El Paso de Ducoudray et Bastien Quignon

Sarbacane nous a permis de lire un tout petit peu en avance ce livre d'un certain Aurélien Ducoudray que nous avons déjà eu l'occasion de lire et même de chroniquer ici. Le dessinateur par contre m'était totalement inconnu mais nous aurons l'occasion de le rencontrer les rencontrer le samedi 20 octobre.

Bon revenons au livre maintenant, nous avions eu un petit coup de coeur pour le dessin de Quignon sur un magnifique écran 12'' en résolution 100x100 en 12 dpi, autant dire que c'était assez approximatif tout ça. J'ouvre le livre, au premier abord plutôt content, et aux suivants aussi, c'est bien écrit, y'a pas à chier, c'est un bon Ducoudray ! Et niveau dessin, pas de soucis non plus, j'aime beaucoup la mise en couleurs où le orange domine à la sanguine (sauf au début du flash back).

Un gamin visite un homme en prison, se remémorant le voyage qui a amené son père entre ces quatre murs. Départ sous la pluie, première nuit dans la voiture, réveil sous un soleil de plomb en plein désert. Un flic les accoste, l'un est ravi, l'autre moins : les personnages sont plantés.
Plus qu'un voyage, une rencontre entre un homme, un père absent, du moins qui a du mal à trouver sa place et un fils qui vient de perdre sa mère.
On apprendra à les connaitre en même temps que eux-même apprendront. Cette relation fragile nait sous nos yeux, pas toujours facile de devenir un père quand on dort avec un revolver sous son oreiller.
L'homme et l'enfant se révèleront être un père et un fils une fois le voyage arrivé à son terme.

Belle chronique , sélection , rencontre , ça m'intéresse , je sens que je vais bloquer mon 20 Octobre

pas pour moi, le 20 octobre... zut ! Belle lecture en tout cas, une relation pourtant rebattue, entre le père voyou et le fils dont il ne sait pas s'occuper... et puis petit à petit tout s'arrange, car l'amour est plus fort que tout.
Mais ça marche encore une fois... ça tient plutôt sur le dessin, un peu figé ; du coup, certaines planches plus dynamiques marchent moins (celle des bagarres notamment).



un extrait sur bedetheque
http://www.bdgest.com/preview-1157-BD-el-paso-recit-complet.html

Un road-movie sensible et efficace ! On se laisse tout simplement prendre au jeu !
Le dessin donne du relief et de l'épaisseur, et me fait penser à certains carnettistes ! J'aime beaucoup !

Bref, le tout se lit très bien !

ps : pourquoi avoir imprimé à Singapour ?

Voilà un bouquin qui me touche, qui me parle, qui fait appel à mes références. C'est apparemment tout simple et sans prétention et ça fonctionne.
En décrivant chichement quelques situations plus ou moins clé de leur rencontre, les auteurs nous place au centre de la construction de cette relation complexe qui deviendra complice. Tout juste relié par le lien ténu qu'est la mère de l'enfant et de la maitresse du père, les deux héros s'affrontent, s'accompagnent puis s'entrainent au fil des pages, pour finalement renouer les liens indestructibles de la filiation.

Fruit d'une rencontre basée sur un malentendu, ce gosse va retrouver son père qui l'entraine dans des séquences improbables. Dans une grande intelligence, on échappe au happy end de rigueur et c'est tant mieux car l'espoir est né. Plus personne n'a envie de rester au fond de l'eau.

Le fond est si prenant qu'on en oublie la forme. Le dessin est magnifique et, comme dans toute BD réussie, rentre au service du récit. Simple et efficace, le découpage est mis en valeur par des cadres soignés qui en disent long par leur rythme et par la construction des pages. C'est du très bon travail qui donne envie de lire l'album précédent de l'auteur. La technique utilisée colle parfaitement à l'ambiance. J'aimerai bien voir une planche originale, ce doit être magnifique.

