Les cahiers japonais, d'Igort

Après la Russie et l'Ukraine, Igort met cap sur le Pays du Soleil Levant.


"(...) je rêvais du Japon depuis au moins 10 ans.(...) Qu'est-ce que je cherche ? Cette question m'accompagne désormais depuis presque 25 ans. Progressivement, ce lieu mystérieux m'est entré dans la peau. Langueur et nostalgie s'installant m'ont même amené à y vivre. Ce livre raconte la poursuite d'un rêve et la découverte d'une évidence, à laquelle il faut se rendre, que les rêves, on ne peut pas les attraper.."


Ces carnets de voyage rassemblent donc croquis et écrits réalisés lors de ses séjours au Japon, notamment dans les années 90, quand il s'installe à Tokyo pour travailler avec un célébre éditeur nippon.
Igort nous parle de son immersion dans la culture japonaise, mais aussi de ses lectures et échanges avec des artistes locaux, qui ont contribué à changer sa vie et son esprit.
Le livre mêle dessins délicats aux couleurs emplies de nostalgie, reproductions d'oeuvres qui l'ont touché, photos d'archives, planches de ces premières créations et textes parfois très longs sur des artistes japonais de toutes les époques. Son cheminement est tout autant artistique que spirituel, et il progresse dans une solitude ascétique parsemée ça et là de rencontres lumineuses.
L'ensemble est esthétique et didactique - et il se lit avec une lenteur qui frôle parfois la torpeur... Igort signe là une déclaration d'amour sincère et profond pour ce pays mystérieux qu'il s'est efforcé de découvrir avec douceur et respect.

Pour moi, cette bd est un pur roman graphique avec toutes les qualités du genre.

Le lecteur entre tout en douceur dans la culture japonaise grâce à une mise en abyme (la bd dans la bd) discrète et efficace.

L'esthétique flagrante et la grande élégance du dessin participent pleinement à la réussite de cette autobiographie digne d'intérêt, où règne une spiritualité rédemptrice ...

Très très belle lecture ...

Respect en effet pour ce très bel hommage à un pays fascinant, pour le très beau parcours de l'auteur et sa connaissance, il m' a été plaisant de retrouver des notions que j' affectionne tout particulièrement et surtout d'en découvrir d'autres, cependant j'ai trouvé qu'il manquait une structure à cet ensemble, peut-être que l'idée de cahiers énoncée dans le titre aurait méritée d' être plus approfondie ...Ce fut quand même une lecture très agréable et une belle invitation à se replonger dans cette culture à la fois sublime et complexe .

Le Japon est un monde qui semble pouvoir glacer ou enflammer. Je ne connais à peu près rien de celui-ci. Je lis les récits de chacun.
C'est une belle déclaration, des moments intimement partagés, qui ne m'ont pas bouleversé.

Pas de bouleversement non plus mais un intérêt qui n'a pas faibli au fil des pages. Mention particulière pour les couleurs fanées qui accompagnent la rêverie sur le temps qui passe

Bande dessinée en forme de carnet de voyage très belle et bien fournie. Igort devient l'homme qui marche dans ce pays aux multiples ressources artistiques. En lisant ce livre, j'ai repensé à Un zoo en hiver de Taniguchi sur la difficulté du travail du mangaka.
Sur la fin de l'album, Igort nous offre de nombreuses références certes intéressantes mais sans jamais revenir sur son expérience personnelle, un manque de structure comme le soulevait Manue. Cependant une très bonne lecture avec de magnifiques dessins.



Une bande annonce très Nouvelle Vague.

