Histoires du quartier de Beltrán & Segui

Ne jamais se fier au premier coup de nez.

Je travaille encore sur cette chronique, sur cette histoire de gamins dont j'aurai pu dire qu'elle est comme les autres et pourtant elle ne l'est pas.
Le chapitrage, la "violence" des dialogues, l'humour qui est indispensable si on ne veut pas s'enfoncer. L'homme reste caché derrière l'enfant, on ne voit pas son visage même sa parole se fait lire entre les conneries de ces gamins qui grandissent bien.
Majorque, les années 80, ça sent le soleil, la clope, l'herbe, le mauvais vin et la vodka.

Et le dessin, Segui est surprenant ici, tellement loin de ces œuvres passées.

Je vous dis que j'y travaille encore mais vraiment faut pas toujours croire son tarin.

Majorque offre donc des joueurs de tennis et auteurs de haut niveau.
J'ai fait quelque recherche sur l'histoire de Majorque dans les années 80 et je n'ai pas trouvé grand chose qui soit d'une quelconque aide ici. Je crois qu'on a vraiment juste à faire à une bande de gamins, de petits cons où l'escalade est de mise jusqu'à la chute.

Beltrán construit son récit d'une manière très intelligente entre les souvenirs d'une enfance pas toujours glorieuse mise en images et un présent d'homme qui cherche une partie de cette enfance qu'il n'a pas eu.
Une très grande sensibilité ressort de cet album sans jamais tomber dans la nostalgie et dans la sensiblerie, sans doute en partie grâce à la structure que j'évoquais juste avant mais aussi grâce à des dialogues remarquables. Il réussit à nous pondre des dialogues qui sont drôles et en même temps très violents et surtout toujours tellement humain.
Je tiens d'ailleurs à lever mon chapeau à André Gabastou dont le travail n'est sans doute pas pour rien dans la qualité de l'œuvre.

Du dessin, je n'aurai pas grand chose à dire. Le travail de Segui est ici très différent de celui sur Les racines du chaos et Les serpents aveugles, ce qui aurait tendance à démontrer, si il en était encore besoin, le talent de dessinateur.
Les couleurs aussi sont très intéressantes, elles réussissent à créer une ambiance, des contrastes qui orientent notre lecture comme la voiture rouge par exemple dans la pénombre ambiante.
On peut également penser (sans en être sur) que le fait que Beltrán soit lui-même dessinateur a eu une influence sur le résultat. Si quelqu'un lit l'espagnol, il y a quelques interviews en ligne qui peuvent éventuellement apporter des réponses.

Un dernier point que j'ai oublié d'évoquer ici mais que Fred rappelle à mon bon souvenir : c'est la typo. Cette typo "machine à écrire Remington" est très bien choisie et rajoute une dimension littéraire, c'est la même typo que dans Au vent mauvais.

Je ne sais pas si tout ça apportera vraiment plus que précédemment mais bon, essayons.

Le site de Gabi Beltrán
Le site de Bartolomé Segui

   

A vrai dire j’ai lu « Histoires du quartier » en premier pensant m’en débarrasser au plus vite, sûr que ce ne serait pas ma tasse de thé. Mais finalement j’ai été agréablement surpris par la narration et par ces histoires de jeunesse contées avec beaucoup de sensibilité, même lorsque les protagonistes pataugent dans le glauque et la violence.
Comme dit l’ami Fabulous « faut pas toujours croire son tarin »
Par contre je suis moins conquis par le style de dessin adopté ici par Segui, que je trouve trop lisse et « gentillet » par rapport à la réalité qui est dépeinte. Il y a certainement une raison à ce style puisque ce n’est pas celui habituel de Segui. Mais je crains que ce soit ce style qui au premier abord m’ait rebuté en voyant la couv’ (je pensais ouvrir une BD sur des ados potaches et boutonneux qui se la racontent)

Habituellement je réagis le livre tout juste refermé et je m'apprêtai à émettre un avis plutôt mitigé sur ce titre , partagé entre une impression de trop mais aussi de pas assez , d'un équilibre toujours difficile à trouver quand un auteur se prête à l’exercice autobiographique.

En plus , des histoires sur des sales gosses qui font des conneries , on vient d'en lire quelques unes ces dernières semaines (La nuit du capricorne , Orignal , voir même Le sourire de Mao) , une de plus ne tombait peut-être pas très bien , et puis les Bds de la collection Bayou , elles sont bien jolies mais l'odeur a un prix...

Passé ces prédispositions et une fois digéré la lecture , je garde une belle trace de toutes ces petites histoires , de ces rencontres qui aident notre bonhomme à grandir , et surtout cette façon de regarder dans le rétro sans se dire que c'était bien mieux avant. Au bout du compte , je retiens beaucoup de bons points (la sensibilité qui ne verse pas dans le pathos , l'utilisation de la voix off , un dessin dynamique et chaleureux) et très peu de "peut mieux faire" , si ce n'est peut-être l'écriture que je trouve parfois un peu hachée (effet traduction sans doute).

Je n'ai pas trouvé un grand intérêt à cette lecture. On n'y apprend pas grand chose, ni sur la situation de cette île à l'époque, ni sur les sentiments qui traversent ces jeunes. Même si ce n'est désagréable à lire, tout ça reste bien superficiel et anecdotique.

