Vote de l'été 2016

Can : C'était pour dire que pour moi, Décris-Ravage n'apporte rien au Shériff, au contraire.
En fait, je posais juste la question, pour susciter le débat peut être car je ne trouve pas cette sélection homogène et c'est tant mieux. De plus, il me semble que chacun à sa réponse et que nous sommes tous d'accord pour ne pas être d'accord.

Concernant ce que decris-ravage apporte au shériff, surtout cette annee, je n'ajouterai rien au message de gaga qui precede le tien et qui y répond parfaitement.

Convaincre que le port, ou la forêt, soient de très bons albums de bande dessinée, ça n'est pas difficile. C'est acquis en quelque sorte, reste à s'entendre sur 'tres bon'. En revanche, pour decris-ravage, comme c'était le cas pour blexbolex, il faut déjà assurer qu'il s'agit de bande dessinée : ça pousse le genre dans ses retranchements, et c'est une belle mission du jury, me semble-t-il, de promouvoir la bande dessinée sous toutes ses formes, surtout sous celles qui sont le moins évidentes.

Je vois que les arguments pour le "port des marins perdus" sont de plus en plus fort. Voir la page chronique: "il y a des putes quand mêmes..."
J'espère que l'on ne va pas aller jusqu'à l'offensive sur Panthère et sa perversion fantasmée par certains membres du jury.

Si on part dans le choquant, il faut relire la p62 et 63 de "décris-ravage". Je cite "Le plus choquant c'est que je ne me souviens pas de discussions sur ce sujet"
Aller on exploite et on déporte pendant 50 ans. "Et ça on l'a refoulé hors de nos consciences". Trois pages sur 72 sur le véritable problème. C'est un peu réducteur!

Et oui j'utilise une émotion personnelle pour vous convaincre. J'avoue être beaucoup plus choqué par la violence de ces propos que par le pseudo pyjama de papa. Au fait, il y avait surement des enfants dans les maisons et aussi dans les champs pour ramasser les oranges. J'extrapole un peu. J'utilise la fibre enfantine pour exporter mon propos.

Il est possible de retourner mon argumentation pour défendre cette œuvre. Le voir de manière constructive.

Ne pas oublier: il y avait peut-être des enfants dans ces maisons.

Igor13 a écrit:

J'espère que l'on ne va pas aller jusqu'à l'offensive sur Panthère et sa perversion fantasmée par certains membres du jury.

Je ne peux pas te laisser dire ça Igor, je n'ai pas le sentiment qu'il s'agissait d'une offensive sur Panthère, mais bien d'exprimer une vision, une interprétation de certains membres du jury, dont je faisais partie,qui est tout aussi défendable qu'une autre. En aucun cas cette perversion était fantasmée , je parle en mon nom, bien sûr, mais je doute que d'autres membres du jury valident ton propos !!! ce serait prendre d'horribles désirs pour une réalité qui ne peut en être une. Je n'ai éprouvé aucun désir, plaisir à avoir cette vision, elle m'a horrifiée, physiquement retournée, et c'est ce qui fait de Panthère une oeuvre remarquable et admirable ( qui trône d'ailleurs dans ma bibliothèque ) car elle est centrée sur l'ambiguité des interprétations possibles . Et pour remettre les choses dans leur contexte, c'est important le contexte, il s'agissait aussi de défendre l'incontournable 'Sens' de Marc Antoine Mathieu.

Pour en revenir à Décris-Ravage, ce n'est pas parce que l'on met en évidence un propos qu'on le cautionne...
et cela montre qu' il n'est jamais trop tard pour un être humain, ou un groupe d'humains, de sortir du déni ...

Igor13 a écrit:

J'espère que l'on ne va pas aller jusqu'à l'offensive sur Panthère et sa perversion fantasmée par certains membres du jury.

Fantasmée? S'il n'est question que d'une histoire de "panthère rose" dans Panthère, le livre tombe à plat! (quoi qu'en dise son auteur).
C'est toute l’ambiguïté du récit, sans jamais expliquer, tout en sous-entendus qui lui donne une force énorme.

Les pages de l'anniversaire de Christine avec les habitants de Panthésia sont pour moi sans appel.

Pour Décris-Ravage, c'est bien de cela dont il s'agit, s'interroger, se remettre en question, écouter les témoignages, leur donner un sens, rechercher l'Histoire, les histoires, essayer de défricher les différents récits (encore la guerre des récits) et non pas de prendre parti, mais bien d'essayer de comprendre (ni excuser, ni revendiquer).

