Djian a longtemps été mon écrivain préféré.
J'avais lu et aimé
37°2 le matin avant même l'adaptation au cinéma qui devint le film culte que l'on sait. J'adorais le style moderne et limpide de l'écriture, cette manière décomplexée de ruer dans les brancards et de faire flipper les gardiens du temple en supprimant les virgules dans un chapitre ou en conjuguant le verbe "éclore" au passé simple
J'étais sensible aussi à ses histoires et à l'épaisseur de ses personnages toujours situés en marge des canons de la société yuppie des 80's, ce à quoi j'aspirais dans ma propre vie. Il y avait une puissance incroyable dans ses récits, des romans comme
Echine ou
Maudit Manège m'emportaient littéralement (littérairement ...)
Après qu'il a signé chez Gallimard, j'ai décroché. Ou plutôt, je n'ai plus accroché. Le changement d'éditeur a coïncidé avec une "normalisation" de son style et de son inspiration et je l'ai perdu de vue.
Peyraud se spécialise donc dans l'adaptation de nouvelles littéraires.
Après m'avoir fait découvrir Marc Villard avec
Quand j'étais star, il me renvoit à Philippe Djian.
Mise en bouche a été publié dans
Les Inrockuptibles avant de faire l'objet d'une édition en
Folio simultanément à la parution de la bande dessinée. N'ayant pas lu le texte intégral, je ne peux pas dire s'il est en mesure de me réconcilier avec Djian. Par contre, l'adaptation m'a convaincu par sa qualité de mise en scène et l'élégance minimaliste de son dessin et sa mise en couleurs.
Il s'agit d'une histoire de séduction dans le cadre d'un évènement dramatique qui fit frémir le pays au début des années 90 : une prise d'otages à Neuilly concernant des enfants ébranla la France entière et certains cadres de la vie politique comme N.S. surent habilement en profiter ... Human Bomb retient les enfants, enseignants et certains parents d'enfants d'une école primaire en otages ; les personnages naviguent entre leurs histoires personnelles et les négociations avec H.B. dans ce huits-clos mélodramatique.
Il ne faut pas s'attendre à retrouver l'humour et la dérision de
Quand j'étais star, ce n'est pas le même écrivain. Mais Djian est si perspicace dans sa vision de l'humanité qu'on lui pardonne son sérieux, un peu comme on le fait pour Hemingway.