Capitaine Mulet de Sophie Guerrive

Célestin Mulet est un capitaine aguerri et expérimenté, fier, courageux et volontaire, un brin insouciant mais très ambitieux.

Navigateur averti, fort de son expérience avec la barque de son père sur le lac de son enfance, il est tout aussi compétent dans l'art de la guerre, fort de son expérience de villageois et des querelles annuelles automnales pour le partage des marrons.
Et que dire de son talent de poète, plein de tact et de délicatesse, tout comme de son sens inné des relations sociales et diplomatiques.

Autrement dit, le capitaine Mulet était l'homme de la situation pour mener une expédition secrète commanditée par le Roy pour conquérir de nouveaux mondes.
Accompagné de Bienvenu, son fidèle - mais pas toujours, faut pas exagérer - compagnon d'aventure, il va braver tous les dangers, réels ou fantasmés.
Pas besoin de boussole ni d'astrolabe pour ce fier équipage : droit devant, à la conquête de l'envers du monde, guidé par les récits (approximatifs) d'Ulysse et par des rêves de gloire et fortune.

Une nouvelle terre inexplorée, voilà où ils finiront par s'échouer, et le Capitaine Mulet s'en fera roi, Bienvenu Chancelier, et le reste de l'équipage Contes et Ducs en tout genre. Ce sera Fonculotte la bien nommée!

Mais chassés par des Atlantes, des François ou peut-être par des démons, emprisonnés, à moitié brûlés et tourmentés de toute part, le capitaine Mulet et Bienvenu n'auront de cesse d'essayer par tous les moyens de reconquérir les terres de leur royaume déchu!

Ces multiples péripéties amèneront Célestin et Bienvenu à parcourir le monde, traversant des mers de sable, entamant même la dixième des croisades, bousculant la quiétude du couvent aux crapauds, pactisant avec le diable tout en le roulant, combattant farouchement aux cris de leur devise "Honneur et Profit" et même à vouloir tuer le Roy.

De Bordeaux à l'Atlantide (sans traverser la mer), du royaume du Pacha à Marseille, le capitaine Mulet multiplie
les audaces dans un périple plein d'humour, de naïveté et d'aventures poétiques et ubuesques.

L'aventure est menée tambour battant avec de multiples facéties dont l'absurdité et l'incongruité n'ont d'égales que l'humour décalé et ironique.
S'y côtoient reconstitution théâtrale de la nativité, chasse aux crapauds, combats épiques, mensonges et trahisons, commentaires théologiques
et philosophiques.


Un dessin noir et blanc tout en finesse, fourmillant de détails, précis et délicat, fait de fines hachures et d'un trait expressif.
De très belles planches minutieuses et raffinées qui collent parfaitement au récit tourbillonnant parsemé de symboles, tels le jeu de l'oie, la vision du monde rond (et de l'envers du monde) ou la ville du Pacha posée sur une mer inconnue (mais qui ressemble comme deux gouttes d'eau à du sable).
Peut-on aussi y voir p.146, une allusion au Petit prince? ou à Tintin et le crabe aux pinces d'or? (Célestin partageant, à l'instar du Capitaine Haddock, un goût pour les insultes imagées et prolifiques).

Finalement comme le dit Célestin : "Avec des escargots, des sortilèges et un poème, on peut faire des grandes choses".

Un dénouement glorieux ou pathétique, mais un dénouement à l'image du récit, ironique et très réussi.



http://sophieguerrive.tumblr.com/

Une lecture de "Capitaine Mulet" :

http://marsam.graphics/capitaine-mulet/

C'est sûr que l'on ne s'ennuie pas une minute avec cette bande d'histrions, le graphisme est remarquable, les compositions hyper détaillées viennent enrichir cette aventure rocambolesque, très réussi !

En lisant ce "Capitaine Mulet", on ne peut s'empêcher de penser à quelques personnages littéraires célébres :
- Candide, de Voltaire : comme lui, Mulet parcourt le monde, allant de désillusion en désillusion, échappe à mille morts ridicules et finit par trouver refuge dans son petit jardin bien clos, protégé de la réalité trop cruelle.
- Don Quichotte : Mulet, pris dans son orgueil, ré- interprète le monde et les hommes en fonction de ses phantasmes (sans la noblesse de coeur du héros de Cervantès)


Certaines pages rappellent les scènes de Bruegel dans leur foisonnement de détails et de mouvements.