Je ne comprends pas bien ta comparaison.

Postés en même temps et sur la même indignation!

Contente de ne pas être seule, merci Gaga

Ok, j'y vais un peu fort.
Je suis juste interloqué par les réactions face au sexe et la non réaction face à l'horreur du déni de colonisation.

"Reste la volonté de comprendre. Or démêler puis refaire le nœud de “ce qui a bien pu se passer pour qu’on en arrive là” exige de la patience. Dans le cas du conflit israélo-palestinien, le nœud est gros de plus de cent ans. Il faut à chaque étape du travail, pas seulement en public, mais aussi entre nous et face aux personnes qui nous livrent courageusement leur témoignage, éviter les mots qui agacent, éviter les termes qui découragent, les ironies qui sèment la confusion, les raccourcis qui tendent au lieu de délier. Après vingt ans d’indignation virulente, j’ai dû trouver autre chose."
Adeline Rosenstein

Décrire l'histoire pour comprendre le présent. Traiter du déni de colonisation en quatre pages. Pour moi c'est un déni de compréhension.
Je ne souhaite pas participer à ce déni.

Mince, je suis tout seul de mon côté.

Oui, parce que tu te fourvoies :

Citation :

Pour en revenir à Décris-Ravage, ce n'est pas parce que l'on met en évidence un propos qu'on le cautionne...

En plus, je trouve les pages que tu cites claires sur la question de la mémoire de l'événement, sur comment ça s'est passé, comment le peuple palestinien a été mis hors champ. Ce sont les souvenirs, lointains, et sans doute mensongers, d'un vieil homme (ne vois pas de justification dans mon qualificatif, ni d'envie de le dédouaner de quoi que ce soit).
"J'etais complètement irresponsable" .p60
"... Se demander comment il est possible qu'on ait pas parlé de ça" p.64
"On ne vous avait pas dit qu'il y aurait quelque chose comme des habitants en Palestine ?" p.59
(Tu reconnaîtras que le 'quelque chose' est efficace pour nous faire comprendre le jugement de l'auteur)

mois magnifique

FOURVOYER: c'est exactement mon sentiment.

Citation :

En plus, je trouve les pages que tu cites claires sur la question de la mémoire de l'événement, sur comment ça s'est passé, comment le peuple palestinien a été mis hors champ. Ce sont les souvenirs, lointains, et sans doute mensongers, d'un vieil homme (ne vois pas de justification dans mon qualificatif, ni d'envie de le dédouaner de quoi que ce soit).
"J'etais complètement irresponsable" .p60
"... Se demander comment il est possible qu'on ait pas parlé de ça" p.64
"On ne vous avait pas dit qu'il y aurait quelque chose comme des habitants en Palestine ?" p.59
(Tu reconnaîtras que le 'quelque chose' est efficace pour nous faire comprendre le jugement de l'auteur)

Je l'ai dit un peu plus haut. Mon argumentation peut être utilisée positivement ou négativement. Et ton point de vue pourrait me convaincre.
Je le trouve édulcoré par le reste. Je penche du côté obscur c'est tout!
Je suis désolé mais ce déni provoque tellement de malheur. Je n'arrive pas à comprendre que la communication autour de se sujet se fourvoie à ce point.

Igor13 a écrit:

Traiter du déni de colonisation en quatre pages. Pour moi c'est un déni de compréhension.
Je ne souhaite pas participer à ce déni.

je trouve ton propos paradoxal et insultant pour le travail des auteurs qui est l'inverse d'un déni de compréhension.
La question n'est pas traitée uniquement sur quatre pages. On montre la colonisation des occidentaux, les massacres perpétrés, on termine sur un texte d'un auteur arabe qui témoigne encore une fois des horreurs commises, et sa traduction/interprétation par 3 autres auteurs d'origine arabe... et tu appelles ça un déni de compréhension ... il me semble que c'est toi qui est en plein dedans, car tu es campé sur une position et un a priori quant aux intentions de l'auteure; entendons nous bien, je respecte tout à fait ton attitude, même si elle diffère de la mienne mais je pense que tu te trompes et j'arrête là le débat (et merci pour le compliment ;-)

Je ne prête pas d'intention, comme si il y avait un complot! Sinon je me transforme en Zemmour (instruction à charge) ou Yann Moix (campe sur son point de vue).

