Cinq mille kilomètres par seconde de Manuele Fior

Il m'aura fallu traverser les Alpes pour ma première bande-dessinée de l'année 2010. Un auteur italien, un éditeur helvète. Une invitation au voyage et à l'exotisme qui ne devrait pas poser de problème si on fonce à 5000 kilomètres par seconde, soit la vitesse de déplacement de la galaxie dans le vide cosmique.

On ne lit pas à une telle vitesse un chef d'oeuvre contemplatif, appellant le lecteur à admirer chaque case comme un travail d'orfèvre et de composition à l'aquarelle. Chaque chapitre unit les pages par un ensemble d'univers et de couleurs selon les pays et les voyages des personnages.

Je n'en ai pas encore terminer la lecture, tant elle me donne envie de me poser, d'accompagner les deux jeunes garçons et la jeune fille dans leurs péripéties, dans l'histoire de leur vie.

Magnifique !

Magnifique ! Effectivement !!!!

J'ai lu, j'ai adoré, vraiment. Mais j'attends d'avoir le temps d'ouvrir mon cœur plus tranquillement pour en dire plus. Il y a des pensées qui demandent à murir avant qu'on ne les partage.


A propos de la planche ci-dessus, je vois que tu as fait quelques recherches, non ? Elle ne provient pas du livre, elle est sur le dossier Flirc (ou Flicr ou ... je ne sais plus..) de l'auteur. En effet, les deux dernières cases ne sont pas les mêmes dans le livre..... Intéressant, j'aimerai bien savoir pourquoi ?

Oui, je n'ai pas compris non plus. Celle du livre est mieux choisi, elle a un autre rythme...
Je trouve que c'est intéressant de voir une autre version, car elle présente sensiblement la même chose (la séduction) et montre comment on pouvait faire autrement. Ca mets plus en exergue le choix de l'auteur.

Le début est tout simple, le début c'est le hasard, une rencontre déterminante qui aurait pu n'avoir jamais eu lieu pour peu que les circonstances eussent été seulement un poil différentes. Et comme certaines rencontres, celle de Lucia, Piero et Nicola va s'inscrire dans le temps. Parce que le temps est le maître d'oeuvre du récit.
Le voyage aussi. Cinq mille kilomètres est cadencé en cinq chapitres qui emmènent le lecteur d'Italie en Norvège et de Norvège en Egypte, pour mieux revenir (ou moins bien) en Italie. Les séquences sont courtes dans le temps, mais le temps qui les sépare une éternité. Et c'est toute la force et l'originalité de la narration. L'écriture des scènes, la qualité des dialogues et toute la sensibilité qui en émane, permettent de mesurer à sa juste valeur le temps que l'ellipse a gommé.
L'histoire est simple, ça ne servirait pas à grand chose de la résumer, la vie, quoi, le bordel. Mais l'émotion se vit au rythme des pages de Manuele Fior, de ses splendides aquarelles et de la diversité des palettes et des attitudes qui expriment les silences.
Et on ressent une infinie justesse.

chaque fois que je vais à Angoulème et que Manuele Fiore est là je profite de sa présence pur une magnifique dédicace, Icare, Les gens le dimanche, 5000 km par seconde, j'adore tout ce qu'il fait, c'est vraiment à chaque fois différent, dommage que les gens manquent à ce point de curiosité, on n'est pas nombreux à aller le voir, je conseille tous ses albums (même celui chez Delcourt) Norbu

J'avais hâte que Can revienne avec la selection pour lire 5000km par seconde et là,énorme déception ,je n'ai pas été touchée.Pour moi,aucune émotion n'est présente, les personnages ne me sont pas devenus familiers (peut être que le dessin y est pour quelque chose),bref,j'attendais mieux.

Une petite interview de l'auteur ICI

J'ai trouvé ça triiiiiiiiiiste !!! J'ai pas aimé. C'est horrible, on a l'impression qu'ils ont tout raté...

Même si le dessin est extra, sacrées aquarelles, des couleurs éclatantes...

Bah j'aime pas l'histoire !!!

J'ai adoré, tout simplement !!!
Un récit intime, plein d'émotions et de justesse !!! Des personnages auxquelles nous nous identifions facilement et, par la même occasion, nous nous attachons !!! Une maîtrise scénaristique et graphique insolente !!! En bref, une sacrée de putain de lecture pour débuter ce nouveau Shériff d'Or !!!
Restons Maître de notre Destin... ou pas !!!

Une petite dédicace d'Angoulême :

Ouuuuaahhhhh !!!!!

Joco a écrit:

Ouuuuaahhhhh !!!!!

Nom d'un Zeeuuussss :::

fred a écrit:

Les séquences sont courtes dans le temps, mais le temps qui les sépare une éternité. Et c'est toute la force et l'originalité de la narration. L'écriture des scènes, la qualité des dialogues et toute la sensibilité qui en émane, permettent de mesurer à sa juste valeur le temps que l'ellipse a gommé.

tout a fait d'accord avec ça !
la densité tient très clairement au rythme du récit
le trio des personnages est attachant, vrai ;
l'aquarelle accompagne assez heureusement le côté 'drame bourgeois'.

Belle lecture pour mon premier livre de la sélection 'sheriff'

C'est un livre tout en lumière que nous offre Manuele Fior. Les aquarelles de ce fort talentueux dessinateur sont tout simplement sublimes. C'est un plaisir perpétuel pour les yeux que ce livre là !
Chaque planche est une découverte, chaque case apporte du sens. Le découpage et les cadrages, bien que très classiques, fonctionnent bien. Ce livre est un petit bijou graphique.