Bref, derrière son aspect comique, c'est un livre très travaillé, aussi bien dans ce graphisme très précis et aéré (les grandes planches, variées, sont très réussies), que dans le traitement de l'histoire et les références culturelles qu'il comporte : une parodie des récits épiques, sans prétention philosophique ou satirique, centrée sur le personnage de Mulet et son incapacité à sortir de sa mégalomanie.
Une lecture riche, drôle et originale. Mais est-ce que j'aurais envie de le relire ? J'attends quelques jours, et je vous dis ça

Merci pour ce complément feufollet!
L'intérêt pour le médiéval est l'une des facettes du travail de Sophie Guerrive.

http://ionedition.net/livres/medievales/
http://salledesmachines.fr/sophie-guerrive/

Avec quelques illustrations savoureuses (et en couleur) du Capitaine Mulet

Il y a des pleines pages magnifiques. Je suis resté en pamoison devant les étoiles sur fond noir représentant le firmament. Les hachures créent de la profondeur et du mouvement. L'océan prends ainsi une âme comme un personnage supplémentaire.

L'auteur alterne avec des fonds noir ou blanc: un peu de repos pour apprécier la suite. On s'amuse aussi en parcourant le jeu de loi.

Le voyage d'un âne qui ne lâche rien participe aussi au plaisir de l'ingénuité.

Heureusement, le marque page permet de faire des pauses afin de ne pas se perdre dans le délire. L'overdose n'est pas loin...

Oui l'overdose n'est pas loin en effet et j'ai trouvé beaucoup de systématisme dans les chapitres, dans la construction et dans les enchainements, j'ai parfois eu l'impression de revenir en arrière. je n'ai pas grand chose à dire sur ce titre même en me creusant les méninges et cela m'embête un peu.
Alors certes le dessin de Sophie Guerrive est magnifique, mélangeant parfaitement la finesse, l'épure et la minutie ou le détail, alors certes l'éditeur a réalisé un très bon travail et le livre est très classieux, alors certes il y a ambition et démarche artistique, pourtant malgré tout ça, le récit ne m'a pas vraiment emporté et convaincu, en éveillant seulement quelques sourires forcés, ce qui est dommage. Je vais essayer de lui donner une seconde chance.

Au delà de la question de l'humour ou du ressort comique ( subtil Eraserhead) , auquel on adhère ou pas, il y a toute une dimension littéraire que Feufollet a très justement pointée du doigt, qui est également décryptée dans l'article d'Alain François que nous a mis en lien Gaga ; il est plutôt original de s'approprier ainsi la période médiévale, de s'en amuser autant, et de réussir malgré tout à nous ramener à l'absurdité des comportements humains, inchangée, elle, quelque soit le siècle ... la devise 'Force et profit' illustrant bien certaines quêtes contemporaines ...

Comme Manue, je ne pense pas que ce livre ait une vocation comique. Elle est dans la même lignée que "Candide" (je sais, je sais, peut-être un mauvais souvenir de lycée, mais très intéressant à relire une fois devenu adulte) et sert de révélateur de l'absurde et des orgueils humains.

Non, ce n'est pas un livre humoristique, mais de nombreuses situations comiques sont exploitées tout au long de ces péripéties.
On navigue entre naïveté et candeur, héroïsme et vanité, le tout teinté d'une absurdité romanesque.
Ou sourit, s'amuse des réflexions de Mulet et Bienvenu, et on savoure cette subtile interpénétration entre références médiévales et
leurs échos contemporains (merci Manue, merci feufollet je cite mes sources... on sait jamais)

Je suis rentré dans cette lecture petit à petit, me demandant au début où tout cela nous menait, puis me demandant ce qui pourrait comment pourrait finir ce récit sans que ce ne soit par une queue de poisson. Je trouve précisément la fin habile lorsque le roi met fin au trouble avec sagesse -une suggestion de traitement pour les amuseurs fatigants qui nous entourent ?

J'avais aussi pensé à Candide à la lecture et ce livre suggère quelques pistes de réflexions. J'ai trouvé intéressante, par exemple, la thématique de l'aveuglement, vécue par les héros malgré le faisceau d'éléments qui pourraient les détromper.

