ON DIRAIT LE SUD de Gauthey et Rassat

Un titre qui reprend Nino Ferrer, j'étais obligé d'y jeter un oeil....

UNE PISCINE POUR L'ETE est le premier tome d'une nouvelle série chez Delcourt: ON DIRAIT LE SUD.
Elle est écrite par Cédric Rassat et dessinée par Raphaël Gauthey.
Ce premier album installe une galerie de Français moyens durant l'été caniculaire de 1976.
C'était la France de Giscard d'Estaing. Une sorte de Préhistoire où les personnages pouvaient même fumer et boire en couverture !

L'histoire situe dans une ville méridionale où le Patron de l'Usine locale tente d'acheter un syndicaliste, Monsieur Plume. Eh oui, à cette époque lointaine, il y avait des Patrons indélicats. Heureusement, ces temps sont derrière nous !
Il y a plein d'autre choses dans ce livre, y compris du mystère et du polar, mais je déteste divulguer les intrigues. Disons que nous naviguons entre chronique sociale et chronique de moeurs. Un peu comme si Yves Boisset avait mis en images un scénario de Pascal Thomas.

Le dessin est surprenant. Les couleurs sont fort réussies, mais le parti-pris graphique peut surprendre. Il rappelle un peu le travail de Planchon sur BLAISE. Je ne suis pas farouchement client de tout: certaines attitudes semblent figées par cette technique (un peu comme les mangas que l'on fabrique de toutes pièces à partir de films). A d'autres moments, il y a de belles réussites (un visage reflété sur une vitre, un ouvrier qui ressemble furieusement à Robert Hue, etc.). C'est un petit bémol qui n'affectera sans doute que moi.

Sur l'écriture, alors là, quelle finesse ! Manipuler les stéréotypes sans que ça vous pète dans les mains, il faut du talent ! Je ne connaissais pas le WILLIAM PANAMA que Rassat a scénarisé avant, mais dont on disait le plus grand bien. Ici, il arrive à créer des situations qui entraînent le lecteur facilement. Son sens du dialogue juste est un régal, et il anime ses personnages sans jamais les ridiculiser. Bel équilibre !
Mention spéciale à la case où un Gendarme regarde l'horizon en disant: "Mon Dieu, quelle solitude...", qui est parfaite, ainsi qu'au bras droit du fielleux patron, qui ressemble à Jean-Pierre Marielle vu par Goossens.

Je précise que si l'action se déroule en 1976, les auteurs évitent le piège de la fiction-documentaire engluée dans une époque, et réussissent une reconstitution respectueuse mais pleine de vie.

Plus qu'à attendre la suite !

T.

J'avais effectivement été attiré par cette couverture à cause du graphisme particulier :



Et, sans en dévoillé trop sur l'intrigue, il y a une preview LA .

Un livre très agréable servi par ce style de dessin (ou justement de non dessin) toujours très particulier mais néanmoins à la mode (Le monde selon François, Péchés Mignons, les albums de Clérisse) : pas de contour, juste la couleur, souvent appliquée à l'aide de la palette graphique, quoiqu'il semble que ça ne soit pas le cas ici (?). J'aime bien l'ambiance qui se dégage des pages, l'époque est justement retranscrite.
Evidemment, il s'agit d'un tome 1 et de la mise en place d'une intrigue à travers tous les champs possibles qu'une communauté peut permettre à une histoire. Mais ces préliminaires sont plutôt réussis et rondement menés. Plume est l'axe de la centrifugeuse, c'est autour de lui et de son angoisse que le récit se tisse et que le suspense se construit.
Alors on attend la suite, sans trembler, sachant qu'il faudra relire le tome 1 avant de se plonger dans sa suite.

Tiramisu a écrit:

Jean-Pierre Marielle vu par Goossens

Ou alors Jean Bouise

Il y a aussi Patrick Revelli en couverture

Oohh, quelle très jolie lecture !!!
J'ai en effet particulièrement apprécié le style graphique et le rendu des couleurs est tout bonnement magnifique !!!
Quand à l'histoire, Tiramisu et fred l'ont parfaitement décrite !!! Une bonne mise en bouche que ce premier tome, à la fois intrigant et réaliste !!!

fred a écrit:

Il y a aussi Patrick Revelli en couverture

Trop bon !!!
PS : c'est un ancien Vert des années 70, footballistiquement parlant !!!

Et sinon, on cite notre bonne vieille ville en page 30 !!!