Une somme.
Livre dense et poignant au graphisme très maîtrisé qui dresse un pont entre la tradition d'estampes et le style d'Igort, qu'on parvient à déceler dans le trait des multiples hommages qui sont déployés. Les pages les plus réussies restent néanmoins celles à travers lesquelles il rend compte de son expérience, qu'elle se situât dans les méandres éditoriaux du Japon-qui-se-lève-tôt, ou bien dans le regard porté sur cette société-ultra codifiée, chargée de tout l'art qui la définie. Le ton de ces chapitres, à la fois révérencieux et habité, rendent ces derniers bien meilleurs que ceux plus biographiques consacrés aux "figures", dont l'approche plus distanciée (encyclopédique ?) crée une rupture un peu gênante. Je regrette un peu que le livre n'ait pas entièrement été réalisé sous le sceau de la légère méchanceté toute occidentale qui alourdi le personnage flegmatique de l'éditeur de Kodancha (quand Taniguchi - je ne sais plus qui a fait le lien légitime avec Un Zoo en hiver - reste entièrement japonais dans sa vision hiérarchique de l'organisation du travail et ne s'en prend qu'à lui-même) et me surprends à penser que ce livre, au demeurant magnifique, souffre de ce côté "cul entre deux chaises" du carnet de voyage qui n'arrive pas à trouver une position entre objectivité (relative) et subjectivité (recommandée).
Je suppose qu'il est difficile pour l'artiste de faire la part de ces choses quand il estime qu'il y a tant en dire, aussi je ne voudrais retenir que la bravoure qui l'accompagne et réussit à te prendre à bras le corps, malgré les longueurs qui finissent par se révéler quand tu t'accroches, malgré le manque de structure narrative, malgré l'inexistence d'une histoire à proprement parler.
Pourtant c'est bien d'une histoire dont il s'agit, et certainement une des plus belles de toutes, puisqu'un auteur y mise ce qu'il a de plus cher et s'y livre avec la seule retenue que suppose une culture à laquelle il s'est voué.
Je crois (je n'en suis pas certain car je n'ai pas eu le temps de le digérer encore) que c'est un livre important pour l'histoire de la bande dessinée. Cette manière d'unifier deux mondes, deux cultures par un des points qui peut les relier est assez unique en son genre (il ne s'agit pas seulement d'assimiler des codes et de les restituer - Lastman ? - mais de les visiter par le prisme de ses propres démons - L'Autoroute du soleil de Baru, commandé par Kodancha, tiens tiens).
Plus que d'une œuvre sur un Japon graphique et littéraire, il s'agit de la vision d'un artiste sur la façon dont l'art japonais peut imprégner son œuvre. Van Gogh avait eu cette démarche.

Je crois que ce livre est celui qui m'a donné le plus de mal cette année.
Lecture de fin d'année, complexe, exigeante, le cahier de voyage initiatique d'Igort m'a laissé à très grande distance.
J'ai souffert à chaque page - et j'ai un peu honte - de mon inculture, de ma méconnaissance des figures tutélaires auxquelles l'auteur rend hommage. Une somme, certainement, mais qui n'a pas du tout, malheureusement, su éveiller ma curiosité.

Sans doute le meilleur bouquin d'Igort, j'en ai malheureusement fait une lecture très - trop rapide pour pouvoir pleinement le juger. Les "malgré" listé par Fred sont trop nombreux à mon goût et, le livre souffre de tout ça.
C'est cependant un livre que je reprendrai sans doute : aucun jugement ne doit être trop définitif.

Cette lecture a été ma première approche de l'auteur Igort, et je n'en ai pas été déçu. Entre anecdotes et faits historiques, c'est ici un bel hommage au Japon que nous offre l'auteur sous forme de carnet de voyage.

Mais comme Fabulous, je me suis retrouvé pris au piège par le temps, et cette lecture trop rapide m'a plus ou moins laissé sur ma faim.

Je partage l'avis de Superphane, Fabulous et Airmic.

Waouh, on ne peut plus partir en "vacances" loin d'internet, sans que ce soit le bordel...

Eraserhead part à WALLIS & FUTUNA !!!

Où ça ? Wallis & Futuna ????

petit rappel :"Wallis-et-Futuna est une collectivité d'outre-mer française située dans l'hémisphère sud. Son chef-lieu est Mata-Utu. Composé de trois îles principales, Wallis, Futuna et Alofi, l'archipel se trouve entre la Nouvelle-Calédonie et Tahiti."

N'IMPORTE QUOI !, Ils ne connaissent que le RUGBY !

(bonne chance dans ton nouveau projet, je suis content pour toi ...à très bientôt, tu nous manques déjà...)




Et FEUFOLLET me pique ma chronique !!!

Plus sérieusement, je te remercie sincèrement d'avoir pris en charge la défense de cette très belle BD.

J'étais bloqué, plus je remettais à demain plus j'avais du mal à trouver la bonne accroche pour la chronique. Alors encore merci d'avoir su pallier à mon manque de rigueur

Mais par contre j'avais bossé, fait des recherches pour accompagner les multitudes références des Cahiers Japonais.

Au début, j'avais un peu peur de retrouver les travers de la plupart des carnet de voyage ... mais le formidable travail d'IGORT écarte très vite mes réticences.
Sa BD fonctionne un peu comme une machine à remonter le temps. Un voyage de 25 ans au coeur même des liens mystérieux entre IGORT et le Japon.
Un voyage dans l'empire des signes(c'est le sous-titre de la BD ! & le livre de voyage sur le Japon de Roland Barthes qui a était un peu le déclencheur du travail d'Igort) ...au coeur du japon, de sa mémoire et son histoire et dans toute ses dimensions culturelles.
C'est à travers la culture nippone qu'Igort essaye de comprendre et de s'approprier les codes du pays.

