Oubliez cette couverture qui, je le vois d'ici, a dû faire se hérisser notre ami Eraserhead , jetez donc un œil à la 4eme de couv où l'estampille " approved by the fabulous furry freak brothers" devrait vous rassurer, et suivez l'auteur, je vous prie, sur cette route, d'un pas confiant.
...tout aussi confiant qu'Eric et Pat', qui à l'orée de leurs 20 ans, en 1978 donc, débarquent dans un New York caniculaire, dont le bitume leur colle aux Converse. Dans l'idée, rallier San Francisco en 3,4 jours de stop, histoire de cueillir les dernières flowers d'un power sur le déclin. Eric est prêt à tester toute substance illicite et disponible sur le chemin, Pat est à ses côtés, prête à le suivre et à ne jamais lui en vouloir.
Ils mettront deux mois à atteindre le Pacifique, deux mois à emprunter des routes au gré des conducteurs qui acceptent de les prendre à bord, deux mois à dormir à la belle étoile ou dans des squats pouilleux, deux mois à vivre au présent et surtout aux côtés l'un de l'autre.
Les rencontres et les chauffeurs se succèdent, hétéroclites, du sympathique représentant de Heinz au vétéran ivre mort, du texan bas du front à l'indien imprévisible... Dans ce périple rock'n roll, petit à petit, s'invitent aussi babas plus très cools, junkies à la dérive, mauvais trips et remontées d'acide, l'envers du décor, le petit matin blafard qui suit la grande fête. Ce qui permet à Eric de découvrir ce que Pat sait visiblement déjà, à savoir savoir reconnaître ce qui compte vraiment, ce qui donne envie de vivre.
Bien loin d'un récit gentillet ( certaines anecdotes font vraiment froid dans le dos ) , l'auteur nous livre ici avec générosité une période qui a compté dans sa vie, et celle de sa compagne. Le dessin est énergique, et personnellement j'adore le travail des couleurs.
Voilà qui nous donne une lecture incroyablement attachante ; outre le plaisir de découvrir ( en VO et en musique ! ) moult facettes des USA de la fin des seventies, on sent transparaître à chaque page l'honnêteté et la sincérité dans le récit.
Et puis, par dessus tout, c'est une belle, une ma-gni-fique déclaration d'amour.
une interview de l'auteur où l'on constate avec le sourire que l'histoire se répète, puisque son projet de bd, dont il comptait traiter une page par journée, aura duré 4 ans
eraserhead Comité de sélection du Sheriff d'or
Nombre de messages : 3329 Age : 49 Localisation : Dans mon Auvergne jolie parmi les bois les monts Date d'inscription : 15/01/2010
Ce que j'ai préféré dans ce livre, c'est ... sa fin. Ou plutôt la documentation que l'on trouve en fin d'album, et qui mêle texte de l'auteur, photos et croquis d'époque. On y trouve beaucoup plus d'émotions et de force que dans l'album.
Il y a également des planches présentées à leur différents étapes de création - et pour le coup, en découvrant les dessins à nu, je me suis dit qu'Eric Cartier n'aurait pas dû faire appel à un coloriste. C'est un avis très personnel, mais je n'aime pas du tout le traitement des couleurs qui me semble sans unité (pourtant, quand tu nous as présenté l'album, Naphatlène, j'ai pensé : "enfin un album qui ne joue pas la carte de la monochromie!")
La fin de l'histoire est aussi une belle réussite ... car ce couple existe toujours, car l'aventure amoureuse ne s'est pas arrêtée, même si elle a été chaotique, comme expliquée dans le texte "Confidence". Et c'est touchant. La page qui présente Eric et Patricia, de nos jours, avec leurs grands enfants, est une bouffée de bonheur pour mon coeur de midinette !
Après, le road trip en lui-même, les aventures, les mauvais délires ne m'ont pas franchement emballée.
