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 Labyrinthe, de Beauclair (Papier Machine)

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eraserhead
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eraserhead


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Labyrinthe, de Beauclair (Papier Machine) Empty
MessageSujet: Labyrinthe, de Beauclair (Papier Machine)   Labyrinthe, de Beauclair (Papier Machine) EmptyMer 13 Avr 2016 - 6:01

Labyrinthe, de Beauclair (Papier Machine) Couv111

48 cases imprimées en mauve, une couverture programmatique.
On parcourt en 12 pages un labyrinthe anguleux, qui ne nous mène nulle part, qui revient au même, mais qui pose quelques questions de géométrie dans l'espace.

Labyrinthe, d'Alexis Beauclair, comme La Cage de Vaughn-James, exclut tout personnage. La seule identification possible pour le lecteur est donc l'identification au regard, celle que Christian Metz a appelée l'identification primaire au cinéma. Labyrinthe nous ramène donc à l'essentiel. En bande dessinée aussi, nous sommes avant tout un regard. Un regard qui est ici invité à parcourir des lignes, réparties en 6 cases par pages. C'est bien la lecture séquentielle qui est une nouvelle fois poussée à bout, de la même façon que l'avait fait Marc-Antoine Mathieu dans 3 Secondes.

Labyrinthe, de Beauclair (Papier Machine) 70_img10

S'il y a deux cases, l'espace qui se trouve entre elles est constitué non seulement d'espace, mais aussi de temps. L'espace présent dans les deux cases n'est jamais le même, car du temps s'est écoulé.
3 Secondes et Labyrinthe prennent le parti d'un écoulement égal entre les cases. C'est d'ailleurs cet écoulement égal qui permet au regard du spectateur de s'installer dans le lieu, de l'appréhender.

Le labyrinthe rejoint, dans Labyrinthe, la figure d'une boucle, ruban de Möbius, et le regard reste prisonnier de la figure.
Or, étonnamment, la lecture est fléchée, elle ne peut pas se faire à l'envers par exemple. C'est bien par le choix des lignes, de leur inclinaison, de leur situation les unes par rapport aux autres, que le livre entraîne le regard du lecteur.

Le labyrinthe, s'il a tout ici d'une figure géométrique, est surtout une figure mythologique qui est liée à la monstruosité, et à la faute originelle. Il n'est pas neutre (bien que le dessin le soit absolument) d'enfermer le regard du lecteur ainsi dans un labyrinthe, tel un Minotaure condamné indéfiniment à errer dans ces couloirs vides. Que fait-il là, le regard ? C'est une question qu'on retrouve à longueur de pages dans La Cage, de Vaughn-James, et qui est sous-entendue ici.

Prisonnier d'un labyrinthe, on pense aussi à Danny errant dans les couloirs de l'Overlook, personnage qui, comme notre regard dans Labyrinthe* est enfermé dans un jeu vidéo primaire, comme le suggère cette relecture terrifiante de Shining (à regarder dans le noir, avec le son à fond) :


Labyrinthe est un petit ouvrage auto-édité, qu'on peut commander directement sur le site de l'auteur, qui a également dessiné Quasar Contre Pulsar aux éditions 2024 :

www.alexis-beauclair.com

* la référence au jeu vidéo est faite par Jessie Bi sur Du9 (http://www.du9.org/chronique/labyrinthe/)
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