GAUGUIN L'AUTRE MONDE de Fabrizio Dori

Les étalages de nos libraires préférés sont très souvent encombrer de BD Bibliographique en tout genre : qui la vie d’un écrivain, d’un homme politique, des grands personnages historique, d’un musicien, d’un peintre…

Le lien graphique expliquant peut-être cette tendance mais les ouvrages sur les peintres sont multiples, laissant même l’impression que les grandes maisons d’édition se concurrencent pour sortir leur collection de BD sur la peinture.
Celle-ci se distingue le plus souvent par un travail des plus académique, comme la mise en image d’une bibliographique wikipédienne …
Les dessinateurs semblant répondre à une commande restrictive à une simple illustration de différents épisodes historiques et personnels de la vie du peintre. Au final rien de bien passionnant …

Il y a bien quelques exceptions comme le remarquable travail de Clément Oubrerie & Julie Birmant avec PABLO, ou celui plus classique de Manara sur LE CARAVAGE.

Plus intéressant, ce sont les cartes blanches qui ont été confié à des dessinateurs reconnus (Marc-Antoine Mathieu, Manuel Fior, Davodeau, De Crecy …) par les collections du musée du Louvre et d’Orsay. Les auteurs s’emparent d’un univers à travers leur propre style. Le résultat dépasse le stade de l’hommage poli et de la restitution chronologique pour le plus grand bonheur du lecteur.



Je ne sais pas si ce jeune dessinateur Italien FABRIZIO DORI a eu carte blanche, ni s’il s’agit d’un travail de commande des éditions Sarbacane, mais si je l’ai proposé à notre jury, c’est que je pense que « GAUGUIN L’AUTRE MONDE »dépasse de très loin la simple « bibliographie mise en BD »




La première accroche s’est faite avec la couverture.
Je la trouve extrêmement belle et très réussie malgré sa densité.
Nous sommes happé par le foisonnement de couleurs et par ces deux êtres que la nature semble séparer. Proche et loin à la fois.
L’omniprésence de la nature dégage également du mystère et de l’immatériel

En attendant la suite de cette chronique, je vous laisse avec le merveilleux tableau MANAO TUPAPAU de Gauguin ...

On essaiera de se souvenir de quelques belles séquences, plutôt que des parties 'europeennes' où l'insupportable besoin de faire figurer des 'noms' gâche lamentablement la lecture.

Au cours de la rencontre de ce samedi, Alvaro Ortiz m'a confié qu'il venait de terminer un petit fascicule (24 pages) sur Le Caravage pour une expo qui aura lieu en Espagne. Ce n'est pas un hasard, il parle déjà de ce peintre dans "Rituels". Ça ne sortira probablement pas en France, dommage !

J'ai apprécié la différence de traitement entre les parties européennes et celles relatant la vie de Gauguin dans "l'autre monde". Les premières sont construites classiquement, aussi bien pour le choix des couleurs que pour le graphisme, mais aussi pour le bla-bla biographique. On pourrait trouver des planches de ce style dans plein de BD relatant consciencieusement la vie d'un artiste. Elles entrent, de ce fait, de plein fouet avec les séquences à Tahiti ; elles participent au contraste. Je trouve ça réussi.
Ce livre est envoûtant. Le travail de Dori sur les couleurs, les formes, est une grande réussite !

Je ne suis pas fan de ce genre. Les biographies n'apportent pas souvent un plus qui permettrait une lecture intéressante du livre. Trop de contraintes pour coller à la vie du personnage, peu de possibilité d'interprétation et encore moins de fantaisie dans le traitement pour ne pas trahir la réalité. On reste donc dans dans des choses bien sage.
Ce livre ne fait pas exception à la règle.

De contrainte, ou surtout de confort. On croit que le récit est tout fait, on apporte une touche d'originalité, mais il manque un propos global, l'auteur a un sujet tout prêt mais pas toujours quelque chose à en dire.

Après quelques semaines de lecture, il me reste surtout en tête un joli dessin et des couleurs magnifiques qui rendent en effet un bel hommage à l'univers de Gauguin.
Alors vous me direz que c'est déjà la moitié du chemin qui est accomplie certes, mais d'un point de vue narratif, je trouve l'effort en deçà de certains travaux comme ceux de Oubrerie et Birmant ou de Manu Fior, dialogues ou textes manquant tour à tour de force ou de finesse, un ton un peu trop flat.
Ce n'est pas la première fois qu'un livre de cet éditeur me fait cet effet, j'ai l'impression que chez Sarbacane, on a la volonté de rester poli, de ne pas prendre trop de risques, c'est ennuyeux.

Grâce au dessin, aux couleurs de l'univers du peintre, j'ai aimé les moments vécus en océanie, sa mythologie ; mais l'aspect biographique reste plat.

Un personnage fort antipathique, une "originalité" narrative qui ne m'a absolument pas convaincu, une biographie bien terne malgré l'effort de l'auteur pour nous plonger dans cet univers pictural coloré et exotique.

Pour les ignares doublés de fainéants dont je fais hélas partie, un peu de culture colorée ne fait jamais de mal ; c'est ainsi que même si j'ai trouvé l'ouvrage un peu bavard, j'y ai appris des choses, me suis réjoui l'oeil sur certaines planches, et me suis laissé porter par une rêverie sur les paradis perdus. Du bon travail consensuel que je ne me risquerai certainement pas à critiquer.

Comme d'autres, me considérant relativement ignare en ce qui concerne la peinture, j'ai apprécié les illustrations de ce livre qui m'ont fait plongé dans l'univers coloré de Gauguin. Une lecture agréable.