Belleville Story de Malherbe et Perriot

Ce n’est pas l’actualité de ses dernières années qui va venir me contredire, le lien entre bande dessinée et cinéma / télévision est des plus étroits. À croire qu’à force de puiser dans toutes les catégories du neuvième art, les scénaristes en ont perdu les idées.
Pour ce qui est de Belleville Story, le processus est quelque peu différent. Arnaud Malherbe, le scénariste, préparait un téléfilm pour Arte quand Vincent Perriot, son ami et collaborateur sur Taïga Rouge lui a proposé de prendre le sujet à son propre compte et l’adapter en bande dessinée. Chose à moitié faite puisque le premier volet de ce qui sera un dyptique vient de paraître. Et c’est une réussite.
Je n’ai pas vu la fiction télé, mais ce qu’il en ressort, c’est qu’ayant obtenu le prix du meilleur film au festival de La Rochelle, il a su convaincre.
Le sujet est délicat : le petit banditisme dans un quartier contrôlé par des caïds du proxénétisme et de l’immigration clandestine. Le processus relève de l’exercice de style : raconter une histoire en temps réel, l’espace d’une nuit. La première partie qui s’intitule Avant minuit se déroule à grande vitesse, comme dans tout polar haletant. Unité de temps, donc, et un personnage central, Freddy, porte-flingue d’un baron de piètre envergure, tiraillé entre l’envie de bien faire et celle de s’en sortir et de réussir à aimer. Une erreur dans une « livraison » va le conduire à devenir un jouet que se partagent son patron et la mafia chinoise du vingtième arrondissement. La tension coïncide avec l’arrivée d’un personnage équivoque, Chinois lui aussi, visiblement en mission et rompu aux choses du terrain.
Perriot sait mettre en scène avec une certaine classe. Des pages dépouillées et parfaitement rythmées procurent une grande aisance dans la lecture, du plaisir tout simplement. Les couleurs d’Isabelle Merlet ajoutent à cette sobriété tout en peignant de façon optimale la moiteur urbaine d’un Paris nocturne. Bien sûr, c’est dur, parfois odieux, mais c’est le principe quand on s’attache à raconter des histoires qui se déroulent dans un milieu où personne ne fait de sentiment. Mais si justement les sentiments apparaissaient après minuit ?
Amateurs de polars, cet album est pour vous.
Amateurs de torture, vous pourrez y glaner des idées intéressantes.

entretien avec V.Perriot

Cet excellent premier tome affiche un dessin d'une grande classe avec de la présence, du mouvement et une véritable ambiance (je ne sais pas si c'est celle de Belleville, je ne connais pas, mais je l'imagine facilement comme ça !). Il y a aussi dans ce livre une véritable histoire qui vous prend et ne vous lâche plus, avec des personnages bien définis, humains et attachants. On sent une réel connivence entre l'auteur et son personnage principal, il le tiens bien et l'autre le mène où il veut, c'est épatant. Le scénario tourne à merveille, tout s'enchaine, vite, tout se met en place, dans l'urgence mais les personnages sont bien posés dans le décors quand même. Ça tourne ! Même l'énigmatique M Zhu trouve sa place malgré son comportement improbable. C'est bien vu !
Vivement la suite !

Une semaine après ma lecture, il me reste surtout une ambiance plus qu'un scénario. Les dessins transcrivent bien l'idée de mouvement, de fuite, de vitesse. Le Paris nocturne est aussi particulièrement opressant avec un travail sur la couleur qui me plait beaucoup. Je regrette seulement que les deux tomes ne soient pas compactés en un seul. Arrive la fin du livre et je commence à peine à cerner les personnages, l'histoire... et j'ai le sentiment qu'il ne s'est pas passé grand chose.

Ce genre d'histoire gagne, je crois, vraiment à voir le jour en intégrale, une fois les obligations éditoriales oubliées.

Bon, ça n'est pas les promesses de l'ombre mais c'est une lecture intéressante tout de même.

Superphane a écrit:

Je regrette seulement que les deux tomes ne soient pas compactés en un seul. Arrive la fin du livre et je commence à peine à cerner les personnages, l'histoire... et j'ai le sentiment qu'il ne s'est pas passé grand chose.

pareil... et donc, j'attends la suite !

début de lecture un peu plan plan, avec un graphisme qui me plait à peine à moitié (trop 'photographique' pour les décors), mais qui finit par coller parfaitement à l'histoire.

La deuxième partie, quand on commence à cerner vraiment les personnages, leurs faiblesses, leurs implications,... m'a vraiment plu.
Le personnage de Zhu est effectivement très attachant

Bref, encore une fois, une lecture dont je n'attendais pas grand'chose, et qui a fonctionné, merci les shériffs !

Un polar haletant à travers une mise en scène très cinématographique... mais vite la suite... ou le visionnage du film !!!
Je m'y croyais vraiment et vivais pleinement l'histoire, les personnages, l'action, le suspense... Bravo !!!

Voilà une phrase ("Amateurs de torture, vous pourrez y glaner des idées intéressantes") qui m'a fait retarder cette lecture autant que possible ! J'aime pas trop le malaise prolongé que certaines histoires peuvent susciter dans mon p'tit cerveau impressionnable... (bin oui, c'est comme ça )
Bref, je l'ai lu finalement, et j'ai super bien accroché !! Au dessin (dynamique, fouillé), aux personnages transpirant la peur (sauf l'inquiétant M. Zhu ! napapeur, lui !), bien plantés dans leur impitoyable microcosme, et au scenario enfin, vraiment bien construit. Du beau boulot.
Accroche totale malgré un a priori frileux, je VEUX connaître la suite, c'est bon signe ! Ca sentirait même presque le sheriff du mois, dites donc...

par contre le film, yaura pas moyen, à moins de couper la scène du cuisinier certes fou, mais ébouillanté quand même...

je suis heureux de ne jamais rien lire sur un album avant d'en avoir tourné la dernière page. Je fais le choix de me laisser surprendre, d'avancer sans la moindre idée préconcue. Avec Belleville story, j'ai évité tout préjugé sur l'adaptation BD d'un Téléfilm.

