La Sorcière, de Benoit Guillaume (Actes Sud BD)

La sorcière, c'est l'histoire de Lucie, sorcière au maigre talent, qui voit ses liens familiaux se déliter peu à peu. Délaissée par ses filles jumelles bien plus douées qu'elle et loin d'être capable des prodiges de sa mère, Lucie endosse l'habit de « la sorcière mal-aimée ». Grand livre sur la solitude, le roman de marie N'Diaye est ici adapté sans presqu' aucun mot laissant la place à des images aux couleurs envoutantes et à la violence contenue.
Une adaptation plutôt convaincante.

Couleurs et dessins magnifient cette histoire pleine d'incompréhensions, de cruauté et effectivement de solitude.
Des vies envolées et volées autour de portraits glaçants et attachants pour des destins croisés, ordinaires et extraordinaires.

De très belles planches, en particulier sur les métamorphoses des jumelles, et une histoire tout en finesse et à demi-mot
donnent à ce récit une lecture atypique et très plaisante.

La Sorcière est un beau livre, qui questionne en terme narratif. Il y a des éléments particulièrement intéressants quant au fantastique, mais qui ne sont, de mon point de vue, pas du tout ce qui intéresse l(es) auteur(s).

Ces pages dégagent une tristesse profonde ; il n'y a pas que l'escargot sur sa feuille qui est seul, mais la mère, les soeurs aussi, toute la famille !

C'est un naufrage pour la mère ; mais avenir pour les filles qui s'émancipent.

A relire.

à part de la compassion pour cette pauvre sorcière abandonnée et rejetée par tous ceux qu'elle aime, je n'ai rien trouvé dans ces pages qui puisse me donner l'envie de voir l'ouvrage poursuivre son chemin vers le sheriff : dessins vraiment brouillons, scénario difficile à suivre quant aux lieux, aux époques et même aux personnages parfois difficiles à identifier... vraiment pas convaincue par cette lecture.

J'ai l'impression que le récit se cherche sans réellement se trouver entre un monde fantastique et mystique et un monde réel et contemporain, on cherche alors de la crédibilité là où il n'y en a guère et on mets de l’ésotérique sur des pré occupations pourtant bien concrètes, très bancal.

J'ai trouvé l'ensemble brouillon, le récit se délitant sur sa dernière partie. Cela manque de respiration et de pause dans la lecture, les événements s'enchainant souvent de façon trop rapide, sans liant réel et de manière parfois farfelue, entre l'histoire de la mère, des parents, des filles, de la voisine et même du centre en fin d'album. Vraiment too much et pénible sur la longueur. Pour le dessin, de belles couleurs dans un ensemble là aussi trop brouillon, du sous "cinq mille kilomètres"...

eraserhead a écrit:

La Sorcière est un beau livre, qui questionne en terme narratif.

Va falloir que tu m'expliques quand même, on en parlait avec Fab à midi, je ne vois pas trop quel type de questionnement ce livre apporte d'un point de vue narratif ? Je l'ai trouvé d'une incroyable platitude et d'une linéarité fort classique et singulière !

Je voulais dire qu'il soulevait en moi des interrogations, des choses que je n'arrive pas à m'expliquer... Qui fonctionnent, de mon point de vue, assez mal.

Je suis d'accord sur le fait que cela fonctionne assez mal, j'ai trouvé l'idée des corbeaux assez maladroites et les yeux qui saignent assez grotesques. J'ai débuté la lecture de l'homme gribouillé de Lehman et Peeters où nous suivons les aventures de trois femmes sous fond de fantastique (Fille, mère et grand-mère), je trouve cela bien plus consistant et inspiré (même si je n'en suis qu'à la moitié).

La vraie question, c'est comment aller au bout ! pffff

La sorcière, c'est le surnaturel qui s'invite dans le quotidien. Le merveilleux devient normal, banal, et le banal semble invraisemblable.
Je trouve ce renversement plutôt réussi dans le livre et je trouve au contraire qu'il délivre quelques images assez fortes, avec notamment une belle utilisation des contrastes entre planches de couleurs chaudes et planches de couleurs froides.
Si le livre n'est pas parfait (je ne sais si je vais d'ailleurs voter pour lui), je suis relativement étonné qu'il vous déplaise autant alors que vous sautez à pieds joints sur le récit éculé, grotesque et poussif, aux dessins techniques et démonstratifs, de Bernard et Flao.

