Ma révérence de Lupano et Rodguen

J'ai eu du mal avec ce titre. Peut-être que comme Eraserhead, j'ai moins de temps en ce moment et j'ai plus de mal avec les livres qui ne me plaisent pas immédiatement... Graphiquement ça a été très dur de rentrer dedans. J'ai beaucoup de mal avec le trait chargé, cherchant un certain réalisme. Ajouté à cela les aplats de couleur, il m'a fallu du temps pour arrêter d'être rebuté graphiquement. Deuxième chose, je ne suis pas fan du narrateur qui s'adresse au lecteur. Et là, j'ai été servi : tout le début où il ne sait pas par où commencer ce n'est que ça.

Après le livre est suffisamment long pour permettre de dépasser ce difficile premier contact. J'ai trouvé même quelques plaisirs dans la deuxième partie, mais il me reste le souvenir d'un gros effort pour me forcer à lire ce livre qui ne m'a pas franchement intéressé.

L'interpellation du lecteur m'a également un peu dérangée, et le graphisme ne m'avait pas attiré à priori.

Quelques petites longueurs aussi... comme l'explication de Vincent pour son aversion des armes à feu par exemple.

Pour le reste, j'ai été très agréablement surpris par l'histoire et son déroulement. Une fin des plus réussie de surcroît, car si l'on peut effectivement s'attendre à une fin dramatique, un échec sanglant ou je ne sais quoi, il y a ici une vraie trouvaille originale et qui fonctionne à merveille.

Les personnages sont très attachants, avec des scènes très bien senties (la vision de l'homosexualité selon Gaby par exemple).

Pour les critiques sur la narration, le découpage... je reste perplexe! La case "crédit insuffisant" par exemple ne me parait pas insultante pour le lecteur!!!! Non, il faut juste aussi imaginer le scénariste, ou le dessinateur (je ne sais pas comment ils travaillent...) se disant qu'il serait peut-etre bien d'insister à ce moment précis sur ce qu'il dit aux lecteurs (plus par doute ou incertitude sur son propre travaille), c'est peut-être maladroit et pas toujours judicieux, mais franchement... je pense pas m'avancer beaucoup en disant que je pourrai en ouvrir des BD, ou des livres pour y trouver les mêmes "redites" ou lourdeurs.
Et pour la chèvre???? Mais tu vois le mal partout Eraserhead!!! Idem, je vois mal les auteurs se dire : ha y sont trop cons ces lecteurs, on va être obligé de leur répéter de quoi on parle! Non... c'est à mon sens un effet narratif pour dire justement que Vincent, LUI, avait complètement oublié cette histoire de chèvre du fait de son aspect anecdotique et qu'il avait d'autres choses à penser plus conséquentes à ce moment la (contrairement à  Gaby qui lui est resté bloqué sur cette chèvre qu'il fallait faire disparaître!).

Je n'ai pas fait de citation des messages de Eraserhead concernant ces remarques, je laisse à chacun le soin de les retrouver plus haut.

Un très bon moment passé à la lecture de "Ma révérence". Certe ce n'est peut-être pas la BD du siècle mais j'ai trouvé tout ça bien construit, sans incohérence et n'est pas remarqué plus de longueurs que ça. Le coté décousu de l'ensemble se tient bien et les nombreux flashback apportent du rythme au récit.
Graphiquement rien à redire le trait de Rodgen à le mérite d'aller à l'essentiel et colle bien à la tranche de vie qui nous est dépeinte.

Une histoire basic et classique ? pas si sûr … LUPANO, après son "SINGE", nous démontre encore une fois, un beau talent de conteur. Cette narration façon puzzle, est pleine de rythme, de rebondissement et finalement de surprise …

Alors bien sûr, le gâteau est plein de crème( drogue, anorexie, avortement, misère sociale, les banlieues, l'alcool, les bistrots, l'amitié, la religion, les parents, la difficultés de devenir père, le poids de l'histoire familiale, les boulots de merde, l'Afrique, Johnny & Dick, l'homosexualité, une vision politique et philosophique de la répartition des richesses, les armes à feux, la rédemption … j'en oublie sans doute !!! ) mais étrangement , il passe plutôt bien en s'appuyant sur des personnages attachants et assez complexes (au delà de la première impression caricaturale)
Bien aidé par le dessin de RODGUEN, qui donne vie à tous ces personnages (les expressions des visages sont souvent remarquables) un vrai casting de tronche de second rôle (mention spéciale pour GABY ). Dommage que la couleur ne rende pas toujours toute la précision du trait, elle a tendance à uniformiser l'ensemble et donc à réduire l'efficacité du dessin.
Très bon moment que cette lecture, et on se verrait bien suivre leurs aventures en Afrique dans une improbable suite ! .

Oui, Gaby en particulier est très bien réussi, et la où la caricature aurait pu plomber ces personnage, elle les transcende ici!

Je partage l'avis de Tue-Loup, et je me laisserais bien porter par un volet sur la découverte de l'Afrique : Gaby vs Tintin au Congo

Eraserhead, il est méchant parce qu'il n'aime pas Véronique  

La bande son de la belle chronique de Fred !

Ouf, version de 2013, c'est un peu duraille, du coup  
Préférez l'original :

prix du polar à Angoulême face à Lartigues et Prévert notamment : c'est à n'y rien comprendre...

.. et face à Heartbreak Hotel et Tyler Cross.

Bien content pour Peter Blegvad, prix révélation pour un livre étonnant qui aurait pu être en sélection Patrimoine.
Sinon, j'ai lu Mon ami Dahmer et c'est bien, sans plus.

Re youpi ! Palmarès décidément très grand public, encore une nouveauté à Angougou.