Comme les camarades, c'est un bel album d'ambiance, qui offre une photographie au parti pris du quartier de Belleville, que je ne connais pas. Une ambiance sombre et glauque.

Comme un téléfilm, c'est très rythmé - et bien construit, avec de nombreux enchaînements. Le scenario dynamique est plaisant. Il y a deux ou trois petits détails que je n'ai pas forcément compris, qui m'ont manqué.

Sur le plan graphique, ç'est aussi nerveux et réussi que l'ambiance proposé par le scenario.

Pierrick a écrit:

Avec Belleville story, j'ai évité tout préjugé sur l'adaptation BD d'un Téléfilm.

Ce n'est pas une adaptation de film. Perriot a travaillé certes depuis le script qui servirait à la fiction télé, mais a souhaité ne jamais voir une image avant d'avoir terminé la bd pour éviter justement toute influence.

fred a écrit:

Pierrick a écrit:

Avec Belleville story, j'ai évité tout préjugé sur l'adaptation BD d'un Téléfilm.

Ce n'est pas une adaptation de film. Perriot a travaillé certes depuis le script qui servirait à la fiction télé, mais a souhaité ne jamais voir une image avant d'avoir terminé la bd pour éviter justement toute influence.

Ah oui ? Mea maxima culpa ! Fouette moa, même ! Et honni soit qui mal y pense !

Très intéressant. un bon polar dessiné, un bon rythme, bon scénario.
J'ai beaucoup aimé suivre ce personnage tourmenté par la fumée de son clope éternel.
J'attends la suite...

noir c'est noir il n'y a plus d'espoir tel serai un peu la devise de ce polar foutrement bien réussi , une ambiance à couper au couteau , des personnages plus ignobles les uns que les autres y compris le personnage principal , un sujet grave: la traite humaine dans les bas-fond d'un paris décadent , un dessin à l'avenant crade, glauque, sombre en somme une bien belle réussite pour un premier tome , seul bémol le chinois au bob je lui mettrai bien quelques baffes avec son sourire

En effet bien difficile d'emettre une mauvaise critique envers cet album (je n'en ai pas lu d'ailleurs sur le web ...), tout fonctionne bien , j'ai également ressenti et apprécié toutes les qualités que vous avez énumérez.

Au final , ce tome 1 va trouver une place de choix dans ma bibliothèque , espérons que le second que j'attends déjà avec une grande impatience , délivrera les mêmes qualités !

Il en va de même pour moi
C'est fluide, ça coule, le dessin, la narration, tout est en mouvement dans cette bd.
Je suis curieuse de connaitre mieux ce mysterieux mr Zhu...

Par conter, je trouve qu'il y a peu de mystères sur cet homme. Tout est dit dans cet album. Que vient-il faire en France ? Qui l'envoye ? Pourquoi il n'a pas pris de valises aussi !
Ce qui est bon, c'est la peur qu'il va provoquer sur le visage de ses adversaires.

Oui c'est vrai, on sait pourquoi il est là
Mais pourquoi les méchants chinois veulent ils le tuer? - j'aime bien dire "les méchants"-

Ouais ce qui est fascinant et qui reste mystérieux c'est le pouvoir qu'il a sur les gens, sur le héros notamment. ça reste dans le non dit...tout par les regards. C'est vraiment réussi

ah oui , c'est ce qu'il y a de bien dans cet album , cette impression qu'il n'y a que ça , des "méchants".

Le Tome 2 est arrivé :

Alors, mes impressions :

L'histoire du tome 2 fonctionne à un rythme très différent de celui de son grand frère. Il y a beaucoup plus de rapidité, beaucoup moins de péripéties. Tout en restant dans le genre "album d'ambiance", Après Minuit se concentre sur nos deux personnages principaux et les suit dans une longue course. J'ai eu l'impression de les accompagner dans les rues du quartier de Belleville de la première à la dernière page.

La relation entre ces deux personnages subit une mutation, avec un recentrage de l'histoire à leur profit. Comme à chaque fois, je n'ai pas envie de vous raconter et préfère vous laisser découvrir par vous même. Le travail de cadrage graphique met tout particulièrement l'accent sur cette relation entre le Chinois et le Parigot, passant tantôt du lien d'amitié à celui d'adversaire.

C'est un magnifique polar d'ambiance, qui conduit le lecteur dans les ruelles sombres de la capitale, dans ce monde des petits truands, de la mafia chinoise et de la pauvreté. On dirait du Jacques Tardi dans un univers contemporain.

Voilà ! Je viens (enfin !) de lire ce tome deux après une relecture minutieuse du tome un. Et c'est tout du bon, tout ça !
Les deux tomes se suivent parfaitement et font un tout indissociable. Je n'ai pas vu de différence ni dans le rythme, ni dans les personnages. L'histoire continue sur sa lancée avec, évidement, des explications et un dénouement plutôt inattendu et bien vu qui clos parfaitement l'histoire.
C'est une BD où l'on sent que le dessinateur s'est vraiment fait plaisir et il y a certaines cases et pages qui le rendent bien. Du grand art !

Une conclusion très réussie pour un second tome qui demeure à mon sens un peu léger par rapport à son prédécesseur , pour le coup un one shot aurait été mieux adapté , ah les contraintes , les contraintes ...!!!!