Silas Corey de Nury et Alary

J'aime bien le style de Fabien Nury. Sobre et efficace. J'aime aussi son inspiration, souvent guidée par un contexte historique et politique particulièrement tendu : la succession de Djougachvili dans La mort de Staline, la seconde guerre mondiale dans Je suis légion et Il était une fois en France, la première dans L'or et le sang et le livre qui nous intéresse, Le réseau Aquila, volet initial d'un diptyque dont on connaîtra la solution dès le mois de mars. Le héros éponyme de la série, Silas Corey, devrait, lui, continuer sa vie dans d'autres aventures. Tout simplement parce que c'est un bon personnage, à mi-chemin entre Holmes et Lupin (qui se croisèrent un jour dans un roman de Maurice Leblanc) ; la perspicacité de l'un et l'élégance de l'autre ; un penchant un peu vénal pour faire bonne figure.
En 1917, alors que la guerre s'enlise et que le gouvernement Caillaux doit faire face aux critiques virulentes d'une opposition politique menée par Clémenceau, un message secret pouvant prouver la haute trahison est intercepté à Paris. Dès lors, il va s'agir de gros sous. Ceux qu'espère un dénommé Casella, l'auteur du vol ; ceux que récolte la veuve Zarkoff en vendant des armes sur tous les fronts ; et ceux qui permettent à Silas Corey, détective privé au chômage, de s'assurer un train de vie certes fort dispendieux.
Si Nury prend encore une fois des libertés avec l'Histoire véritable (Caillaux n'était plus au gouvernement en 17, et encore moins Président du Conseil), c'est bien d'une intrigue d'espionnage pur jus dont il s'agit. Solidement construite, brique après brique, pierre après pierre. Les personnages ont belle envergure, suffisamment en tout cas pour posséder le pouvoir de tirer quelques ficelles et de s'offrir un beau jeu en vue d'éliminer un à un les concurrents. Silas est évidemment brillant de sagacité et de personnalité. Évidemment, il est bien accompagné. Évidemment, on pressent que c'est lui qui tirera les marrons du feu. N'empêche que l'habit est bien fait, taillé à bonne mesure, que, grâce au dessin élancé de Pierre Alary, son plumage reste aussi séduisant que son ramage, et que le plaisir de lecture est non feint.
La bande dessinée de genre, quand elle est hissée à ce niveau grâce au concours d'auteurs brillants et pas prétentieux pour un sou, est un mets suffisamment rare pour être savouré.

Je viens d'en terminer la lecture avec un regret : ne pas comprendre ce qui se passe. C'est un peu comme regarder un bille de flipper, ça bouge dans tous les sens, d'un lieu à l'autre, d'un protagoniste à l'autre, sans que j'ai bien compris comment ce qui l'amenait à telle ou telle piste. En fait Correy répond au questions avant qu'on se les pose, ce qui coupe un peu mon plaisir de lecteur...

Après, je ne boude pas mon plaisir. C'est extrêmement agréable à lire. Les personnages très attachants et ce sera un plaisir de les retrouver dans d'autres aventures. Les dessins comme les couleurs sont tout aussi plaisants, servant bien l'action qui omniprésente.

Pour ma part, j'ai beaucoup aimé, mais c'est aussi mon style de BD
J'aime bien quand il y a de l'action et que ca "dépote". Mais je rejoinds mon parrain ;-) , dans le sens où ca part dans tous les sens et que l'on reste sur ca faim. 2 tomes me semblent trop juste pour approfondir toutes les pistes

C'est effectivement dynamique, répondant aimablement aux clichés du genre,
mais je suis assez peu d'accord à propos des personnages, qui n'en sont pas : ce sont des types, ce qui fait complètement partie du genre : Des jambes, de l'allant, de la répartie, mais pas de fond.
ça ne me gène pas outre mesure néanmoins.

On se plait, le dessin est plutôt classique, répondant au cahier des charges, sans flamboyance. De même pour la narration, rien de bien neuf. Ce n'est pas la volonté.

