la lumière dans la bande dessinée

Dans la plupart des arts graphiques, l'un des éléments qui m'intéresse particulièrement est la lumière. Hors j'ai remarqué que dans la bande dessinée elle est souvent mise de coté avec des "éclairages" en aplat, sans travail sur les ombres, les reliefs et sans cohérence. En regardant de plus prêt j'ai constaté que dans la BD américaines les illustrateurs et coloristes y faisaient beaucoup plus attention, avec par exemple un travail remarquable sur la série l'homme sans peur ( daredevil ) ou encore dans certaines BD plus graphiques comme sin city. Dans la BD européenne il y a parfois un effort de fait au niveau des décors, mais les personnages sont la plupart du temps éclairé de manière uniforme sans tenir compte de la logique du reste de l'ambiance.
Je suis curieux d'avoir votre avis sur le sujet, et si vous avez des exemple de titres ou il y a un travail intéressant sur la lumière je suis preneur !

Très bonne initiative, Nico.
Je crois que la grande tradition de mise en couleurs en à-plats dans franco-belge provient d'une contrainte technique. A une époque où les scanners magiques n'existaient pas, les coloristes facilitaient le travail des imprimeurs en travaillant sur des zones uniformes. Maintenant que la technique permet à peu près tout, les styles varient en fonction de l'inspiration. Les dessinateurs qui se soucient de lumière travaillent souvent en couleurs directes, aquarelle, encres, gouache, etc. Le travail de Gibrat, Lepage, par exemple, est remarquable dans cette perspective de mise en lumière.

A mon avis, comme au cinéma ou en photographie, l'éclairage est souvent plus mis en valeur en noir et blanc. C'est particulièrement le cas dans les œuvres "de genre" (polar ou fantastique) où c'est un élément essentiel de l’ambiance (souvent en référence aux canons du cinéma). Certains peuvent hachurer comme des fous pour donner beaucoup de détail dans les degrés de pénombre (par exemple Andréas dans la série des Cromwell Stone, et surtout "Le retour de ...", ou Thomas Ott), d'autres saturent au contraire pour découper au maximum les zones d'ombre et de lumière comme dans Sin City que tu as cité justement. Dans les classiques, on peut citer Alberto Breccia (pas européen, d'accord, mais vous m'accorderez que ça n'est ni du comics, ni du manga) . Dans un autre style, c'est bizarre que Fred n'ait pas sauté sur l'occasion pour parler de Marc-Antoine Mathieu.

En couleur on a eu aussi quelque chose de très intéressant dans Rébétiko cette année, ou l'auteur a beaucoup joué sur la teinte de la lumière, et pas juste sur l'ombre et le contraste, pour rendre les ambiances des différents lieux et moments de la journée qui s'écoule.

ah mince je n'avais pas vu vos réponse ( je ne recois pas de notifications étrange ... ).
Merci beaucoup, je me doutais qu'il y avait une part d'historique mais comme je ne suis pas vraiment super calé dans le domaine.
Je vais noter les références que vous me citer et dès que je suis payé je viens à la boutique avec ma ptite liste ^^
J'ai quelques vieux comics, et dans la BD américaines d'antan aussi, tout fonctionnait en aplat. Étrange qu'ils aient évolué beaucoup plus que l'Europe vers des images plus riches dans la gestion et logique des lumières ( enfin plus riche peut être pas, mais vers un travail plus rependus/fréquent en tout cas ) malgrès des contraintes techniques initiales identiques. Alors peut être aussi que ne sont exportés en France qu'une minorité des productions ricaines, et que du coup nous n'avons que le gratin du gratin ...
Après si ont compare aux autres arts comme le cinéma, aux US la lumière a toujours une part très importante, les chefs op sont presque autant considérés que les réalisateurs ( enfin c'est un mec qui lit american cinematographer qui dit ça aussi ... ), alors que en France les films avec une vrai belles lumières ne sont pas si fréquents, pour ne pas dire vraiment rare quand on compare ( et ce n'est pas qu'une question de budget non non ). Et nos chef op sont loin d'être des références. Généralement la base de tout viens de l'histoire de notre culture, là ou je ne comprend pas bien c'est que si on regarde dans la peinture, nous avons parmi les plus grands maitres dans le domaine ( lumière ), avec De La Tour par exemple pour ne citer que lui, qui reste une référence pour tout chef op. Même si la plupart des grands peintres reconnus pour leur travail sur l'ombre et la lumière sont loin d'être tous français, ils restent généralement pour la plupart dans l'Europe ( Italie, Hollande, la région flamande ... ).
Je me suis un peu égaré je crois ...