De plus, les éditions Sarbacane ont fait un bel objet avec une jaquette souple à rabats et un papier très épais, on ne boude pas son plaisir !

Allez, un petit rappel concernant la venue des auteurs ce samedi !

De prime abord, assez enthousiaste, on connait et on aime Ducoudray, je ne connaissais pas Quignon, mais les illustrations m'ont sautées aux yeux en quelque sorte et je me suis dit... Parfait voilà un titre intéressant! Au niveau de l'ambiance, aucune déception, vraiment ces couleurs, ce graphisme, tous les éléments sont réunis afin qu'on sente la chaleur du soleil, l'omniprésence de la lumière, le bruit des enfants dans la piscine, et l'odeur du temps qui habite ce désert.
Je reste bien moins convaincue par le scénario. les évènements s'enchainent certes, avec logique, on voit cette relation évoluer pour prendre fin brutalement. Mais voilà entre les deux temps qui ouvrent et clôturent le souvenir de cet enfant, je ne me suis vraiment pas retrouver. Pourtant, je me sens toujours concernée par les enfances difficiles et les rapports complexes au Père, pétris d'inconnu, d'une forme de violence et de moment de complicité. Je crois que cette énumération est bien présente et dignement traitée dans l'histoire, mais définitivement et je le dis à regret, il m'a manqué quelque chose...

Et bien, moi je vous le dis, on fait bien de sélectionner les belles histoires de Ducoudray. J'ai eu la chance de pouvoir bien échanger avec les auteurs cette après midi et ce fut un moment très agréable et très enrichissant. D'abord, ils sont tous les deux forts sympathiques et même si Bastien Quignon est moins bavard (il faut dire qu'il avait des dessins à faire), Aurélien Ducoudray nous a livré plein de secret de fabrications et c'est toujours intéressant de savoir comment un auteur travail. Par exemple, les planches originales sont à peine plus grandes que le format du livre et les couleurs sont plus vives à l'écran. Aussi, l'impression à Singapour est un pur choix de l'éditeur.... Voilà, c'est très résumé comparer au temps passé sur place.

Encore une fois, merci les libraires !

Effectivement , c'était excellent , comme toujours , merci !

Bastien Quignon nous a fait de magnifiques dédicaces , on osait à peine lui parler de peur de le déranger !
C'était très agréable de discuter avec un scénariste , Aurélien nous a d'ailleurs confié quelques confidences sur la conception de "la faute aux chinois" et le coup de main donné par Luc Brunschwig , et quelques infos en avant première sur la suite de Békame , ça promet.

Je reviendrai par ici quand j'aurai lu El Paso , le bel après midi d'hier pourrait peser dans la balance en cas d'hésitations avec un des trois autres livres , dommage de ne pas avoir croisé d'ailleurs plus de membres du jury , c'est pas tous les mois qu'on a la chance d'avoir les 2 auteurs d'un titre sélectionné !

Quelques photos sur la Page de la librairie.

désolé...
je serais venu avec un plaisir non feint, album particulièrement beau, qui aurait donné une belle dédicace j'en suis sûr !
Mais bon, j'étais un peu loin, coincé en haute-corrèze.

vivement la prochaine !

Rencontré Bastien à Saint Etienne la semaine dernière et pris ce weekend donc ...................

Joco a écrit:

Aussi, l'impression à Singapour est un pur choix de l'éditeur...

Merci d'avoir posé la question !

Pour ma part, je n'étais vraiment pas loin mais devais m'occuper d'amis parisiens, loin voire très loin d'être amateurs du 9ème Art... mais Didine m'a donné ses impressions à chaud juste après sa très très belle dédicace !!!

C'était une lecture sympathique mais quelque peu anodine. Durant la lecture, j'ai trouvé plusieurs passages franchement réussis (je ne me souviens plus trop, je n'ai pas gardé le livre). La fin est un peu "culcul-la-praline". Mais bon, ça ne m'a pas fait de mal.