J'aurrai plutôt mélangé Bond et Lupin!

J'ai bien aimé l'histoire du pain.

A la limite... Il faut le lire et le relire.

On ne va pas le relire et vite le rendre.

Je conseille très amicalement à notre nouvel ami jcampagne de se ruer sur l'intégrale des nouvelles de Sherlock Holmes, de lire en vitesse les aventures du Chevalier Dupin, de suivre les aventures pleines d'action de Rouletabille ou dans une tout autre mesure, de tenter de lire les aventures de Harry Dickson. Il pourra alors jouir d'histoires remarquablement construites, réellement trépidantes et bien plus captivantes que celles de Silas Corey. Cela prendra, il est vrai, un peu plus de temps.

Je sais qu'on risque de me faire le reproche de comparer roman et bande dessinée mais quand les références sont si explicites, on ne peut s'empêcher malheureusement de le faire. Je dis donc bien haut que je préfère de loin me plonger à nouveau dans Conan Doyle que dans les ouvrages de vulgarisation.

Superphane a écrit:

ou dans une tout autre mesure, de tenter de lire les aventures de Harry Dickson

Non, non, non !!!!! aucune demi-mesure pour Harry Dickson ! on peut y aller plein pot !

On ne te reprochera rien, Superphane, mais en l'occurrence, on parle de bande dessinée. Certes, les références que tu cites sont évidentes, mais je ne vois pas en quoi leur existence et le fait que tu sembles apprécier les romans policiers cités fait de Silas Corey pour autant une mauvaise bande dessinée.

Je compare simplement le plaisir pris à la lecture de Sherlock à celui pris à la lecture de Silas. Si la lecture de la bd me ramène dare-dare vers les nouvelles de Conan Doyle, il y a comme un hic... Il ne s'agit pas de faire mieux que le maître mais je reste sur l'impression d'une proposition de lecture "au rabais", sans grande modernité, très conventionnelle, peu ambitieuse et très sage dans sa relecture des classiques.

Je vais me permettre de rebondir, mais ces différentes series que tu sites ne sont pas dans le meme genre que Silas. J'aime beaucoup la serie Harry Dickson, mais l'histoire se monte doucement et se construit au fil des pages. Ici, ce n'est pas pareil, tout va tres vite et certains diront trop vite. Pour moi c'est deux styles differents qui sont tout autant plaisant à parcourir...
J'ai pris du plaisir a decouvrir et lire cette BD, ce qui est le plus important pour moi

Qu'on soit bien d'accord, je parle des romans de Jean Ray et non de l'adaptation bd.

Après, l'urgence, le rythme soutenu, ça ne me dérange guère mais cette façon systématique de multiplier les gros plans dans des cases longues et étroites est extrêmement fatigante à la lecture (page 27 : Silas qui fume de l'opium, effet de zoom sur les yeux - page 29 : fin de la vision de Silas, jeu entre les yeux du chat et ceux de Silas, page 58, on y a droit sur toute une page, la scène de la jambe coupée...). Les yeux parcourt vite la page, ça bondit, ça court... Rythme et vitesse, ce n'est pas la même chose. Ici, on est même dans la précipitation, ce qui, somme toute, donne au récit une résonance contemporaine qui peut évidemment séduire.
Les lectures plus contemplatives me conviennent mieux : lenteur et ennui ne cohabitent pas forcément.

Voilà, pour moi aussi ça va troooop viiiite (et la neige, elle est troooop molle....), enfin disons que la rapidité de narration additionnée la profusion de personnages m'a quelque peu étourdie. Je voulais le relire pour mettre un peu d'ordre dans tout ça mais le courage m'a carrément manqué, ce qui est mal. Je suis faible, je m'en veux, mais le fait est que je resterai hélas sur cette première impression d'"avance rapide"... Le dessin propre et sans bavure, école Loisel, passe tout seul, mais je n'ai pas trouvé de petite étincelle dans ces pages-là.

