Vote de septembre 2011

Sélection avec de grands auteurs et de très beaux dessins mais qui est aussi très très hétérogène ! Quelle variété !
Je regrette, quand même, l'absence d'Ursula !

C'te sélection de OUF !!!
MERCI d'avance !!!

Joco a écrit:

Sélection avec de grands auteurs et de très beaux dessins mais qui est aussi très très hétérogène ! Quelle variété !
Je regrette, quand même, l'absence d'Ursula !

Dans un mois de Septembre où les sorties de haut vol ont défilés , pleins d'albums de belles qualités sont écartés , Ursula en effet mais aussi Doomboy dont Philippe nous a touché un mot , mais surtout Urban que je n'ai pas eu le temps de chroniquer malheureusement.

Enfin vu le niveau des sélectionnés mais surtout les affinités du jury , il aurait servi de faire valoir donc finalement tant pis qu'à moitié .

De beaux débats en perspective , qualité technique supérieure ou émotion de lecture , je sens que les discussions ne sont pas terminées

Ouaip, d'accord avec Can, Urban avait plus que largement sa place dans cette sélection

Fallait pondre la chronique

fred a écrit:

Fallait pondre la chronique

On essaiera de remédier à cela dans les semaines qui viennent et qui sait un rattrapage sera il toujours possible dans les prochaines sélections ...

Prem's !!!
Mon choix va se porter sur mon "coup de cœur" : 3" !!!
Je prime donc ce mois-ci l'originalité, la créativité et le culot !!!
Les autres titres n'ont rien à se reprocher, loin de là, avec le coloré et touchant Portugal, l'énigmatique Pour en finir avec le cinéma et le très sympathique Chimère(s) 1887 tome 1 !!!
Merci pour la variété de ces BD !!!

Encore une fois, une sélection à fort belle allure !
Et un album majeur qui va faire à n'en pas douter un bon bout de chemin et devenir rapidement je pense un classique. Outre le fait que Portugal offre une vraie alchimie entre texte et dessin, propos et intentions graphiques, on doit aussi tenir compte du réel choix politique de le publier en un seul volume épais et charnu pour un prix de vente largement inférieur à celui qu'aurait été la somme de plusieurs volumes.
Vous l'avez compris, le livre de Pedrosa obtient non seulement mon vote, mais dans l'état actuel de la liste des titres qui disputeront la finale, c'est celui que je voudrais voir aller au bout. Car je ne le vois pas ne pas obtenir un plébiscite ce mois-ci tant ses qualités sont multiples, tant l'émotion qu'il procure est grande, tant sa portée est universelle.
Dommage pour Marco Mathieu qui livre une nouvelle fois un essai brillant et réfléchi, mais la vague lusitanienne emporte tout sur son passage.

Je vote pour Portugal.
Et je tiens à dire que le MMA, que j'ai acheté ne m'enthousiasme pas plus que ça. J'admire l'exploit technique. Je suis époustouflé même... Cependant, la prouesse reste trop apparente à la lecture, comme si on ne voyait que ça. L'histoire ne parvient pas à me faire oublier la technique, la virtuosité, l'art de se dépêtre d'une contrainte formelle un peu folle . Je ne vois jamais chez Perec (que j'admire beaucoup) les contraintes mises en avant comme faire-valoir de l'oeuvre...Même si l'expérience est intéressante, je ne suis pas totalement convaincu et je préfère "le dessin" par exemple.

Mon cher Fred je te soutiens totalement et je partage ton enthousiasme pour Portugal
JE VOTE POUR PORTUGAL, PORTUGAL, PORTUGAL ... (cela fait 3 si je compte bien !)
Et je poste ma chronique en guise d'explication ...
Le livre de Pedrosa est assurément un futur classique … c’est déjà un immense ouvrage.
L’émotion traverse le livre d’un bout à l’autre. Soutenue par un dessin fluide, léger et profond à la fois (cela donne une vraie consistance aux personnages) et une utilisation des couleurs toujours en harmonie avec le déroulement de l’histoire. l’atmosphère graphique de la BD est magnifique.
On ressent le Portugal, son atmosphère, sa chaleur, ses couleurs, l’animation de ses rues, la ferveur de ses habitants …
Pedrosa réussit même à rendre quelque chose de rare dans la bd : l’ambiance sonore.
En refusant de traduire les dialogues (certains ont trouvé cela chiant …) Il fait du lecteur le complice parfait de SIMON, nous sommes comme lui plonger dans un univers nouveau et inconnu, comme lui nous sommes un peu perdu.
Quand on enlève un sens aux hommes, ils développent davantage les autres, Simon ne peut pas « entendre » alors il regarde, il observe les gens et les lieux. Son regard est si perspicace qu’il capte l’essentiel ( et nous avec lui ) Simon est un dessinateur donc un observateur et son talent va lui permettre de comprendre et de communiquer / Très belle mise en perspective de son métier !

