plus rarement, dans des séries plus récentes, quand l'auteur se permet une pirouette de mise en page (et ça n'est pas très heureux je suis d'accord!), en numérotant, ou (pire ?) en utilisant des flèches.
Je pense que pour Schwartz il s'agit, comme pour Swarte, de s'inscrire dans une forme plus que de faciliter la lecture.

Oui, désolé Eric!

Tu as certainement raison eraserhead,
mais ceci-dit je ne suis pas complétement convaincu, car pour certaines planches, j'ai plus eu l'impression
qu'il avait construit son dessin de façon très graphique, en composant avec ses textes et ses images, et qu'il
s'était senti obligé de guider le lecteur pour une compréhension cohérente de sa planche.

J'ai beaucoup aimé cette Bd et cette successions de vies cachées. J'aime apprendre des choses inutiles - on a envie d'en savoir plus, on pourrait s'en servir comme amorce pour écrire une multitude de nouvelles.
Il y a une vraie recherche graphique, qui vient nourrir l'originalité de chacune des existences.
Je ne me suis pas ennuyée une minute.
Même si, comme chacun, j'ai parfois dû chercher quelle case suivre.
C'est ma lecture préférée de la sélection de mai.

Pour poursuivre notre petite réflexion sur le numérotage ou l'usage de la flèche...
En feuilletant quelques albums hier, je suis tombé sur deux exemples intéressants de l'usage de la flèche.





Pas très dynamique ? Echec ?