La première impression quand on découvre ce livre porte forcement sur le graphisme. En effet, le dessin est très particulier et attire le regard. Moi, je le trouve très agréable avec un côté 3D qui nous fait dire, au premier abord, que tout est fait à l'ordinateur. Mais je pense que c'est trompeur, car il y a vraiment une âme dans ce dessin qui me fait croire que la main y participe beaucoup. Les visages surtout, j'aime bien les expressions des visages.
C'est drôle, en lisant, je me suis surpris à penser qu'il y avait comme un air de « Martine » la dessous, vous savez, les « Martines part en vacances », « Martine enfile des perles » ...etc..... C'était autour des pages 26 et 27, je crois. Ce n'est pas du tout péjoratif, ici, car ce livre, comme les « Martine », est vraiment évocateur d'une époque qui me rappelle des souvenirs très précis, ou plutôt des sentiments, une ambiance, comme un air du temps de ce temps là. C'est assez indescriptible mais c'est très fort, pour moi ! Toute ma jeunesse !!!

Cet excellent dessin colle parfaitement à l'histoire, donc, tout se passe dans les années 70, pendant l'été 76 pour être précis. Il fait chaud. L'action se déroule dans une petite ville industrielle. Il y a des ouvriers, quelques nouveaux riches, des gendarmes et une coiffeuse, des flics et des meurtres d'enfants, des syndicalistes et des patrons. C'est la vie quoi !
L'histoire se construit tranquillement et les personnages sont posés tout au long de ce premier tome. Les dialogues, ciselé sur mesure pour servir un scénario très bien monté, sont des petits bijoux. On en sait juste assez pour attendre la suite.

C'est une très bonne lecture.

Joco a écrit:

C'est drôle, en lisant, je me suis surpris à penser qu'il y avait comme un air de « Martine » la dessous, vous savez, les « Martines part en vacances », « Martine enfile des perles » ...etc.....

OUI! C'est ça, c'est Martine. Bon pour le reste de tes arguments je comprends qu'à la lecture le graphisme te fiche le doute de savoir si c'est chouette ou pas, mais..., en ce qui me concerne, non c'est trop moche.

A un moment séquence émotion, je tourne la page et là, je me dis non!!!, c'est vraiment trop moche.

Quant au scénario, oui, pourquoi pas, une lecture sympa mais le sheriff du mois ne peut vraiment qu'exister dans les trois autres titres...

Contrairement à Marion, j'adore les dessins (ou peintures, ou images, enfin peu importe, appelons ça une bande-peinte si vous préférez). Le traitement des couleurs est incroyable, on a chaud on transpire rien qu'en lisant. Je me suis surpris à entendre les grillons et les cigales devant la planche mettant en scène les gendarmes dans le champ de blé. Non, on a affaire là à un super peintre finalement assez proche d'Eward Hopper dans son traitement de la lumière. Après, le traitement des personnages, je comprend qu'il puisse rebuter, mais moi j'adhère et trouve que ça ajoute au parti-pris du "vintage". Et puis enfin merde quoi une BD avec des DS, des R16 et des Estafettes, moi je trouve ça d'une beauté absolue. Alors je dis oui, je dis c'est bien, et je vais remettre mon pull parce qu'en fait il fait pas chaud.

Drôle de sentiments laissés par cette lecture , d'un côté je me dis que c'est une très bonne entrée en matière , que le scénario est plutôt solide et qu'il est en phase avec un dessin qui retranscrit bien l'ambiance de l'époque et le caratère des personnages , d'un autre je n'y crois pas trop pour la suite .

Je m'explique , beaucoup trop d'intrigues sont ouvertes et de mystères initiés , par exemple , la coiffeuse , le mec qui lit son journal au bar , le Beau Frère , on se doute que tous ses personnages secondaires vont jouer un rôle , mais au final on n'est pas plus avançé ... ça se trouve il ne se passera rien...

Je suis impatient certes mais j'ai peur que les auteurs aillent dans la mur à vouloir développer trop de sujets , trop d'histoires , d'ailleurs sur la fin de l'album , j'ai ressenti une forme de lassitude à voir des nouveaux mystères s'ouvrir sans que d'autres soient éclaircis.

J'attendrai donc la suite avant de me faire un jugement , je ne voterai certainement pas pour cet album car le doute est trop fort quand à la capacité à tenir la distance.

Quel dessin et quelles couleurs! comme le disait Can; il y a trop de choses non résolues mais j'ai bon espoir pour la suite,vivement ! .

