Mort et vif, de Prudhomme et Hautot (Futuropolis)

La vie de Philippe Moline dit Flip, modeste employé des usines Deleter – leader mondial de la clé à sardines, s'effondre le jour où sa collègue et néanmoins amante Patricia le largue. Alors qu'il lui faisait une tour Eiffel en clés à sardines consciencieusement dérobées dans les stocks de son atelier. Alors que le patron s'apprête à mettre la clef sous la porte, ni vu ni connu, et à prendre la poudre d'escampette pour Malte. Il n'est plus que l'ombre de lui-même, mais alors que ses collègues découvrent le pot-au-rose de bon matin, eh bien lui, Philippe Moline, décide de tout larguer, et tombe sur un drôle de compagnon de route, qui part rejoindre son nouveau groupe de musique dans la montagne. Les voilà partis pour une équipée débridée, entre vie à 100 à l'heure et mort certaine.

Dans ce récit croisé entre la fuite de Flip et la cavale du patron, les auteurs peaufinent un équivalent en bd au montage parallèle et alterné du cinéma, sur toute la longueur de l'album.


À chaque livre, David Prudhomme change de style graphique. Cette fois, c'est toute la noirceur des hachures d'un stylo à bille accompagnant un récit désenchanté qui vous saute aux yeux et vous hante jusqu'au bout sans que vous puissiez reprendre votre respiration tant l'espace inter-iconique est réduit à néant. Un grand moment de bravoure ! (Fred)

Dans ma pile d'attente, je le glisse dans ma valise et vous fais un retour bien vite .

Livre à la fois classique dans son scénario et déroutant dans son traitement graphique, il sera intéressant de voir quelle trace il va nous laisser sur la longueur, en cela, faire nos sélections de façon rétroactive permettra d'avoir ce recul.

Avis donc pas encore totalement tranché en ce qui me concerne, se prêtant à exercice Oubapien dans son découpage, Prudhomme travaille et utilise la case avec excellence même si parfois cela "hache" un peu la fluidité de la lecture car on tendance à chercher à rattacher toutes les pièces de ce puzzle graphique ou les cases s'emboitent, s'imbriquent, se complètent, se mirent de façon très subtile pour former souvent une pleine page.

Alors oui, le scénario est quand à lui plus convenu, celui d'un homme à la dérive tant sentimentale que professionnelle, une usine à la fabrication désuète qui ferme dans laquelle s'opposent ouvriers et patrons crapuleux, sous fond d'humour et de chronique sociale, ce récit parvient à exister et embarquer le lecteur, grâce à une belle dynamique d'ensemble et une efficacité certaine.

Un héros composé simplement d'une silhouette noire et de yeux rouges qui parvient pourtant à nous happer est déja une belle prouesse. Un registre graphique fort dans l'ensemble et une mise en page très aboutie et pertinente avec un scénario qui tient bien la route (malgré le pastis), et on a une lecture fort plaisante!

Même si le traitement scénaristique n'est pas des plus original, on a tout de même ici un bel album de bande dessinée avec une inventivité dans le dessin, la construction des planches et la succession des cases qui fait plaisir aux yeux et au cerveau.
Il faudra surement en reparler....

de Fred

de Gaga

de Joco

La silhouette ne m'a pas emballé dans son voyage ; ce livre a sa place dans cette sélection finale, mais je n'accroche pas.