Balayer le livre d'un revers de manche est un peu simple.

https://www.franceculture.fr/emissions/le-reveil-culturel/benoit-guillaume-ce-livre-nest-pas-la-pour-montrer-quelque-chose-de-magique-mais-decrit-la-france

Ça vous fera pas de mal...

...et n'hésitez pas à vous plonger dans les livres de Marie Ndiaye, qui sont, sans discussion possible, vraiment formidables !

Rabat-joie!
Vous manquez de sensibilité... voilà tout

Je persiste à dire que c'est un très beau livre.
Et merci Superphane, voilà bien ce que j'aurais voulu dire!

Que le surnaturel intervienne dans le quotidien, pourquoi pas ? Que ça délivre des images fortes, je ne suis pas d'accord. Images. Moi je trouve le dessin très peu technique, très peu maîtrisé, les personnages se confondent, les décors sont noyés dans un flou peu artistique qui souvent occupe plusieurs pages d'affilée dans une forme de remplissage qui n'a rien de narratif. Fortes. Je suis sensible au sujet, pas à sa démonstration. Oui, on est toujours seul, même si on peut paraître plusieurs. Non, on n'est jamais reconnu à la hauteur de l'énergie qu'on déploie, surtout par ceux qu'on pense être le plus proche de nous. Le postulat n'est pas ici magnifié (pour ne pas dire que sa démonstration même ne présente que très peu d'intérêt), je n'y trouve aucune occurrence artistique, c'est-à-dire qui permettrait une lecture particulière du monde à l'aune d'un langage original.

Alors là je ne suis pas d'accord. Le surnaturel dans le réel, avec plaisir mais dans Sorcière, c'est au mieux inutile et en général carrément contre-productif.
Je ne reviendrai pas sur le dessin, Fred a tout dit des défauts techniques qui rendent la lecture au minimum difficile. La démonstration ? Il n'y a en pas vraiment, tout juste les situations sont-elles plaquées les unes à la suite des autres, on comprend bien on l'auteur veut en venir, ce qu'il essaie de dire mais sa façon d'y arriver est assez peu intéressante.

Mais les amis...
Où avez-vous vu qu'un livre doit forcément "démontrer" ???
On n'est pas dans un exercice mathématique...
A-t-on lu beaucoup de livres qui nous propose une "lecture particulière du monde" ? On se calme...
C'est bien facile de dire qu'on est ni chez Proust,  ni chez Flaubert... On dit juste que c'est plutôt bien ! Et que vous êtes bien sévères !

Je n'ai pas souvenir de bande-dessinée abordant le thème la solitude en prenant appui sur un personnage autour duquel tout se délite, tout se dérobe : constamment entourée mais vite délaissée (par son mari, ses filles, ses parent, ses relations...), Lucie bascule dans une vie incertaine et angoissante qui est davantage celle de la solitude que de la sorcellerie. Je ne connais pas beaucoup de romans (et de bd d'ailleurs) où le fantastique s'intègre de façon aussi naturelle au quotidien le plus banal. le fantastique est ici un prétexte, un révélateur (et ce n'est donc pas "inutile") qui permet d'aborder des thèmes plus essentiels comme la famille, le couple, le rejet de l'autre...

Si l'on peut trouver des défauts au livre, c'est peut-être en terme de rythme ou au niveau des scènes ancrées dans l'actualité qu'il faut chercher.

Superphane a écrit:

Je n'ai pas souvenir de bande-dessinée abordant le thème la solitude en prenant appui sur un personnage autour duquel tout se délite, tout se dérobe :

Persépolis, Cœur glacé, La tour (Les cités obscures), Ici même, La saga de Grimr, Junker, Les amateurs, par exemple

Remplaçons démontrer par développer, si tu préfères re-

Et des livres qui proposent une lecture du monde, c'est-à-dire un langage original, unique, inédit, sensible, clairvoyant, précis, capable de traduire la vie par de la chair, heureusement qu'il y en a un peu chaque année, sinon je me demanderais encore plus ce que je fais là re-re

Lecture très pénible, tout m' a semblé très décousu, sans cohérence, quelques belles planches malgré tout, cela en devient surprenant.

Quand j'ai feuilleté cet ouvrage la première fois, les couleurs chaudes de ses pages m'ont fait penser (ouhhh j'entends déjà le tonnerre!!! ) à "5000 km par seconde". Certes le récit est parfois décousu et le dessin un peu brouillon mais cette sorcière qui sombre dans la solitude a su me toucher.