La terre disparaît, alors que le Cosmonaute reçoit la visite d'une étonnante jeune femme aux cheveux longs. Les deux événements semblent liés, et perturbent à ce point l'équilibre spatial que la navette du Cosmonaute est projetée sur une planète étrange, dans les méandres de laquelle il finit par se perdre, malgré la protection de sa femme robot, Céphalée. Seule la jeune femme aux cheveux longs s'en sortira, en capturant le mystérieux docteur Maganèse, responsable de tout.
La Planète Impossible, c'est un cliché de SF. Une planète apparaît là où on ne l'attend pas, quelque chose cloche dans l'espace, et c'est toute la compréhension de l'univers qui est bouleversée. On sait aussi qu'il y a quelque chose de mental dans l'affaire. Une perturbation qui se loge davantage dans l'esprit du personnage.
Joseph Callioni use des clichés avec beaucoup d'amusement, avec aussi beaucoup de second degré, de recul. Son album est drôle, léger, et invite bien plus à vagabonder dans les méandres de son dessin foisonnant, mais tout en finesse, que dans les rouages finalement peu pertinents d'une intrigue vite délaissée au profit d'une errance psychédélique.
Une Planète Impossible, et on pense immédiatement à L'Orphelin de Perdide, dont René Laloux a tiré l'excellent Les Maîtres du Temps. Or, graphiquement, l'album de Joseph Callioni doit bien plus au Topor de La Planète Sauvage qu'à Moebius, même si le monde d'Edena n'est jamais très loin. Entre ces références évidentes, on percevra aussi, pour le trait fin, pour le noir et blanc évanescent, un rapprochement avec José Roosevelt, dont nous avions dit ici (
https://espritbd.superforum.fr/t2342-ce-de-roosevelt) beaucoup de bien.
Alors oui, les dialogues paraîtront peut-être parfois un peu vains, mais c'est qu'il n'y a pas grand'chose à dire sur cette Planète Impossible, que la conversation ne mène souvent qu'à une nouvelle source d'insatisfaction, d'incompréhension, d'oubli.
Ils sont surtout sous-tendus par une bonne dose de second degré, empreint d'un humour décalé, plein de non-sens, que l'on trouvait déjà dans Tales From Dumb Owl, le premier livre de Joseph Callioni, publié aux éditions Anathème. De celui-ci, La Planète Impossible a aussi hérité une progression par épisodes, qui advient surtout dans la deuxième partie, sur la planète-cerveau.
Outre ces deux livres, Joseph Callioni a été publié par le site Coconino :
http://www.old-coconino.com/village/fch_auteurs/fch_callioni.htm.
Il produit également des pages pour les fanzines de the hoochie-coochie, et d'Atrabile.
Nous ne redirons pas tout l'intérêt qu'il y a à soutenir les éditeurs comme Atrabile. Leurs livres sont un espace de liberté pour la bande dessinée qu'on aime, novatrice, vénéneuse, érudite, ou délirante. Avec La Planète Impossible, l'éditeur genevois sort encore une fois un bien beau livre.