Tout ça est bien beau. Et l'histoire ? Et bien, moi, elle m'a bien plu cette histoire. Le découpage en cinq périodes qui n'ont aucune unité de lieu ni de temps est très bien vu et très bien exploité. Cette tournure donne une ampleur à l'histoire et une forte épaisseur aux personnages. Ces derniers sont très attachants. Les ados du début, comme les adultes qu'ils deviennent, sont décris avec humanisme et réalisme. On partage leurs sentiments, leurs peines et leurs joies, leurs doutes. On a mal pour eux de ces rencontres ratées, on aimerait les aider dans leurs quêtes. Mais on est content, aussi, d'être simple spectateur de leurs joies, de leurs bonheurs et de leurs fantasmes.

Bref, je trouve que ce livre provoque une sorte d'amalgame avec le lecteur tant il est bien raconté. C'est un très bon moment de lecture avec de la poésie, de l'amour et de la tristesse aussi, une belle leçon de vie.

Autant j'ai été ébloui par les superbes aquarelles, autant je suis resté un peu en dehors de l'histoire.
J'attendais sans doute trop de ce 5000 km/s ou bien je ne l'ai pas lu au bon moment ou dans les bonnes conditions ? Je ne sais pas, mais j'ai le sentiment d'être un peu passé à côté

Je ne l'ai pas encore lu ça mais je suis tombé amoureux du très "edwardmunchesque" Mademoiselle Else, du même auteur. On a en tout cas affaire à un aquarelliste virtuose. S'il y en a qui ont lu les deux et fait la comparaison...

Alors que certains auteurs à grand succès s'entêtent à écrire des séries à rallonges de X tomes , de X saisons sur le destin , Manuele Fior traite ici le sujet avec la plus grande simplicité et c'est une très belle réussite.
Cet album m'a donné un sentiment d'évasion , les couleurs et les aquarelles sont magnifiques , dans ce nombre de pages même pas définis , on se plait à suivre les destins croisés de ces trois êtres , on a envie de rentrer dans leurs vies pour leur parler.
J'ai particulièrement apprécié la justesse des remarques notamment à propos des voyageurs , qui seront toujours des étrangers qui ont cessés d'appartenir à l'endroit qu'ils ont quittés.

petite séance de rattrapage pour moi, il était plus que temps !

oui c'est triste, mais c'est beau ... magnifiques lumières, sensibilité, finesse, c'est bien simple on dirait que ça a été écrit par une fille... (c'est un compliment, hein !)

voilà qui bouscule mon tiercé, rhalala....

naphtalene a écrit:

petite séance de rattrapage pour moi, il était plus que temps !

oui c'est triste, mais c'est beau ... magnifiques lumières, sensibilité, finesse, c'est bien simple on dirait que ça a été écrit par une fille... (c'est un compliment, hein !)

voilà qui bouscule mon tiercé, rhalala....

Pour une fois qu'on se rejoint sur un album , j'ai adoré 5000 km/s

relu hier soir , les mois ont passés et cet album n'a rien perdu de sa superbe , seconde lecture intéressante où je me suis concentré sur d'autres aspects , notamment la façon de raconter à merveille un amour raté.

Place de finaliste entièrement méritée , surtout que Sutures de David Small avait été un adversaire de taille

Na na nèreuh !

J'aurais du mieux le défendre pour qu'il devienne notre Sheriff d'Or.

Devant Asterios Polyp... C'est du grand n'importe quoi... (même si sur les trois derniers en course chez nous, c'est celui que je préférais...)

Je suis vraiment très content pour Manuele Fior, il le mérite amplement !

Je n'ai pas lu Asterios Polyp. Je ne peux pas les comparer.

Je suis peu surpris, car Baru avait annoncé avant le festival la couleur de ses préférences. Et avait d'emblée éliminé Asterios Polyp, soulignant qu'il avait été peu touché.

Je pense que l"on retrouve deux éléments assez communs avec l'univers du Président du festival. Tout d'abord, il s'agit d'un album en dehors des sentiers battus. Sans être expérimental, il sort des circuits des albums aux potentialités commerciales. Il possède sa simplicité, comme les albums de Baru chez qui on retrouve ces personnages simples, qui vivent intensément ou ont vécu intensément.

L'autre point commun, c'est évidemment la thématique de l'immigration. Même si c'est indirectement abordé dans l'album de Manuele Fior, il y a tout un axe de lecture sur "être un étranger à l'étranger". La fille s'exile à l'autre bout de l'Europe, le garçon traverse la Méditerranée. Ils y seront seuls, loin de leurs familles, de leurs proches. C'est un élément qui n'a pas pu échapper à Baru, qui évoque systématiquement l'immigration dans ses albums. Un Africain dans Fais Péter tes Basses, des Polonais dans l'Enragé ou dans les Années Spoutnik, un Maghebin dans l'Autoroute du Soleil.

Un fils d'immigré aura donc récompensé un immigré. Et cela peut nous projeter sur le sens de l'immigration, son évolution. Quelle est la vision pour un mec de 35 ans, où la parole part à 5.000 km par seconde pour rester en contact avec sa famille ? Quelle est celle d'un gars qui a connu les difficultés d'être français quant il y avait du travail, puis soudain étranger quant il n'y en avait plus ?