Gipi est un auteur italien. Depuis
Notes pour une histoire de guerre, prix du meilleur album au festival d'Angoulême 2006 et défendu dès parution par votre serviteur, Gipi plaît en France. Et je me régale avec l'univers du romain et la façon bien particulière qu'il a de raconter des histoires en apparence décousues mais qui recèlent une maîtrise narrative et symbolique bien personnelle. Les éléments autobiographiques ne manquaient pas dans ses précédents livres, mais il s'agissait pour lors d'autofiction, c'est-à-dire s'inventer un propre prolongement. Depuis
S., un hommage à son père tissé de souvenirs épars, il n'hésite plus à se raconter, honnêtement et sans détour, avec ce même art de la digression.
Attention !
Ma Vie mal dessinée est un livre difficile, dans le fond et dans la forme, et je ne le conseillerai pas à tout le monde. Gipi est un homme d'une rare sensibilité et il se met vraiment à nu tout au long des pages. Son passé de toxicomane occupe une grande place dans ses souvenirs de jeune adulte. Ses maladies (liées ou non à ce passé) et ses peurs y sont minutieusement décryptées. Et l'amitié, thème cher à l'auteur, découle toujours des situations graves ou alarmantes.
Le récit oscille entre une partie "journal" (en noir et blanc, "mal dessiné") et une partie symbolique en aquarelles (un récit de pirates !). Gipi a lui-même réalisé le lettrage en français.
Et je dois avouer qu'une fois refermé, ce livre va en habiter encore quelques uns tant la sincérité et l'habileté que Gipi déploie parviennent à toucher le coeur.
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