Portugal offre un regard original et rare dans la BD sur la relation amoureuse et la vie en couple / la décision de devenir propriétaire comme signe fort d’engagement dont Simon ne peut se décider à assumer.
La scène de rupture du couple est absolument bouleversante : La planche 91 synthétise tout le talent de conteur et la magie du dessin de Pedrosa. Le visage de Simon nous transporte dans ses interrogations, ses doutes et son profond désarroi …
La planche se termine ; Claire, seule sous la pluie, comme dans les films de Chaplin … Difficile de ne pas être ému.

Pedrosa, après un tel temps fort, maintient le cap de l’émotion avec une facilité déconcertante.
Que ce soit dans les scènes de voyages ( en bus :seul ou en voiture : avec son père ou sa famille), le mariage et tous ces événements, les fiestas portugaises, la rencontre avec sa famille portugaise, le retour à la maison de son grand père, la découverte de son passé, du parcours de son grand père et de son père …
Quelle cohérence, quelle maîtrise pour nous conter au plus près cette quête d’identité …
Je reste admiratif devant un tel talent.

Pedrosa nous fait toucher le cœur de la mélancolie.
Au Portugal seul le FADO avait su rendre cette émotion, PEDROSA nous donne la vision graphique du sentiment de SAUDADE- « une mélancolie sans la tristesse ».
Cette « BD FADO » c’est la mélancolie du bonheur.

3'', Une prouesse technique ?
Portugal, un futur classique ?

J'aimerais être un tout petit peu plus enthousiaste sur cet album, qui le mérite, et moins sur 3'', qui a des défauts (une bd dont l'histoire n'a aucun intérêt, et apparemment des erreurs scientifiques). Sauf qu'en reposant 3'', je me suis dit que je n'avais jamais lu ce genre de truc, et que ça participait fortement de l'histoire de la bande dessinée, alors que Pedrosa (je ne l'ai pas encore reposé) c'est sans doute un futur classique, sans rien de novateur, quelque chose qui aura sa place comme "un des meilleurs"... Dans cette expression, c'est le "un des" qui me gène. La bande dessinée de M.A.Mathieu n'est en aucun cas "l'un des", elle est unique.
J'ai toujours du mal à choisir entre quelque chose de novateur, de courageux, qui pousse le média dans ses retranchements, et ce malgré une histoire sans grand intérêt, et quelque chose de brillant, de parfait, mais de classique. (loin de moi l'idée que l'album de Pedrosa ne serait pas courageux).

C'est ça, qui m'embête, c'est qu'il va falloir choisir, et que je sens que je vais choisir 3'', et que je m'en mords déjà les doigts.

Mais, Eraserhead, tu n'es pas là pour distribuer les bons points ou mettre des notes d'intention !
Tu n'as l'air bouleversé par 3" que du point de vue intentionnel, par l'idée de départ et la prouesse de son développement. Ta chronique est certes très réussie, mais tu te mets délibérément dans la position d'intellectualiser ton ressenti (à la manière de MAM ?) Jamais tu ne parles de ton plaisir simple de lecteur. La manière dont Pedrosa utilise la bande dessinée en tant que moyen d'expression littéral, c'est-à-dire expliquer les sentiments d'un personnage par un trait, une bulle, une couleur, est aussi une performance technique. Oublions si tu le veux bien le thème (bien qu'il participe à l'universalité de l'œuvre). Fais comme Tue-Loup, mets de la tripe dans ta lecture, ton opinion, et fais l'effort de poser ton cerveau un instant, juste un instant.

je suis d'accord, entièrement ! (mais ça va être dur !)

Lâche-toi eraserhead !!!

ça va faire mal !!

Portugal !

Chimère 1887, c'est mignon, c'est sympa mais bon on est pas dans la même catégorie quand même.

Pour en finir avec le cinéma de Blutch, la maestria graphique et narrative n'est pas à remettre pas en cause, mais bon, il parle aux siens et je n'en suis pas.

3'', un exploit technique indéniable mais ça ne sera pas suffisant pour qu'il emporte mon vote cette fois. Et puis il manque quand même pas mal de pages (environ 418 je crois mais ça n'est qu'une estimation bien entendu).