Superphane a écrit:

La fin est un peu "culcul-la-praline".

Là, je ne comprend pas ce qui peut te faire dire ça !

J'ai mal orthographié... il fallait lire Cucul la praline.
Je veux dire par là que cette fin m'a rappelé l'un des meilleurs épisodes de la saison 6 de ma série favorite où Charles Ingalls adopte le jeune Albert, enfant vivant de menus larcins et cirant les chaussures dans les rues de Winoka. Charles tentera de remettre le jeune garçon dans le droit chemin et finira par se reconnaître dans ce t enfant vif et débrouillard qui rejoindra alors le cocon familiale de Walnut Grove. C'est un peu le même scénario dans El Paso mais les rôles sont inversés. On ne se retrouve pas à la maison, c'est vrai aussi mais avec la photo, on est un peu tous ensemble quand même.
Tu peux donc comprendre combien ce terme n'est point péjoratif dans ma bouche et je le répète de temps en temps, un peu de bons sentiments, ça fait beaucoup de bien.

En clair c'est un peu la même chose mais ça n'a rien de commun quoi

Ni à l'eau de rose , ni culcul la praline cette belle histoire une simple tranche de vie traitée avec réalisme et magnifiée par le dessin de Bastien et c'est tout

vraiment magnifiée, parce qu'en terme de scénario, c'est quand même niveau 0

C'est vrai que je trouve le scénario un chouilla plus faible que celui de la famille Ingals.

Superphane joue la provocation à mort. Je lui accorde donc un smiley qui, à n'en pas douter, le comblera d'aise :
Je ne crois pas qu'il faille chercher dans El Paso autre chose qu'un instantané, un court moment de vie, le seul finalement qui permettra au père et au fils de se confronter, s'apprivoiser. C'est drôle, ce road trip m'a rappelé un chouette film, très court lui aussi, Papa. À la différence que dans le livre de Ducoudray et Quignon, l'élément dramatique ne s'insinue pas progressivement, il est lâché d'emblée. Et c'est plutôt malin puisque le flash-back héritera de la tension que laisse entrevoir le début. Les moments de complicité qui suivront ne sont peut-être pas aussi bien retranscrits que la quiétude qui règne dans une petite maison de l'ouest, mais j'ai su y déceler beaucoup de sensibilité.
Ce qui est certain, c'est que le livre que nous tenons et dont nous déplorons tous (à commencer par les auteurs) le lieu d'impression, brille avant tout par la qualité des sanguines de Quignon. Ce jeune dessinateur a un talent fou, tous ceux qui étaient à la dédicace de samedi dernier pourront en témoigner. Il y a peut-être des petits problèmes de lisibilité sur certaines cases mais c'est évident qu'un tout bon est en train de naître !

Merci pour ce petit smiley qui me beaucoup !
Je te rejoins sur le très joli dessin et le manque de lisibilité de certaines cases .
Et je redis le plaisir modeste que j'ai eu à lire cet album.
Je tiens d'ailleurs sur le champ à remercier (Benbecker sort de ce corps !!!) pour l'occasion mes libraires, ce que je fais trop peu, qu'on se le dise.

Les bras m'en tombent ! Comparer ce livre avec le aventures de la famille Ingalls ! Ce n'est plus de la provoc, c'est de la mauvaise foi manifeste.
Et si ce scénario est léger que dire de celui des "enfants pâles" ?

qu'il est meilleur.

Cher Joco !
Des analyses sanguines effectuées cette semaine révèlent chez moi un trop fort taux de tryglycérides... J'ai effectivement mauvais foie.

J'adore vos échanges !

Et je crois que Superphane est tombé amoureux de moi !

Eraserhead, c'est un point de vue.
Superfane, je ne voit pas du tous se que tu veuts dire. EDIT : et pour ton hypertriglycéridémie, tu peux quand même venir mercredi, je te ferai des crudités sans sauce et je t'offrirai un grand verre d'eau ! (pense quand même à apporter du vin)