Le Fils de son père de Mariotti et Mariotti

J'ai tout d'abord un coup de coeur pour le dessin, certes ce n'est pas exceptionnel mais c'est vraiment très agréable à lire, ce n'est pas rien !
C'est l'histoire d'un homme, d'un peintre. Nous sommes le jour du vernissage de son exposition, tout est parfait, mais alors surgit le fantôme de son père.
Va s'en suivre une série de flash-back où Olivier va replonger dans son enfance. La relation qu'il avait alors avec son père est quasi-fusionnel, on assiste donc à la disparition progressive de cette relation à cause de mensonges trop lourds à porter pour un enfant, de non-dits...
J'ai beaucoup aimé la construction de cet album, entre présent et passé avec une belle maîtrise de cet exercice.
Un voyage entre l'enfant et le père et l'homme qu'il devient.

Une très belle atmosphère nostalgie se dégage de cet album et j'aime ça , avec leurs parfums d'enfance , les Mariotti brothers parviennent à transformer une simple histoire de famille en une profonde histoire d'amour paternel , le tout avec une simplicité et une sobriété éclatante , tout en pudeur , tout en douceur.

Même si j'ai préféré le style des dessins du passé , plus axé sur les couleurs directes si je ne m'abuse , le tout s'associe parfaitement , enfin un livre pour les garçons où ça parle de ballon rond dans notre sélection (n'ayez pas peur mesdames , ceci est une fausse piste).

Seul bémol :

Spoiler:

+1 sur le spoiler !

L'histoire (ou le pas d'histoire ?) tire un peu en longueur, mais résonnera probablement mieux auprès des parents (ou des footeux ) qu'à mes oreilles de non-maman hermétique au ballon rond ! J'ai trouvé assez peu d'intérêt aux scènes du bonheur familial actuel, c'est expliqué avec soin et très mignon mais... après ??

Par contre, + 100000 sur le dessin épuré, rond, doux, des souvenirs d'enfant : je trouve spécialement bien rendu l'effet du souvenir qui déforme, gomme ou accentue les situations, les détails, les images... On frôle la grâce dans quelques cases toutes simples mais pourtant (à mes yeux) exceptionnelles, qui suggèrent avec trois fois rien tout un monde de sensations.

Un mélange d'impressions qui ne va pas me faciliter les choses pour le vote ce mois-ci !

J'ai effectivement passé un très agréable moment avec ce livre tranquille. Bien sûr, on peut croire que le livre raisonne différemment aux oreilles des pères...
J'ai cependant été séduit par la succession de petites touches, de petits moments choisis qui retracent une relation forte qui peu à peu se relâche. Les parallèles entre les deux papas (c'est bien le fils de son père) sont aussi très touchants et la narration n'est jamais lourde.
Mon seul gros reproche concerne un détail du dessin que j'ai pourtant globalement aimé. N'avez-vous pas été géné par les affreux nez des personnages ???

Je tiens par ailleurs à préciser que je ne voue aucun amour au ballon rond. J'en profite cependant pour inciter fortement les lecteurs à lire les opus de Guilllaume BOuzard sur le foot ainsi que l'excellentissime livre de Nick HOrnby, Carton Jaune, où il retrace, sa "carrière" de supporter de l'Arsenal (La relation qu'il entretient avec son père y joue d'ailleurs au départ un rôle important !).

Citation :

Je vote donc pour « Le fils de son père » parce qu'il faut bien faire un choix et que c'est l'album le plus personnel et qui m'a le plus touché, finalement. C'est effectivement un livre très complet avec tout d'abord un graphisme bien maitrisé. Entre les flash-back et l'histoire, on est jamais perdu. Tout est clair. Juste un petit regret sur le découpage des cases ! Pourquoi ne pas avoir recoller certaines images, comme cette sublime page 28, un peu gâchée par ces lignes blanches trop larges à mon goût ! Dommage ! J'ai toujours du mal avec les gaufriers. Bref, un très bon dessin (qui gagnerait en épaisseur s'il était un peu plus lâché, mais je pinaille) et une mise en couleur sobre et diablement efficace. Pour l'histoire, je ne sais pas si c'est autobiographique mais, en tout cas, c'est très fort et ça sent le vécu. Très touchant donc ! C'est un crime de faire ça à son gosse, on ne peut pas demander à un enfant de choisir un de ces parents pour trahir l'autre, et encore moins si c'est implicite et basé sur une grande complicité à l'origine.

En plus, j'ai été faire un tour sur le blog des auteurs. Il n'y a pas grand chose mais il y a quelques planches anciennes (?) qui sont complètement différentes dans l'album.... j'aimerais bien connaitre leur histoire !

Par exemple : LA

Si si, les nez des personnages sont trop affreux!
J'ai trouvé ça dommage parce que j'aime beaucoup le trait et les couleurs sinon, ça m'a fait penser a mcmanus ( la famille illico) dont j'adore le dessin
Certaines mises en page originales, m'ont vraiment plu aussi

J'ai eu un peu de mal a tenir jusqu a la fin par contre. J'ai trouvé le récit lourd et ennuyeux et la fin un peu....molle
Peut être que le foot est un univers qui ne me touche pas...L histoire avec entre le père et le fils est bien amenée mais un peu....legère, comme s'il manquait quelque chose, un détail pour y croire
Enfin bref, pas très touchée par le fils de son père....