Portugal, c'est le titre de tous les français, et des portugais aussi !!! enfin ça touche à l'universel !

le détail du pourquoi est dans mes commentaires sur chaque album.

c'est l'après-midi.
je suis presque en avance pour voter.
tranquille.
une dernière lecture des messages déjà postés.
un tour d'horizon de mes sensations de lecture.
et me voilà.
Portugal : chronique d'un sacre annoncé...
que je dénonce aussitôt. Pas d’ambigüité ni hésitation pour moi ce mois-ci.
Un match entre 3'' et Portugal. Non, vraiment pas.
Car ma lecture de Portugal m'a laissé très loin de la satisfaction.
Pourtant le thème a tout du thème parfait. Qui n'est pas portugais ? Ah non, je voulais dire qui n'a pas un aïeul venant d'une contrée étrangère dont les sonorités résonnent encore à nos oreilles.
Pour moi ce n'est pas le même pays bien sûr mais ce n'est pas cela qui pose problème car je garde un souvenir très agréable de vacances au Portugal. En plus dans cet album, les portugais sont gais gentils, connaissent la vrai valeur des choses. Des sages je vous dit. Eux ils ont tout compris. Alors lâchons tous nos vies sans plus de réflexion et allons tout retrouver goût à la création là-bas. Tout est neuf et tout est sauvage... mais je m'égare. Du Portugal, donc, il n'y a pas grand-chose dans cet album. Ah si, un peu de folklore pas traduit (pour faire branché ?).
Et puisque je me fais véritablement l'avocat du diable, je me dis qu'au-delà de cela, la principale faillite de cet album est d'être un bon journal de bord - carnet de voyage mais qu'il manque au mieux le recul artistique sur cette expérience, au pire une générosité l'universalisant un peu et nous y offrant une place.
Avocat du diable je vous disais. Il faut dire qu'il y en a déjà plusieurs d'entre vous qui ont fait dans le dithyrambe. Mais ce qui paraît évident pour certains est loin de l'être pour d'autres.
De hautes luttes s'annoncent.
Je l'espère.

En tout cas, Portugal est mon troisième.

Le dernier c'est chimères. Il m'a laissé un goût bizarre en tête. Est-ce un début sympa de série ou une tentative plus malsaine qu'originale ?

Le deuxième, c'est Blutch. Et s'il avait trouvé le ton juste avant la dernière histoire, il aurait même pu se hisser plus haut...

Et le récepteur de ma voix est donc 3''. Je ne suis pas d'accord pour parler de seule prouesse technique. On a fait le même procès à Raymond Roussel (dans un autre domaine et une autre dimension) mais il n'en est pas moins un des plus grands auteurs du XXème siècle pour qui fait l'effort de se plonger dans son univers. Le seul point commun avec Marc-Antoine Mathieu : le vertige. Car s'il n'y avait là qu'un bel exercice technique, on refermerait vite l'ouvrage. Mais une fois de plus, il y a une virtuosité au service de composition surprenante. J'aime être surpris en tant que lecteur. Être bougé. C'est pour cela que j'avais voté Mambo. Car j'ai peur que la bd ne devienne trop propre, trop plan-plan. Blackbird m'a aussi redonné espoir. Portugal, non. Déjà un classique ? Alors faisons en sorte qu'il ne le soit jamais diraient les dada. Quel dommage que ces derniers n'aient pas pu s'emparer de cet art d'ailleurs ? Les dadaïstes sont arrivés juste après Roussel, comme une conséquence non évidente. Marc-Antoine Mathieu est là et bien là. Qui viendra après lui pour détricoter tout ce qu'il tricote si bien ?

un après-midi tranquille je vous le disais...

Chimères 1887 : BD très plaisante à lire mais qui n'a pas l'envergure d'un shériff.

Pour en finir avec le cinéma : je n'ai pas aimé, Blutch n'est vraiment pas fait pour moi.

Deux livres se détachent du lot : 3" et Portugal. Le choix a été difficile car Marc-Antoine Mathieu et Pedrosa ont tous les deux fait un travail remarquable. 3" est époustouflant, un travail minutieux où chaque case regorge de détails, et en plus il y a une vraie histoire qui se déroule en 3", c'est très fort !

Mais mon vote ira pour Portugal car Pedrosa a su nous toucher avec une histoire aux tons justes, ou beaucoup de personnes peuvent se retrouver dans ces personnages. Son travail est remarquable par le choix des traits, des couleurs qui savent si bien retranscrire les émotions de ses personnages. Un grand bravo à Pedrosa ainsi qu'à Dupuis qui a fait l'effort de sortir ce magnifique album à un petit prix(/ au nombre de pages!).