Comme Marion, au premier abord du moins, j'ai trouvé le style particulièrement moche...
Mais la couverture ne rend pas grâce a l'ouvrage je trouve...
Certes on est pas dans du dessin on est plus dans l'univers de la peinture - même si c'est de la palette graphique, l'effet est là-.
A l'instar de Nicrotte, ces" peitures" m'ont evoqué Hopper...mais hopper au soleil...
Moi aussi j'ai entendu les grillons chanter. Les couleurs retranscrivent parfaitement la lumière du sud et on sent la chaleur a chaque page...alors on les tourne vite comme ça, ça fait ventilateur.
Mais ce serait dommage de passer à coté du scenario et de la poésie des dialogues...
Que chaque personnage réfléchisse à la vie comme il le font parait un peu irréel... En effet ils ont quasi tous, à un certain moment, quelques jolies paroles ou du moins une raison d'être émouvant, touchant.
Moi aussi j'ai beaucoup aimé le " quelle solitude..." du flic... dans cette lumière de fin d'après midi, c'est vraiment très beau...
C'est un peu trop figé, un peu trop raide à mon goût mais le travail sur la lumière et les paysage est très reussie

Hopper
pour moi, on est plutôt du côté de certaines pages humoristiques du Figaro dans les années 80 (pas Jacques Faizant... je n'arrive pas à retrouver le nom de ce dessinateur qui faisait des planches très colorées, et d'une platitude sans nom ; pas très loin des pin-ups d'aslan, non plus ?, ou de certains caricaturistes de Montmarte...)

De mon côté, l'histoire m'a laissé sur ma faim, avec quelques fils pas inintéressants (la chronique familiale, autour de la fillette) ; c'est bien la première fois que je me fiche de savoir qui enlève les enfants et pour quoi en faire...

bref, autant dire que je n'attends pas le tome 2 impatiemment.

Si le style graphique me rebute de prime abord, je dois admettre que le travail des couleurs est pour le moins léché.
Le son des cigales et tout et tout...

l'ensemble de l'intrigue est pas mal ficelée bien que les personnages me semblent fort "cliché".

La qualité des dialogues ne m'a pas laissé indifférent.

Je suis assez intéressé par le sujet (politique, saint dicalisme, priez pour nous...) pour attendre la suite, sans impatience.

Sacrée (bonne) surprise que cette lecture ! Un dessin ... étonnant, parfait dans son style, des couleurs waow , des phylactères de roman-photo (!), des personnages qui bien que figés parfois sont étonnamment expressifs, des pointes d'humour là où on ne les attendait plus ... ("non, ça c'est une roue de vélo" )
J'ai trouvé l'ambiance extrêmement bien rendue aussi. Ce n'est qu'une impression, mais il me semble que cet album peut trouver plus de résonnance chez ceux qui, comme moi, cotoient (dangereusement ) la quarantaine...
J'attends la suite avec impatience !

edit : c'est pas Martine, c'est Heidi et Claire !!

je suivrai aveuglément marion au sujet de cet ouvrage

je n'accroche pas au dessin, avec un faux effet pastel sec que je trouve trèèès bof.
l'atmosphère est étouffante, certes, mais quasiment trop pour me donner envie de continuer la lecture des prochains tomes
peut-être suis je insensible à la simplicité (aïe)


-promis prochainement j'apprends à faire des majuscules-

Et voilà enfin "la fin des coccinelles" !
Toujours cette magnifique palette de couleurs, dont je ne me lasse pas, et un rendu de l'atmosphère tout à fait extraordinaire.
Un album fait pour chatouiller nos sens, et un scenario qui suit sa voie même si, comme Can le pressentait, restent des zones d'ombre. Mais c'est certainement ce qui rend cet ouvrage si vivant.
Je recommande sans modération .

J'ai également lu cette seconde partie qu'on attendait presque plus , j'ai même craint que l'on ne verrait jamais la suite.

Effectivement , il reste des zones d'ombres et la fin est un peu abrupte , comme toutes les fins ouvertes , elle présente l'avantage de laisser au lecteur , la possibilité de se faire ses propres hypothèses mais cela présente aussi la frustration de constater que certaines parties du récit étaient finalement un peu vaines. N'empêche que c'est vraiment un bon diptyque , une bonne réflexion sur l'intégrité des hommes face à leur choix , la tension monte au même rythme que les degrés grimpent au thermomètre jusqu'à l'orage , qui mettra fin à la période de canicule.