Un drame familial! De l'exagération de ma part? Je ne pense pas au vu des émotions dégagées par cette relation père-fils, d'un malaise des plus profond, parsemés de non-dits et de silence qui fait que la citation initiale correspond à merveille au thème de la BD : "Nul ne guérit de son enfance" Jean FERRAT.
Toutefois, malgré cela, malgré quelques références qui me parlent fortement, je n'ai pas vraiment accroché...

J'ai trouvé une telle différence de qualité entre la partie "présente" et la partie "flashback"! Aussi bien dans le style que dans l'histoire.
Qu'est ce que c'est kitschouille cette partie où ces personnages ont des nez en bois! On a envie de leur enlever comme sur des monsieur Patate. Et puis toute la famille est réunie, et puis le coup des copains du club de foot qui y connaissent rien aux choses de l'Art mais qui sont sympas quand même... C'est normal docteur si je trouve ça gnangnan?
Alors que les parties qui font référence aux souvenirs de l'enfance du héros traitées dans un style un peu désuet plein de charme, ça m'a renvoyé un peu au style de certaines vieilles BD ou certains affichistes des années 70. Tout ça avec des audaces dans la mise en page qui sont vraiment belles.
Après, c'est vrai je le confesse, j'ai découvert à la toute fin de ma lecture que c'était une autobiographie, le récit n'en a pas tout à fait la même valeur. Par l'authenticité révélée, le kitsch se transforme en du touchant, et du coup c'est pas si mal. M'enfin quand même, pourquoi ces nez en bois ?

Je ne suis ni footeux ni père de ma fille, mais cette histoire a plutôt bien marché pour moi quand même. Le dessin des parties "flashback" est effectivement plus intéressant (notamment l'identification de la femme à sa voiture), mais la partie présente n'est pas laide pour autant. Les nez ne m'ont pas gêné. Ca m'a fait un peu penser a Mattotti par moments, je ne sais pas trop pourquoi (PS: le nom des auteurs, eh patate! )

Et puis je viens juste d'y penser à propos des nez en bois, mais une histoire de petit garçon, de mensonge et de relation problématique avec son père, ça ne vous rappelle rien ?

Bien vu le coup des nez en bois, colonel !
Mais c'est quand même pas bien beau, non ???

Merci Joco pour le lien du blog et pour cette planche, dont je préfère 1000 fois le dessin : si seulement ils avaient conservé cette inspiration plus brouillonne, du coup bien plus évocatrice !

voilà mon principal point de rupture avec cet album : j'aime beaucoup l'histoire, bien écrite, les flash-backs fonctionnent bien, mais le dessin m'a freiné un bon moment !

Pour ceux qui se posent des questions sur les nez... des éléments de réponses sur le blog des auteurs.

Pour ma part j'y ai trouvé l'explication des planches plus "brouillonnent" aussi !

Merci à eux pour ces explications.

effectivement
à voir aussi le site de l'éditeur (que je découvre... avec plein d'albums qui ont l'air vraiment bien à venir)
http://www.enfantsrouges.com/

Joco a écrit:

Pour ceux qui se posent des questions sur les nez... des éléments de réponses sur le blog des auteurs.

Pour ma part j'y ai trouvé l'explication des planches plus "brouillonnent" aussi !

Merci à eux pour ces explications.

Très intéressant en effet , si les auteurs nous lisent , n'hésitez pas intervenir , vous êtes les bienvenue .

Je ne suis pas encore père. Mais tous les hommes ont été des fils à un moment ou à un autre, lorsque ils étaient des petits garçons.

J'ai trouvé cet album très touchant. Il est mené tout au long des quelques quatre-vingt pages avec talent sur ces relations père-fils, sur leur influence sur l'après.
Il y a une véritable force qui se dégage de cet album. Pourtant, tout y est dessiné en subtilité. Il n'y a que très peu de dialogues. Tant de choses passent par les regards, les champs et contre-champs. Chaque personnage dégage beaucoup d'expression par la simple force de l'image.

Le récit se construit par cet alternance de passages de la vie présente et du passé. Le mélange des deux se fait par ce travail particulier des couleurs, du trait, renforçant l'idée du souvenir de l'enfant à travers ses yeux. C'est très beau. L'auteur travaille plus sur des nuances de couleurs, si un graphisme plus détaillé. Avec ces embellissements du paternel aux yeux de sa petite famille. Ou encore un inventif travail de l'ellipse pour représenter la maîtresse.

Les péripéties se déroulant dans la vie réelle s'enchaînent un peu comme des grains de chapelet, sans une réelle interférence ni principe de causalité. Chaque saynète est entièrement indépendante. Gardant pour ses passages la même volonté de démonstrativité, ça provoque quelques longueurs.

Je regrette de ne pas avoir pu participer aux débats du mois de Novembre. Mais je suis certain que nous aurons l'occasion de revenir sur icelui aux délibérations du Shériff d'or.


Quelques impressions personnelles : c'est assez émouvant, car, dans chaque détail, on retrouve un fils qui veut ressembler à son père, qui cherche à imiter l'idole. C'est assez clair que l'idée du bonheur que se fait Olive Mariotti, c'est ce cocon familial douillet qui lui confère ce sourire permanent dans la totalité de l'album sauf...

Et pour compléter, une petite interview des auteurs là et une petite vidéo sympathique là.

En 6° mon professeur d'arts plastiques s'était lui; il est trop sympa. Il travaille à Rousset, et à d'autres collèges !!!