Cher Stefan,
Aucun procès n'est fait à Marc-Antoine Mathieu, me semble-t-il...
Le parallèle que tu fais avec Roussel est très discutable. L'oeuvre de Raymond Roussel est extrêmement complexe et hermétique, il en a lui-même livré certaines clés qui permettent au lecteur d'être accompagné. Rien de tout cela chez Marc-Antoine Mathieu. La règle du jeu est simple, expliquée par l'éditeur (!) et même si l'exercice est admirablement maîtrisé de bout en bout et la proposition intéressante, le résultat en terme de narration me laisse vraiment sur ma faim. Ce qui intéresse manifestement MAM dans son livre, c'est de mettre an avant ses extraordinaires capacités à produire une suite d'images (une réussite - mais ses précédents opus nous avaient déjà convaincus). L' "histoire" est alors un peu négligée. Pure réflexion formelle. Le "fond" de cet album, c'est sa forme.
Par ailleurs, les contraintes exploitées par les écrivains de L'OuLiPo (Perec était d'ailleurs grand fan de Roussel) permettent souvent des audaces narratives qui ne mettent jamais en avant (elles ne sont d'ailleurs pas annoncées dans les romans) les règles que s'imposent les auteurs. Qui pourrait se douter des multiples contraintes réglant "la vie mode d'emploi" ?

Quant à Portugal, Je ne le prends pas pour un chef d’œuvre et d'autres livres lus cette année m'ont plus touché. Cependant ta lecture du livre m'interroge : je ne vois rien de folklorique dans le livre, aucun idéalisme (où lis-tu que Pedrosa montre "tous les portugais" comme des gens "gentils" ?), aucune invitation à visiter des contrées voisines pour retrouver le goût à la création et vraiment rien d'un carnet de voyage (on y apprend rien du Portugal, tu le dis toi-même)... Je comprends bien, en revanche, ton goût pour les compositions surprenantes (et je le partage), mais en terme de composition justement (et d'audace, de contenu...), l'hydrie me semblait bien supérieur à Mambo.

Je pensais avoir pris suffisamment de précaution pour que l'on comprenne que c'était un parallèle lointain.
Au temps pour moi.
Je le clos en précisant que pour moi elle (la création selon Roussel) n'a rien d'hermétique. Je ne vois les références et processus que je ne comprends pas que comme de formidables occasions de les explorer...

Par contre je trouve ta remarque sur l'Oulipo très juste.

Pour moi lire des pages écrites en portugais, c'est tout de suite folklorique (hermétique même si je me permettais cette petite provocation en référence à Roussel, ah non, j'ai dit que cela était clos...).
Quand je dis que je sens tous les portugais gentils dans ce livre, j'essaie de traduire mon sentiment pendant la lecture. Mais ce jugement dépasse peut-être l'ouvrage lui-même et s'attaque plus au parti pris narratif. Partir sans ce retourner en laissant penser que ce que l'on a abandonné est bien inférieur (moins pur finalement au sens de moins fondamentale) à ce que l'on trouve ensuite. Alors que ce qui nous est présenté comme une réalité n'est en fait qu'un regard sur la réalité. Et l'absence de regard, de recul de la narration me pose alors problème. Il ne nous donne pas à réfléchir sur ce qu'il a vécu, juste à le constater.

Je réaffirme mon besoin (envie) de surprise. Besoin qu'un ouvrage me déplace...

Pas possible de voter pour l'hydrie quand j'espérais tant après Fabrica.
Je ne dirais pas supérieur en comparant l'hydrie et Mambo. J'ai l'impression que Presl est plus avancé dans sa recherche que Braud. Mais j'ai envie de donner un crédit à cette dernière. Participer à ce jury, c'est aussi faire des paris sur, non ?

stefan a écrit:

Ah si, un peu de folklore pas traduit (pour faire branché ?).

Cher Stefan, tu as tout à fait le droit de préférer et de voter MAM, mais là, franchement j'ai du mal à suivre ton "argument"

Je crois en effet que ce mois-ci nous réserve une opposition cerveau - tripes

fred a écrit:

Je crois en effet que ce mois-ci nous réserve une opposition cerveau - tripes

encore !?!
relativisons : je pense quand même que Portugal peut s'adresser au cerveau...

par contre, pour ce qui est de préférer, c'est ce que je disais : ce mois-ci, trop difficile pour l'instant de préférer, pas moyen de départager, tellement ces deux livres sont riches, et différents quant à leurs richesses.
La question est lequel choisir pour mettre au vote en fin d'année, et là, il y a quand même fort à parier que Portugal ait plus de chances, pour l'instant, que 3''.

Donc, tactiquement, il serait plus judicieux, puisque sur l'année, Portugal n'est pas, pour l'instant, mon préféré, que je ne vote pas pour lui. Après, ça ne changera pas grand'chose, et il serait peut-être réconfortant de me ranger à l'avis général... sachant que je n'ai rien contre cet album, au contraire.

aaargh !
peut-être le blutch finalement...

Perso, je ne pense même pas au Shériff de l'Année en votant chaque mois, laissant uniquement le plaisir du moment diriger mon choix... La relecture des différents Shériffs et des impressions de chacun feront le reste pour le vote ultime... et la grande messe finale !!!
Ce mois-ci, j'ai préféré privilégier un titre hors norme au dépens d'un titre "plus" populaire !!!