On suit avec curiosité les mésaventures de ces jeunes qui occupent leur jeunesse à lutter contre l'ennui.
Mais ce temps d'adolescence qui peut paraître durer des siècles est aussi le temps ou le futur adulte se construit. Notre jeune héros (l'auteur ? )se réfugie dans le dessin et s'évade dans la lecture de BD, il écoute JOY DIVISION...il a un regard plein de bienveillance pour certains adultes (le vieux voisin, son père ...)
Les auteurs semblent nous dire que cette "compassion" et cette "curiosité culturelle" ont sans doute permis à certains de ne pas suivre "l'impasse conditionnelle" des jeunes de ce quartier (suicide, drogue, délinquance, prostitution ...)
Au final, une lecture par chapitre qui rythme la narration de façon efficace.
Le dessin apaisé semble correspondre au regard que Segui porte sur ses souvenirs de jeunesse.
Une BD agréable et réussie qui évite les facilités des albums souvenirs de jeunesse!

PS: Il y a pas de mal à se faire du bien  : petit bonus, bande de petit veinard

Je suis en complet désaccord avec Joco.
Les anecdotes sont fortes, délimitent l'univers adolescent de Beltran puis la possibilité d'un ailleurs. Les textes du retour au pays, des "retrouvailles" avec le père, rythment les chapitres mettant le lecteur dans la confidence : Beltran arrivera finalement à fuir Majorque (qui n'est pas du tout le sujet du livre même si l'insularité peut être comprise comme métaphore de l'adolescence).
J'aime la langue simple,dépouillée et terriblement vraie.
Le dessin est d'une belle sobriété. N'oubliez pas de lire la préface, éclairante, et qui défend à merveille le livre. Mon favori du mois.

...et j'ai corrigé l'accord que Fred n'aurait pas manqué de me reprocher.

Je suis bien d'accord avec Superphane.
Ce volume est émouvant et Gabi Beltran se livre sans détour, sans chercher à faire le malin mais plutôt à toucher avec le plus de sincérité possible la réalité d'une adolescence livrée à elle-même. Segui, lui, a trouvé le dessin juste, l'expression dépouillée pour coller au mieux à l'univers cruel et désenchanté vécu par les gamins.
Les passages avec le voisin alcoolo sont particulièrement réussis et poignants, l'idée de la typo machine à écrire est judicieuse et terriblement efficace.
Et puisque c'est le sujet qui fait parler en ce moment sur internet, il y a une vraie dimension littéraire dans la construction de cette bande dessinée.

c'est très vrai ; bien écrit, pensé, et un dessin assez efficace...
Seulement, après 3 jours, il ne m'en reste pas grand'chose (c'est le critère 4 qui en prend un coup !)

Ce que j'ai le plus apprécié c'est le contraste qu'il y a entre le dessin assez lisse et sobre et les histoires sombres et parfois émouvantes qui nous sont racontées.
Mais malheureusement, après quelques jours, il ne m'en reste pas grand chose à moi non plus.

Une très bonne surprise ! L'ambiance qui se dégage de ces tranches d'adolescence est vraiment particulière. Le dessin tout simple semble laisser une part d'enfance aux anecdotes qui sont, elles, de moins en moins innocentes. Quelques jours après la lecture, un certain parfum de nostalgie flotte encore, signe qu'il y a bien un petit quelque chose dans ces pages-là.

J'ai bien apprécié cette BD qui retransmet avec un certain brio les errances de ces jeunes de quartier, l'atmosphère de cette ville ... je trouve que l'histoire est bien chapitrée.

J'ai beaucoup aimé ce livre ! J'ai lu avec une certaine sympathie l’enchaînement de petites histoires. Enfin... il faut reconnaître que les histoires sont de moins en moins sympathiques et de plus en plus dures ! Je lisais cela sans savoir où cela menait et ça se fait agréablement. Tout cela jusqu'à la fin et le choix du héros de s'en sortir. Et du coup toutes les petites histoires précédentes sont soudain revues et on se rend compte que chacune a permis au héro de prendre conscience qu'il faisait fausse route. Comme quoi, une vie tient à peu de choses, comme prendre le temps d'écouter avec un vieux soûlard.

Du coup le style de dessin qualifié de « gentillet », par Mémère, colle très bien au propos ! Ces gamins ont des gueules sympathiques... comme tous les gamins ! Qu'est-ce qui fait que de bêtises en bêtises, chaque fois plus grosses, ils prennent le chemin de la délinquance ? Qu'est-ce qu'il fait que certains se plantent et d'autres s'en sortent ? C'est pile le thème du livre.

Ce livre est définitivement mon chouchou du mois ! Et si plusieurs jours après, il ne me reste que peu de détails des histoires, je sais que je le relirai et que je le ferai lire.

Ma déception du mois. Je suis peut être passé à coté mais j'ai trouvé cette lecture plus qu'anecdotique. Rien ne m'a marqué, ni n'a suggéré la moindre émotion chez moi.

Et ça fera aussi pour Mauvais genre (l'écharpe rouge) et pour Ma Révérence (la R12), voila,
trop fort !

Encore une fois, bravo Gaga

Il est vraiment trop fort Gaga  

Un petit cadeau, car j'ai bien compris que JOY DIVISION c'est pas ta tasse de thé ...

Merci, merci beaucoup...

Un peu hors sujet mais je rajoute :



Obligé!!!! Y'a t-il quelque chose après Led Zep???

Un choc musical... et aussi, il faut bien l'avouer, un choc visuel en découvrant ado la vidéo du film
The song remains the same (live au Madison scare garden il me semble) et en voyant
le look et la dégaine de John Paul Jones et de Robert Plant entre autre!

C'est sur, on est loin des Clash!!!