Love in vain de Mezzo et Dupont

C'est le tout premier du club des 27.
Et l'on se demande encore comment, en si peu de temps et si peu de chansons gravées sur disque, Robert Johnson a pu laisser une trace aussi indélébile dans l'histoire de rock et du blues. Ou plutôt, on ne se le demande pas, car à l'écouter, on mesure qu'on tient là un jeu de guitare unique (johnson est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands guitaristes de tous les temps), une voix venue de nulle part, habitée et malade.

De la vie de RObert Johnson, on sait peu, fausses pistes, légendes et vérités facilitent pue le travail du biographe. On ne connait de lui que deux photos et quelques chansons qui tiennent aujourd'hui sur un double cd. Pourtant, nombre de musiciens revendiquent son héritage et toutes ses chansons sont devenues des classiques.


Dupont choisit de dérouler la vie de Johnson de manière fort classique, très linéairement, sans affirmer de vérités, en mettant en avant les ambiances du sud américain. Il n'est point besoin de jouer du flash-back et des changements d'époque pour dérouler une vie de bohème, de misère et de solitude qui, on s'en doute vite, se terminera mal.
Tout est fait ici pour magnifier le dessin de Mezzo qui rarement a atteint une telle intensité, une telle puissance, un tel réalisme. N'hésitons pas à le dire tout haut, on tient là une prouesse graphique exceptionnelle. Le livre est entièrement porté par ces dessins pleine page où l'écrasement de la perspetive nous immerge totalement au côté du bluesman.
Mezzo est un diable de dessinateur.

Je redis là ma colère à la lecture des dernières pages.
Le lecteur n'est pas un imbécile, il peut comprendre beaucoup... Qu'était-il besoin de revenir sur l'identité du narrateur ?

Il est écrit p. 8 "c'était un vrai démon, le genre de gamin que j'affectionne" ; p.23 "moi, je sais quoi en penser" ; p.50 "moi aussi, je porte un nom prisé par les imposteurs. Encore un qui prétendait avoir dealé avec le diable"...
Les clins d'oeil sont assez clair, non ?

Je persiste à dire que les stones et altamont et sympathy for the devil ne sont là que pour justifier une sorte de pirouette narrative d'une maladresse rare, qui plombe un récit magnifique, tenu (oui par les images, mais aussi le texte). Si le reste avait été à la hauteur de cette fin, ça n'aurait pas été aussi choquant.

Oui, le dernier commentaire tout particulièrement, à défaut d'être catastrophique est en tout cas
d'une maladresse inconcevable!

De manière générale je ne suis pas pour une critique dévastatrice, ni pour une critique dithyrambique.
Et même si j'en conviens, Eraserhead, cela ne s'inscrit peut-être pas dans l'histoire de la critique,
je suis pour la modération en toute chose
Quoique... t'as peut-être raison, à quoi bon critiquer alors?? Bon... On verra plus tard

Donc, si le dessin est tout à fait remarquable, il ne me semble pas écraser massivement
la meute d'excellents dessinateurs qu'on peut admirer dans nos sélections.
Le dessin reste de toute façon très subjectivement appréciable, et les critères sont innombrables (et très différents) pour
évaluer la portée d'un dessin (techniquement et narrativement).

Pour exemple, celui-ci m'a un peu fatigué les yeux sur la longueur de l'album. Ce n'est pas un critère d'une
grande pertinence ok, c'est histoire de relativiser

Je maintiens aussi que les traductions de la fin sont superfétatoires.

C'est un très beau livre illustré sur la vie de Johnson, non pas que cela ne soit pas une BD, mais
oui, tout semble fait pour le dessin de Mezzo, alors le passionné de Blues, d'histoires mythiques,
de Johnson, qui voudra avoir un bel ouvrage sur sa vie, avec ses chansons, et de belles illustrations y trouvera
sont compte. Sinon, il manque un petit quelque chose pour que ça fasse mouche.

Superphane a écrit:

(johnson est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands guitaristes de tous les temps)

Ha bon? il y a de meilleurs guitaristes que Jimmy Page? Rhooooo

... qui pour l'anecdote aurait vendu son âme au diable pour jouer aussi bien...
ça manque quand même un peu d'imagination ces musiciens non?
Mais pas de chance, encore en vie après 27ans! Le looseur!!!!

J'ai réellement apprécié le magnifique coup de crayon de Mezzo, son dessin m'a envoûtée! J'émets toutefois une réserve sur cette bio qui pour moi (et ce malgré tes infos Superphane sur le fait que peu d'archives existent sur Johnson) souffre de la rapidité avec laquelle sa vie est déroulée (oui, je vous l'accorde, il est mort jeune le m'sieur!).

La densité du trait marque tellement la lecture de ce bref récit, que je n'ai pas été choqué par la chute que vous avez tous vue venir. Mais, et nous en avions déjà discuté, je suis toujours emballé par un dessin qui me touche, alors que j'ai du mal a apprécier un scénario réussi si les cases ne me font pas voyager. J'ai adoré.

Je fais parti de ceux qui pensent que le dessin de Mezzo fait mouche (encore mieux que pour le roi des du même nom....). Je ne sais pas s'il a vendu son âme pour dessiner de cette façon mais son trait est diabolique. D'autre part, le scénario est, je trouve, particulièrement intelligent. En effet, devant le peu d'information qui existe sur cet artiste, il parait complètement illusoire de faire une réelle biographie, détaillée et complète. Du coup, on a plutôt une suite d'anecdote sur la vie de ce personnage hors du commun qu'est Robert Johnson et cette succession de mini récit est fait avec suffisamment d'intelligence pour qu'à la sortie on ait une vision globale intéressante du personnage. C'est très bien fait.

A propos du diable, de Robert Johnson, et de Gil Scott-Heron... voila un titre trés approprié (et en plus il y a de la planche à roulettes)

Très bon moment riche en échanges lors de la rencontre dédicaces avec Mezzo et JM Dupont.
Deux auteurs avides de discuter leurs choix, et de comprendre les lecteurs de leur album.

Merci les libraires, merci aux deux auteurs !!

Et puis bravo pour la sérigraphie éditée à cette occasion, cadeau de noel idéal

Oui, très belle rencontre avec deux auteurs avides de partager leurs choix et leurs passions.
On entendit parler de Lynch, Cronenberg, Burns, Chester Gould, Crumb, Bret Easton Ellis, des Stones, des Beach Boys, de Mastroianni, Winshluss, Alfred, Brüno, de Sfar et Gainsbourg, des métiers de l'éducation, du sous-marin dans la vitrine, des collections masculines, de coussins posés au sol dans les studios d'enregistrement, de "sexe industriel", de prix qu'on aimerait pas recevoir, de blues et de mouches, bien sûr.
Entouré d'inconditonnels de Led Zeppelin, j'ai su faire preuve de retenue.

Il aurait été parfait de finir en échangeant quelques accords.

Superphane a écrit:

de prix qu'on aimerait pas recevoir

Cela veux dire qu'ils n'aimeraient pas recevoir le Shériff , ou certains autres prix ?

PS :ne mettez pas de photos de vos dédicaces, ça va encore plus m’énerver de n’ avoir pas pu venir….

Super fin de dédicaces, des moments comme ça, ça n'a pas de prix, effectivement !

Un très sincère et énorme merci à tous...

Arghhhhhhhh pu*** d'emploi du temps , très déçu de ne pas être venu .