Malaterre de Pierre-Henry Gomont

Dargaud dit :

Coureur, menteur, buveur, noceur... Gabriel Lesaffre a toutes les qualités. Depuis l'enfance, il est en rupture avec son milieu familial. Épris de liberté, il ne supporte pas l'autorité. Un jour, il tombe amoureux d'une lointaine cousine, Claudia. Elle a dix ans de moins que lui. Coup de foudre, mariage, trois enfants : Gabriel se laisser séduire par les charmes de la vie de couple et les délices du confort bourgeois.

Mais ses vieux démons se rappellent à son bon souvenir. Gabriel s'ennuie. Il plaque tout, s'envole pour l'Afrique, reste cinq ans sans donner de nouvelles. Puis il réapparaît, fidèle à lui-même. Mêlant manipulation, persuasion et belles promesses, il obtient la garde de Mathilde et Simon, les deux aînés, et les emmène avec lui en Afrique équatoriale. Pour ces deux jeunes ados, une nouvelle existence commence : ils découvrent l'Afrique et une vie « festive, bigarrée, frivole et un peu vaine ». Mais ils doivent aussi supporter les incessants problèmes d'argent de leur père, héritier d'un domaine qu'il est incapable de gérer, et son penchant insurmontable pour la boisson. Et si le rêve africain finissait par se dissiper dans les vapeurs d'alcool ?

Pierre-Henry dit :




et je rajoute que vous ne pouvez pas passer à côté de cette petite merveille, tous autant que vous êtes. ( sinon je vous tape )

Il y a dans ces pages, outre le trait fluide que l'on connaît et les merveilleuses couleurs, tant de bouillonnement, d'énergies salvatrices ou destructrices, de foisonnement de vie qu'on ressort tout étourdi de cette lecture ;

Entre la "combustion" permanente de Gabriel, aussi odieux que charismatique, et les enfants, bousculés, suiveurs et résilients malgré tout, on comprend que la rencontre filiale était impossible... du moins tant que cet excès de pulsion était présent chez Gabriel. De son vivant, donc.

La surprise qu'évoque l'auteur dans l'interview quant à sa découverte de ce qui le liait à son père est tellement bien traduite par les mots tout simples qui n'apparaissent qu'aux dernières pages, en opposition complète à tout ce qu'on pouvait lire auparavant, qu'on ne peut être que profondément touché par le récit

C'est beau, c'est magnifique et touchant, c'est une merveilleuse bande dessinée qui nous arrive là. Merci Pierre-Henry !

Ça donne sacrément envie! Merci pour cette chronique alléchante!

On connaissait les talents de dessinateur de PH. Gomont ; on lui découvre celui de narrateur avec grand bonheur.
Les récits précédemment présentés sur les parents sont généralement des procès régleurs de comptes passant à côté de l'infinie complexité de la nature humaine. Tout l'inverse ici, où nous vivons les paradoxes du paternel qui nous embarque dans son tourbillon d'énergie et ses volutes assassines.
Une très belle réussite.

Le livre ne m'a pas franchement passionné (on a lu mieux sur le même sujet) mais il faut bien avouer qu'il surpasse ce qu'on a lu les mois précédents. C'est graphiquement plein d'emprunts (plus que de références) à Blain et Blutch (y'a pire me direz-vous) et je trouve la mise en couleur un peu discutable, un peu faiblarde.
Une lecture quand même recommandable.
Loin d'Haugomat pour moi quand même.

Superphane a écrit:

je trouve la mise en couleur un peu discutable, un peu faiblarde.

Je trouve à l'inverse que ce côté "couleurs délavées" apporte un juste équilibre à la force narrative de la voix off.
Malaterre est une chronique familale agréable à lire qui nous questionne sur le prix à payer pour vivre sa vie.

techniquement, on ne peut pas parler de voix off en bande dessinée

eraserhead a écrit:

techniquement, on ne peut pas parler de voix off en bande dessinée

Ne me laisse pas ainsi dans l’ignorance et dis moi tout!

Pas question.

P.H. Gomont de mieux en mieux.

je voulais dire que j'avais lu ce livre sans déplaisir, contrairement aux précédents de leur auteur (sachant que cette agréable impression avait point avec Perreira prétend, légèrement).

Par son trait rapide et aigu, Gomont reussir parfaitement à rendre l ambiance pesante et étouffante à souhait, envahie par la violence et l'égoïsme du père. A la première lecture, on est toujours dans l'attente d'une catastrophe, pour découvrir peu à peu qu elle prend la forme d'un pathétique naufrage humain dans des eaux marecageuses.
J'ai senti un déséquilibre entre les trois quart de l'histoire, lourde à lire, et la fin, étrangement allégée par l analyse du narrateur et l absence du père.
Ce livre aurait été facilement élu lors d une des sélections précédentes, si pauvres. Mais cette fois ci, face a "au travers", Gomont ne peut l'emporter.

En restant dans un style très proche de Pereira prétends (Jeux de couleurs, phylactères), PH Gomont s'impose une fois de plus comme un des plus grands dessinateurs actuels mais aussi (et je n'en doutais pas), comme un fabuleux raconteur d'histoires. Je serai même tenter de parler de "la patte Gomont", d'un style unique et désormais reconnaissable entre mille. Il n'y a rien à reprocher à cette lecture qui se lit d'une traite et qui allie les qualités d'un grand classique proche de la saga familiale tout en insufflant des notes artistiques et une émotion contenue et maitrisée.

J'ai encore du mal à voir un style Gomont. Le récit est quand même assez inoffensif, et peu original. Par contre, graphiquement, ça évolue, mais de là à dire qu'il est reconnaissable, je doute un peu.

J'ai encore du mal à voir un style Gomont. Le récit est quand même assez inoffensif, et peu original. Par contre, graphiquement, ça évolue, mais de là à dire qu'il est reconnaissable, je doute un peu.

Un dessin vif et impulsif, des personnages hauts en couleur, une histoire familiale tout à la fois violente, chaotique, passionnée et tourmentée.
Un récit mené tambour battant où l'on suit les péripéties de cette famille éclatée aux sentiments ambivalents.
Une histoire prenante.