La BD semble construite de façon aléatoire, loin de toute convention narrative ou chronologique.
Le lecteur doit se laisser porter, suivre les méandres du hasard, accepter la pratique des changements du "YI JING"
Igort écrit son livre sur le principe développer par Brian ENO avec ses cartes « Stratégies Obliques »



La BD avance lentement, au rythme des souvenirs de l’auteur. Souvenir de jeunesse à imaginer le Japon.
Souvenirs de ça vie au Japon
Souvenir de la collaboration avec l’un des plus grand éditeur de manga :KODANSHA
Souvenir du travail de titan des mangakas qui passent réellement leur temps à dessiner…Igort est l’un des rares européens a avoir eu le privilège de publier un manga.
Son personnage YURI est un « sempai » et il a rencontré un réel succès.



L'intuition d'Igor, c'est de comprendre, de ressentir toute la complexité du Japon à travers sa culture, donc il va nous raconter ses plus belles découvertes, ses coups de coeur, ses trésors cachés dénicher dans les bacs à soldes, les belles rencontres avec des artistes qu'ii admire.
C'est une démarche de partage, alors je vous invite sincèrement à vous plonger dans l'univers culturel du Japon.
Quel bonheur que de découvrir les grands maitres des estampes Japonaises. Tout le monde a déjà vu "LA VAGUE", mais se plonger dans les incroyables gravures d'HOKUSAI est un pur enchantement. C'est sans contexte possible le "père" des mangas (donc de la BD ! )

Les Japonais ont un amour absolu du dessin. L'impact du manga est rarement compris en Europe...alors pour les néophytes, Igort vous présente les"incontournables": TEZUKA, MIZUKI, TATSUMI, TSUGE les maitres du Geki-ga( images dramatiques à partir de 1956 !)


Mais aussi la poésie : l'Art du HAIKU
Le BUSHIDO: la littérature Japonaise, il faut absolument lire MISHIMA



La Tradition des Sumos
Le Code des GEISHAS (IKI)
L'architecture traditionnelle
Les caste inférieur: le statut social des BURIKAMIN
La fête du Chysanthème (KIKU NO SEKU)

Et puis aussi et surtout le CINEMA:
Avec la légende d'ABE SADA et son adaptation dans L'EMPIRE DES SENS



MYAZAKI et les studios GHISBI, le tombeau des lucioles (véritable chef d'oeuvre)de Takahata


Les "stars" KUROSAWA & KITANO et le trésor(véritable film culte pour Tarantino) BRANDED TO KILL, Un film incroyable d'invention et de beauté ....



Une SOMME, comme le dit si bien FRED dans son très beau poste.
Je suis tout à fait d'accord avec lui. Les Cahiers est une grande BD et elle est surement très importante.

En tout les cas, elle est absolument passionnante et c'est une véritable source de savoir et de connaissance.

Je regrette de ne pas avoir su la défendre comme elle le mérite.(toutes mes excuses auprès des Sheriffs...)

Le regard d'Igort sur le Japon est plein d'amour et fascination, je vous invite à vous plonger dedans, le voyage est bouleversant.

Bravo Tue-Loup, bravo Fred.
Et merci à Feufollet... Tue-Loup prend sur lui, mais je suis la aussi!!!!
Enfin, je ne suis pas la en fait!
Disons que Tue-Loup et moi-même adoptons plutôt un rythme de travail tout occidental,
et qu'a peine j'avais esquissé l'amorce d'une éventuelle chronique, que IGORT aurait déjà dessiné 4 volumes de manga!

La relation d'IGORT avec ce pays et cette culture qu'il pourchasse, tout en saisissant qu'il n'en n'effleurera jamais que quelques bribes, est très troublante et attachante.
Son parcours de mangaka occidental est la partie en effet la plus aboutie, la plus intéressante et authentique.
Quelques passages d'érudition plus documentaires, et bien qu'intéressants, sont peut-être un peu plus indigestes.

Une BD dense et complexe, mais pour qui a lu dans sa vie du Roland Barthes... en appréciera la limpidité et simplicité

Un livre foisonnant qui donne à se plonger dans cette culture, dans l'art du Japon, ses sources et résonances actuelles, dans la BD entre autre, et dans l'idée que certaines choses nous seront peut-être a jamais accessibles.

Un hommage à la patience aussi, à la contemplation et à la recherche de la perfection, de l'universel et de l'essentiel par un travail rigoureux, laborieux et exigeant.