J’oublierai cet album aussi rapidement que défile l'action... Mes souvenirs resteront aussi confus que la mise en place de histoire... Mais je resterai sage comme le dessin !!

Plutôt d'accord avec Naphtalene et Didine pour l'ensemble, avec un peu plus d'enthousiasme quand même !

Reste une petite contradiction pour ma part :

- A priori, ni le dessin, ni l'histoire d'espionnage n'étaient ma tasse de thé, et en feuilletant l'album, le découpage -
fait effectivement pour l'action, rapide et énergique - m'a semblé beaucoup trop serré et aplati, avec beaucoup
de planches en 5 ou 6 bandes, des cases panoramiques à profusion, bref un ensemble un peu étouffant ! (d'accord avec Superphane !)

- Et... à la lecture, surprise, j'ai plutôt apprécié, et tout cela ne m'a finalement guère gêné. Comme quoi, de quoi je me mêle !

Mais contrairement à certains messages, je n'ai pas trouvé l'histoire si compliquée à suivre (et c'est plutôt bien je trouve).

Par contre les personnages ne sont guère attachants, trop stéréotypés je pense pour cela.

Et à propos de Jean Ray, plutôt pour les amateurs de fantastique que de policiers , je ne peux que conseiller vivement "Malpertuis" !

J'ai beaucoup aimé cet album, aussi bien le dessin que le scénario. C'est une très bonne BD d'espionnage, bien menée et même si les personnages sont quelque peu stéréotypés, cela n'enlève rien à son charme. Cela reste un très bon divertissement. Il a obtenu un 12.5.

Une Bd à la hauteur de ses prétentions, très classique mais bien faites.

Mes notes : 2-2-2-4 --> 10

Les albums d'espionnage ou les titres prenant l'une des 2 grandes guerres comme terrain de jeu sont nombreux ces dernières années et il faut bien admettre qu'aborder ces sujets ou contexte ne relève plus d'une grande originalité. Si Silas corey se hisse au niveau moyen de la majorité de ces productions , il ne s'inscrira pas au panthéon des albums indispensables.
Je lui ai trouvé pas mal de faiblesses , des ressorts scénaristiques d'une profonde banalité , des personnages sans aucune densité et franchement stéréotypés , un dessin pas réellement convainquant et une édition quelconque.
Bref , comme le soulignait Didine , il ne faudra pas plus de temps à oublier ce titre , que de temps qu'il aura fallu pour le lire.
La bonne nouvelle pour les amateurs est que la suite arrive le mois prochain , Aquila devrait tomber , tout comme la jeune veuve , mais cette fois dans les bras de Silas et nous offrir la scène érotique qui manque à ce tome 1.

Portugal n'a malheureusement pas servi de bon exemple de politique éditorial à suivre, Silas Corey , mais aussi la nouvelle série de V.Mangin (Abymes chez Aire libre) dont un album sort chaque mois alors que les histoires sont certainement bouclées depuis le départ nous laissent le sentiment d'être un peu abusé par les éditeurs.

Un cadre historique intéressant; un personnage principal arrogant, opportuniste comme on l'attend, un véritable escroc élégant et un dessin propre, agréable. Tout cela n'est pas suffisant pour faire de Silas Corey une BD que j'aurai envie de relire. Peut-être parce que moi aussi j'ai été gênée par la fait que ça va trop vite et que les personnages sont très nombreux.

Bon ben c'était pas mal, il n'y a pas à dire, c'est de la bd classique sur laquelle on a l'impression que tout le monde fait des efforts... Le scénario, l'écriture, le dessin et les couleurs, mais évidemment, ce n'est qu'un tome 1 qui fait pale figure face aux deux poids lourds de la sélection mensuelle.
Je rejoins néanmoins certains sur le découpage très rapide de certaines séquences qui m'a laissé le souvenir d'avoir le tournis à la lecture. En revanche, j'ai tout de même trouvé des détails attrayants, contrairement à Canou semble-t-il... Les personnages du second de Silas, ainsi que d'Aquilla pour ce que nous en savons pour le moment.