CE rêve, et pour un immortel, cela n'est pas banal. C'est même le seul... Voilà pourquoi CE est invité à pénétrer le monde des mortels, une cité souterraine, et à y retrouver Merlin, un mage fort intrigué par les capacités de CE. À moins que ce ne soit l'homme du rêve qui rêve de CE...
Voilà une lecture qui restait dans ma pile sans que je m'y plonge encore... jusqu'à hier.
Et il s'agit bien d'une plongée. Le monde imaginé par José Roosevelt dans cette série est complètement addictif !
La série est publiée à raison d'un épisode par an depuis 2007 aux éditions du canard, spécialement fondées pour éditer les œuvres de José Roosevelt. Ayant tenté plusieurs expériences de publication, il a fait ce choix afin d'être libre de ses mouvements, et de publier ses albums au format qu'il souhaite, généralement plus grands que la moyenne et en noir et blanc.
Il existe 5 volumes de CE. La série est ensuite regroupée en 'intégrale' 3 par 3. C'est donc le premier tome de l'intégrale que j'ai pu lire, le deuxième étant prévu pour fin 2012 (aaargh!).
Dans le premier épisode, CE découvre l'univers du secteur Crécy, que lui fait visiter Merlin, un homme aux nombreux pouvoirs. Il y rencontre Victoria, une amie de Merlin. Merlin espère, en étudiant CE, réussir à sauver les Humains, devenus stériles.
Le deuxième épisode est le rêve de CE : il essaie de s'échapper du bâtiment H en compagnie d'une femme ailée, nommée H29, qui ressemble à s'y méprendre à Victoria.
Le troisième épisode est construit autour du carnaval, durant lequel les humains essaient de se reproduire. CE, fasciné par son rêve, tente de retrouver Victoria, aidé en cela par la jeune sœur de Merlin.
Ces pitchs rendent assez mal la globalité de cette œuvre dense, chargée de référence à la littérature (Alice au pays des merveilles en tête), au cinéma ou à la bande dessinée. Si Roosevelt cite volontiers Lynch ou Moebius comme influences pour ses livres, la grande inspiration pour cette série me paraît plutôt à chercher du côté du HP et Giuseppe Bergman de Manara. Même noir et blanc hachuré, même légèreté, même érotisme un brin pervers, les deux œuvres semblent aussi fondées sur le rapport au rêve et son influence sur les personnages.
Mais si dans HP et Giuseppe Bergman le rêve envahit très vite la place, rendant le récit picaresque assez délirant, dans CE au contraire on sent un calcul, on a envie de croire en tout cas (on n'est qu'au début de la série), à une organisation générale de toutes les pistes lancées, de tous les éléments distillés petit à petit dans ces trois premiers volumes.
On a envie par exemple que tous les éléments du tableau que CE s'attribue, en « l'éclairant » (tous les tableaux du secteur Crécy sont plongés dans le noir – et l'univers austère duquel CE vient en est dépourvu), une grande fresque très cérébrale, prennent du sens au fur et à mesure de notre lecture...
pour découvrir...
http://www.juanalberto.ch/bd.htm