Ce qui explique le propos paradoxal. Le fait que je penche du côté obscur ne remet pas en cause les qualités intrinsèques de la performance (au sens artistique).


Flower power!

Excuse moi Igor de ne pas te soutenir mieux. D'une part je ne comprends pas grand chose à vos échanges (mais le sujet ne m'intéresse pas donc je ne fais pas d'effort) et d'autre part je pense que s'opposer sur le fond n'avancera à rien car là n'est pas le problème (et de toute façon, vous ne serez jamais d'accord...) avec ce livre qui, avant tout, ne fonctionne pas sur la forme (enfin de mon point de vue).

J'ai voté aussi pour Décris-ravage.
Comme cela a été souligné, expliqué et justifié, l'ambition de ce livre, le travail sur la forme, sur l'énonciation, la mise en place d'un chantier de réflexion, le choix d'un angle à la fois pluraliste et original, font de ce livre - malgré le fait un peu gênant qu'il s'agisse seulement d'un premier volet - le plus puissant de la sélection, celui qui donne le plus envie d'être relu, revu, et appréhendé à sa juste valeur.
Les trois autres sont de valeureux concurrents, mais n'atteignent pas la dimension artistique de Décris-ravage.

Les lectures, par l'intensité, le temps et la force qu'on leur accorde mais aussi les contraintes émotionnelles et logistiques qu'on leur fait subir, peuvent varier et influer fortement sur le (les) choix que nous sommes amené à faire, ça fait partie de nos responsabilités de jury et c'est un devoir bien plus complexe qu'il n'y paraît et cela va au delà du simple fait de lire une BD.

Alors, sur cette sélection assez hétérogène, j'ai passé beaucoup de temps sur "Weegee", trois lectures assez denses et détaillées pour en saisir tous le sens et les détails car ce livre en recèle, peut-être le moins bavard de la sélection mais qui offre aussi différents niveaux d'appréhension, tant du personnage que de l’époque qu'il relate. Une vraie réussite en cela.
Ensuite, j'ai passé une belle après-midi de fin d'été en compagnie de Dumontheuil qui offre une belle adaptation du roman de Paasilinna, sympathique moment de lecture mais pas transcendant non plus, un air de déjà lu.
Ma lecture du "Port des marins perdus" fût quand à elle, plus saccadée. C'est un livre très dense auquel il faut savoir donner de son temps (merci encore Gaga pour le prêt), une lecture qui alterne les haut et les bas, portée à la fois par le souffle romanesque mais aussi plombée par une édition pas vraiment à la hauteur et un ton parfois un peu naïf et simpliste.
Enfin, Décris-Ravage, lecture express pour ma part et pas vraiment digne d'un membre du jury, pourtant j'ai vu dans cette œuvre, intérêts et ambitions dans la démarche, force et originalité dans la narration. Plein de choses m'ont néanmoins échappées et je reste sur ma faim sur le (les) messages délivrés par les auteurs.

Alors, n'ayant pas accordé une considération et un temps équitable à l'ensemble des livres, je serai tenté de voter "blanc" ce mois ci, mais finalement, je me dis qu'au delà de ça, la capacité qu'a un livre à nous passionner, nous intéresser influe sur tout ce que l'on veut bien lui accorder, et dans un devoir aussi un peu de neutralité dans le mano à mano qui semble s'immiscer entre Décris Ravages et le port, je fais le choix de Weegee qui mérite un bien meilleur sort que celui qui lui est actuellement accordé.

Je reconnais enfin que Décris-Ravage offre une alternative certainement plus intéressante dans la participation à une sélection finale.

Weegee m'a intéressé pour le côté irrévérencieux du personnage qui construit ces images alors qu'on vit dans le mythe du journaliste neutre.

La forêt des renards pendus a été une lecture très agréable, mais je ne pense pas qu'il y a matière à y revenir plus tard.

Décris-ravage est très intéressant et je regrette de n'avoir eu le temps de le relire. Je suis encore trop loin de sa compréhension pour voter pour lui. Expérimentation et audace, sont importantes. Mais je ne distingue pas encore ici l'arrivée -et la réussite- de l’expérimentation.

La port des marins perdus, malgré son trop petit format est un réussite narrative dont la poésie invite à revenir. C'est mon choix du mois.

