Pieds nus dans les ronces de Lisa Zordan

Sous ce joli titre se cache une histoire assez grave et épineuse, un univers sombre et mélancolique fait de solitudes et de comportements étranges.



Le personnage principal se prénomme Terry, on ne sait pas trop où il habite, ni quel âge il a, on sait juste que la disparition de sa mère va l'entrainer sur les terres et la maison de son enfance, ce retour s'accompagnera de souvenirs et d'un passé assez énigmatique et douloureux prêt à ressurgir, un passé fait de séparation, de solitude et de faits divers.

Vous l'aurez compris, on n'est pas ici pour rigoler et l'auteur a la capacité de nous embarquer dans la gravité du propos, ainsi son livre bouscule, dérange, inquiète et fascine. Alors certes, on pourra toujours s'étonner du déroulement de certaines scènes, tomber même des nues devant autant de choses improbables, on retiendra quand même l'intérêt de la découverte, celle d'une jeune illustratrice, Lisa Zordan ayant surtout travaillé chez quelques éditeurs jeunesse (Gründ, Kilowatt), dans le magazine Citrus 2 ou par une contribution au Parisianer.



Il s'agit là de son premier roman graphique, un projet de fin d'études qui se transforme en récit crépusculaire et surnaturel sur le travail du deuil, certaines planches, tout en aquarelle, ne sont pas sans nous rappeler le travail de Prado sur Ardalèn, ou bien même les travaux de Marion Fayolle, dommage que l'histoire se cherche et se perds sans doute un peu entre onirisme et réalisme.

Même ressenti pour moi, une histoire un peu alambiquée, plombée par certains éléments trop prévisibles, dommage car ce croisement de réalisme et d’onirisme un peu morbide était intéressant . Par contre je retiendrai chez cette jeune auteure sa capacité à créer des ambiances assez prenantes, il y a une belle luminosité un peu surnaturelle dans ces gouaches, et parfois un contraste surprenant  entre certaines cases  réalistes  et d’autres plus naïves et moins abouties à mon sens, on sent une certaine influence de la peinture, en vrac Hopper, Wyeth, Magritte, Doig et du cinéma aussi, due à un père fan de film d’horreur et de science-fiction (cf l’interview ci-dessous). Une auteure à surveiller…
http://www.michellagarde.fr/artiste/70/lisa-zordan.html

...une histoire " grave et épineuse", c'est rien de le dire !
Autant le côté visuel m'a semblé intéressant, autant le scenario après m'avoir intriguée, puis déroutée, m'a carrément fait rire ( un comble ), tant le vécu du héros est un cumul d'horreurs ...
Non parce que c'est vrai qu'il y a des gens qui n'ont pas de bol, mais alors lui, il a quand même droit à un gros concentré de sordide ! C'est cette surenchère de situations plus morbides les unes que les autres qui ( à mon avis ) enlève toute crédibilité à l'ouvrage. Un soufflé qui retombe, finalement. Dommage...