Kodhja, de Thomas Scotto et Régis Lejonc

Un garçon entre dans une cité mystérieuse, grandiose et déserte, hostile et accueillante, à la rencontre du roi des lieux. Un enfant énigmatique l'accueille, l'assurant que celui-ci, que beaucoup cherchent sans succès, l'attend déjà. Et c'est ainsi que le garçon et l'enfant se mettent en route, déambulant à travers cette cité surprenante, merveilleuse, mais aussi parfois dangereuse.

Le garçon arrivera-t-il jusqu'au roi ? Quelle est l'identité de ce mystérieux guide-enfant ? Le lecteur ne le découvrira qu'à la fin. Il sera alors temps de reprendre le livre car son intérêt n'est pas dans le mystère de l'identité des personnage, mais dans leur déambulation. Et connaissant leur identité et leur lien, d'autres détails apparaissent alors, permettant de renouveler l'intérêt de la lecture.

Le format géant -qui posera sûrement problème au moment de lui trouver une place dans les rayonnage- du livre vient nourrir le côté grandiose de la ville. Ce surplus de taille n'est pas utilisé pour charger les pages mais au contraire élargir et inviter à ralentir la lecture en profitant des superbes illustrations comme notre explorateur s'émerveille de ce qui s'offre à ses yeux. Un livre à déguster lentement et longtemps.

Une beau récit initiatique, avec des clins d'oeil à l'histoire de la bande dessinée.
Souffre quand même des limites du genre, l'errance faite de rencontres successives... Heureusement, la force graphique tient largement le spectateur en haleine.
Très chouette livre, de belle qualité.

Déjà, rien qu'à la couverture (en plus un grand format), je me suis dit : cette bd sera forcément différente. En effet, le graphisme interroge le lecteur à chaque page, certaines planches ont une grande intensité malgré une certaine rigidité.

Malheureusement, l'histoire perd en originalité avec une fin trop attendue ...

A mon sens, seul l'esthétisme fait la qualité de cette "grande" bd ...

Trame classique, certes mais récit subtil qui ne vaut pas que par ses qualités graphiques.

Beau texte, d'abord.
Belle allégorie d'un adieu à l'enfance, ensuite.
Un livre intelligent et beau pour les enfants bons lecteurs.

Thomas Scotto est un auteur bien connu de la littérature jeunesse. Albums, petits livres ou romans pour les ados et adultes - ce sont toujours des ouvrages de qualité, qui s'attachent aux sentiments et à l'humanité.
Je ne pourrais que vous conseiller le magnifique album "Rendez-vous n'importe où", surtout si vous êtes amoureux ...
Vous pouvez découvrir Thomas Scotto en direct du Salon francophone du livre de Beyrouth (à partir de la 25ème minute) pour l'entendre dire que la littérature de jeunesse lui permet d'"écrire de grandes choses avec très peu de mots".
http://mtv.com.lb/Programs/Salon_du_Livre/2015/Videos/Episode_7

Quant à "Khodja", il se lit et se relit, comme le dit Eric : une fois le mystère du roi découvert, on souhaite repartir dans le labyrinthe de l'inconscient ; et le dessin, large et riche, nourrit encore le plaisir de la lecture.

Sur son site, à propos de Kodhja, Thomas Scotto indique s'être inspiré du souvenir laissé par un film de Jim henson (le créateur des marionnettes du Muppet Show et de Fraggle Rock) : "Labyrinthe", avec David Bowie - un "récit d'aventures et une plongée dans les rêves et les sentiments d'une jeune fille au seuil de la maturité."  Je ne résiste pas au plaisir de vous en mettre un extrait

Un livre que je qualifierai de classieux.
Passée la semi déception de la fin qui je trouve aurait mérité un peu plus de densité et de profondeur, je retiens néanmoins un cheminement intéressant dans ce labyrinthe avec un dédale de bonne trouvailles tant graphiques que narratives qui maintiennent constamment le récit en éveil et curiosité. Je ne suis pas certain que le public jeunesse y trouvera bien son compte.

Ouaip. Classieux est un qualificatif adéquat, tout comme élégant, original, un chouia envoutant même. Je pense que les pitis zenfants comme les adultes peuvent l'apprécier, à des niveaux différents. Les adultes un peu plus quand même, vu les références eighties utilisées. Quant aux enfultes, ils devraient très vite s'ennuyer mais c'est normal, c'est l'âge bête, ça leur passera ...