Pour une fois, j'ai eu le temps matériel de lire plusieurs fois chaque livre et aucun ne démérite, ce qui n'a pas toujours été le cas ces derniers temps.
la Forêt des Renards a l'immense qualité de remplir parfaitement son objectif, il est rythmé, efficace, incroyablement drôle et absurde !
Weegee dresse un portrait très réussi d'un homme, la photographie d'un lieu, d'une époque et même d'une société et en cela, il rempli également pleinement ses ambition à mon avis.
Le Port des Marins perdus peut être rangé à coté des grands récits d'aventure sans démériter malgré une édition absolument lamentable (espérons rapidement une nouvelle version).
Reste à présent Décris-Ravage, que j'ai du lire trois fois, dont une dernière aujourd'hui même au regard de vos analyses. Ce livre fait preuve d'une ambition rare. Baladi réussi extrêmement bien la mise en image des extraits de texte, des témoignages de chacune des différentes composantes du livre : c'est clair et c'est équilibré. Il va même falloir le relire encore, sans doute pour la finale annuelle.

J'ai encore du me tromper de lieu pour déposer mes commentaires, donc je fais une copie ... toutes mes excuses.


Moi, j'aime bien le vote tardif, cela mets un peu d'enjeu et cela ne veut pas dire qu'on a pas suivi le forum ...
Un peu à la bourre dans mes lectures, mais pas vraiment pour les même raisons que CAN... J'ai du lire Décris-Ravage en PDF, et franchement si c'est hyper pratique et très fonctionnel, j'avoue que j'ai du mal, je suis tjs un peu perdu.
Le livre me manque, mais pas seulement comme objet à ranger dans ma bibliothèque, mais vraiment physiquement
( charnellement devrais-je dire ...)
Quand je vois mes enfants qui lissent avec une alternance éblouissante sur les deux supports (la BD ou l'Ordi )...je me dis que je suis vraiment un vieux con !
Si vous m'entendais dire:"c'était mieux avant" foutez moi dehors !!!

J'avais parlé d'une sélection homogène, j'ai été repris par Joco... il a tout à fait raison, je me suis très mal exprimer. En faite la sélection n'est pas homogène mais j'ai bien aimé les 4 livres, je trouve qu'ils sont (malgré des défauts ) de bon niveau, et cette année, cela a été plutôt rare !

Deux livres se détachent, deux livres que tout oppose ...deux livres avec d'immenses qualités mais avec également des lacunes et des défauts vraiment rédhibitoires pour en faire des Sheriff d'OR, mais on en reparlera plus tard ...

Les marins perdus et pendus (il a vraiment aucun sens de l'humour ce Gaga !!!) le dessin est juste sublime, tout au crayon pendant 400 pages avec une cohérence impressionnante. c'est remarquable, Chapeau l'artiste (ou l'artisan ?)
Après l'histoire ... comment dire, on passe un très bon moment mais je suis pas plus fan que cela !

Décris-ravage est un livre ambitieux, le sujet est fort, mais je ne vois pas en quoi c'est innovant ... certes ce n'est pas "grand public" mais ce n'est pas pour autant innovant. Le travail graphique et éditorial de l'Association nous propose régulièrement et depuis de nombreuses années des approches de la bd qui ont grandement défriché le terrain ( et d'autres maisons d'éditions ...)
Un livre qui devrait prolonger le débat ?
Je vote pour lui avec certaines réserves ...

j'ai finalement voté, hier, pour Décris-ravage, portée par vos arguments et poussée par une envie de bousculer un peu le confort de lecture. Ce qui m'amène à penser que mes ( nos ?) votes dépendent vraiment de l'humeur du moment, même si l'on essaye au mieux de rester objectif...
Le port des marins perdus reste un excellent livre à recommander à quiconque rêve d'évasion, pour son travail à quatre mains précis et sans accroc.

exactement comme Fred... (J'ai voté pour decris-ravage)

Je vote Décris-ravage, pour sa ressource à toujours nous étonner dans la mise en page. Pour m'avoir fait réfléchir sans me prendre la tête avec un sujet qui me parait complexe. Vos discutions m'ont beaucoup éclairées.

Le port des marins perdus est un magnifique album d'aventure où j'ai passé un des meilleurs moment de lecture de cette année. Une bande dessinée poétique, rythmée. Petit point noir, le format ne rend pas justice à cette œuvre.

Weegee n'as pas les épaules pour le Shériff.

La forêt des renards est un superbe album plein d'humour qui j'espère et je pense fera sa route.

Depuis le début de l'année, je pense que c'est une des meilleures sélection.