Je pense que la relecture sera intéressante -elle permettra d'explorer le foisonnement graphique. Je crois que le livre se prête aisément à une relecture par picorage -un chapitre par-ci, un autre par là… Le livre peut ainsi accompagner longtemps, trainant sur une table ou aux toilettes, toujours prêt à être refeuilleter.

Aucune overdose pour ma part, une lecture  de bout en bout avec grand plaisir. Une aventure tout en rebondissement, on pense à Sacré Graal, on pense à Candide comme l'a dit Feufollet.

Un très beau dessin avec énormément de détails, des pleines pages magnifiques avec des personnages hauts en couleur. Une histoire drôle mais aussi profonde et très grotesque.

Effectivement, nous avons une bonne base dans ce livre. L'excellent dessin, les idées, le traitement décalé de l'époque et les références à la notre mais je trouve qu'on ne va pas assez loin dans l'ironie et la caricature.
J'aurais aimé un peu plus mais peut être suis-je un peu trop exigeant.

J'ai l'impression de ne pas avoir lu le même livre que la plupart d'entre vous. Ça a été une lecture plaisante mais vraiment pas plus.
Malgré les qualités dénombrées et les explications de texte proposées, je ne vois toujours dans ce livre qu'un petit divertissement insipide, c'est déjà pas si mal mais c'est quand même très peu surtout pour le Sheriff.
C'est quoi Sacré Grall ? Certainement pas le film des Monty Python, tant on est loin de la maitrise de l'humour et de l'absurde de ceux-ci.

On n'est pas exactement dans le même registre que Sacré Graal, ok, mais Archi n'a pas dit : c'est le nouveau Monty Python en BD!!!!
On y pense, c'est tout, comme on pense à L'amour infini que j'ai pour toi en lisant Saudade, sans que les deux BD soient exactement comparables
Sophie Guerrive apporte tout de même une certaine finesse dans le traitement subtil de son histoire, finesse dans l'absurde, finesse dans les situations comiques, finesse dans le décalage et dans l'épopée.
Le tout est la fois délicat et incisif (et non insipide, je pense que ton correcteur d'orthographe t'a joué un tour Fab)

Je trouve le terme insipide injuste et exagéré moi aussi, si tu as été un minimum diverti Fab, c'est que ce n'est pas totalement sans saveur ...

fabulous a écrit:

je ne vous toujours dans ce livre qu'un petit divertissement insipide

voilà une phrase qui n'a aucun sens, je pense comme Gaga que tes doigts ont ripé sur les touches

divertissement oui, comme beaucoup de productions dont il est question ici
insipide pas d'accord du tout, ne serait-ce que sur le plan graphique

c'est une drôle et jolie trouvaille !

L'univers graphique a dominé la dimension littéraire pour moi ; c'est peut-être pour cela que je n'ai pas saisi ce que voulait nous dire l'auteur.

Soufflé par Superphane,
un article du9 (de Christian Rosset) sur Capitaine Mulet,
mais pas que (Vers la Ville, La Légèreté, Cabanes...)

A lire sans modération :

http://www.du9.org/dossier/pile-episode-un/

c'est toi qui as fait ça ?????

Tu pourrais faire unp astiche de Tintin, ça marche bien les pastiches de Tintin, plus que les pastiches de capitaine mulet 😉
(Bravo)

Gaga, président !!!!!

Waouh! C'est pratique tu peux te faire tes propres dédicaces

naphtalene a écrit:

c'est toi qui as fait ça ?????

ça... c'est plus qu'un compliment dis donc! (ou alors une franche moquerie!)

eraserhead a écrit:

Tu pourrais faire unp astiche de Tintin, ça marche bien les pastiches de Tintin, plus que les pastiches de capitaine mulet 😉
(Bravo)

Oui, mais c'est une position stratégique, on doit compter 20012444858577899 pastiches de Tintin, pour... 1??? pastiche de Capitaine Mulet!

Manue a écrit:

Waouh! C'est pratique tu peux te faire tes propres dédicaces

Je serai cette année à Angoulême, au 4e sous-sol de Kar4, 3e allée, sous le néon qui clignote :
Ne faites plus la queue!

Merci à tous en tout cas