Je pense être passé un peu à côté de ce livre.. Et de ses "grandes choses"
Passé à côté de l'allégorie,
Passé à côté des références plurielles, la forteresse dans le désert, le labyrinthe, la tour, les escaliers qui ne vont nul part, le guide et le roi
Je n'ai pas trouvé cet adieu à l'enfance, sinon dans les quelques pages de fin, qui, pour le coup, passent un peu vite..
Je n'ai pas compris pourquoi ces icônes eighties..
Oui le livre et beau, et les images, et l'écriture. Mais il m'a manqué quelque chose, 
Peut être un grain de folie dans les pages ou bien de cette enfance que le personnage principal était sensé abandonnée

Avec une seule et simple idée, l'adieu à l'enfance, Thomas Scotto et Régis Lejonc réussissent un très beau livre jeunesse.
Le dessin classieux et le très beau texte offre à ce voyage labyrinthique une réelle profondeur où je me suis laissé emporter.

A la fin de cette lecture, je suis retourné en enfance en cherchant les sorties des deux labyrinthes.

Merci Éric.
Une bande dessinée jeunesse assez ambitieuse et j'ai l'impression que c'est malheureusement trop rare. Le dessin est tout à fait remarquable, certaines planches sont même tout à fait sublimes, je suis en revanche beaucoup moins convaincus par les textes que je trouve assez inégaux.
J'ai peur que ce soit un livre un peu difficile pour beaucoup de lecteurs (jeunes et moins jeunes d'ailleurs) : ce n'est pas un défaut que je tente de pointer mais une petite crainte qui me taraude quant à ce livre.
Un bon livre sur lequel nous ne pouvons cependant pas être sans réserve.

Bien d'accord avec toi, cher Fabulous !
Je me demande bien ce que des enfants ou adolescent de maintenant pourraient bien retrouver dans ce livre. C'est très bavard non ?
Heureusement, comme vous dites, il est classieux ! Mais ça ne fait pas tout. Je suis très partagé.

Chouette livre qui brille par la force de suggestion du dessin (que vient soutenir un très beau lettrage hergéen), de grandes et profondes cases qui ajoutent à l'atmosphère tentaculaire du récit initiatique.

Est-ce mon amour pour la ligne claire, mon caractère limité qui ne me permet pas d'apprécier la valeur d'un livre quand je bloque sur le dessin, ou un côté enfantin et immature, je ne sais ; toujours est-il que ce livre m'a transporté et je regrette qu'il soit si court. Je me serais promené plus longtemps avec grand plaisir dans les escaliers d'Escher pour replonger dans ma propre enfance.

Un livre qui dit l'essentiel de très belle façon, je suis conquise , tant mieux si ce livre s'avère difficile pour certains, c'est le principe d'une recherche, d'une quête ... de la vie...

Plusieurs se sont demandés ici comment de plus jeunes lecteurs recevraient ce livre. Aussi pour vous j'ai testé la lecture avec Esther, 11 ans. Elle a particulièrement apprécié le livre, découvrant au fur et à mesure le rôle ambigu de l'enfant-guide. Elle s'est étonnée de découvrir que ce guide était le roi et a apprécié de reconsidérer toute cette lecture à cette lumière. Par contre, elle n'a pas vu la métaphore du passage à l'âge adulte mais se l'entendre expliquer lui a donné envie de relire le livre.

Plus surprenant, James, 7 ans, a voulu lire également le volume. Il a plongé dans cette histoire au premier degré, craignant pour le succès de l'entreprise et la survie du garçon-explorateur. Il s'est interrogé avec émerveillement sur foule de détails, comme le masque polymorphe du guide. Il a vécu la fin du livre avec un soupir de soulagement, enchanté de son parcours dans la ville.

Ces deux lectures m'ont permis de constater que les enfants pouvaient apprécier ce livre au niveau auquel ils l'abordaient. Mais elles m'ont aussi permis de vérifier qu'une (ou plusieurs) relecture de ce livre, une fois les enjeux connus, permettaient de considérer d'explorer d'autres thématiques (comme par exemple la mécanique des relations enfants-adultes). Une lecture finalement bien plus riche que la déception produite par la découverte de la révélation finale peu surprenante ne le laissait penser.