Joco Comité de sélection du Sheriff d'or
Nombre de messages : 2331 Age : 56 Localisation : Troisième à gauche Date d'inscription : 23/06/2007
Ben moi, j'ai passé un bon moment de lecture avec ce road trip mouvementé. Après, il n'en restera pas grand chose à cause d'un certain éparpillement d'un propos trop soft. Si l'unique but était de faire passer de l'émotion, je trouve que ça ne fonctionne pas trop, quand à la tirade de la confidence sur l'amour, je ne l'ai pas retrouvée dans le livre non plus. Par contre, c'est un bon témoignage sur une expérience un peu dingue et risquée qui aurait mérité un traitement plus radical, peut être.
Superphane Comité de sélection du Sheriff d'or
Nombre de messages : 1824 Age : 52 Localisation : Chamalieres Date d'inscription : 06/02/2010
Ses 150 pages de retour sur cet épisode fascinant et, d’une certaine manière douloureux, sont parfaitement rythmées et mises en scène, la voix-off dictant le tempo subtilement. Un beau livre, à coeur ouvert. BODOI
Entre évasion et désillusion, Route 78 nous immerge dans l’intimité d’un voyage captivant. A découvrir. PUBLIKKART
Le ton est léger, direct, les textes sont très « parlés », quelquefois fredonnés, ce qui donne une complicité avec l’auteur. En bref, cette tranche de vie, qui nous fait rire, sourire, pleurer aussi, nous colle une jolie petite banane un rien nostalgique dès la dernière page tournée. Et ça fait du bien. PLANETE BD
Humour libérateur, lucide et tendre… LIVRE HEBDO
Tendresse et émotion sont bien présentes, au même titre que l’humour (Ah ! L’esprit taquin du Texan lambda !). Au final, Route 78 est un tableau saisissant de l’Amérique que résume bien cette phrase d’Eric Cartier lui-même : « Entre New York et Frisco, y a un grand trou, vaut mieux pas tomber dedans. » BENZINEMAG
On ne se lasse pas une seule seconde de suivre les deux amoureux dans leur périple, tant les portraits dépeints ici sont originaux et l’aventure exaltante. BULLES et ONOMATOPEES
Ouaip, c'est juste trop un vrai livre. ESPRIT-BD
En plus de 150 pages extraordinairement dessinées, Cartier brosse des décors savoureux et des tronches incroyablement expressives. Juste ce qu’il faut de caricature et beaucoup de réalisme, sans compter la mise en couleurs de Piero Lalune qui fait là un travail exceptionnel. Un cahier de photos, croquis et dessins, montre bien l’exigence de l’un et de l’autre. BDZOOM
fred Comité de sélection du Sheriff d'or
Nombre de messages : 4846 Age : 56 Localisation : entre un carton de nouveautés et une pile de retours Date d'inscription : 06/02/2007
Je n'irai pas jusqu'à dire que ces pages sont " extraordinairement dessinées " , mais ce que j'ai apprécié par dessus tout c'est cette manière de nous faire vivre au plus près les péripéties du voyage ; je me suis vraiment laissé embarquer dans les lieux et l'époque, et le récit a même pris un petit goût de nostalgie ; j'avais 7 ans en 1978, et c'est par la lucarne télévisée que me parvenaient les petits bouts d'Amérique...
fabulous Comité de sélection du Sheriff d'or
Nombre de messages : 3190 Age : 41 Localisation : ... avec Mam'zelle Bulle ... Date d'inscription : 06/02/2007
Bon ben, j'aurai dû écouter Esprit BD et pas Bodoi .
Grosse déception que ce titre, beaucoup de faiblesses dans la narration, les dialogues, les jeux de mots ne prennent pas, l'utilisation de l'anglais n'apporte rien, immerger le lecteur par cet astuce est un échec car on final on ne perçoit qu'un mélange de langues qui fait perdre tout sens littéraire au livre, si tenté qu'il en avait un. Le dessin sauve à peine la mise, trop chargé en décor, trop mangé par les couleurs, il ne respire pas et ne rends pas compte de la profondeur de champ, des grands espaces.
On sent les intentions de l'auteur à vouloir partager son histoire, je pense qu'elles sont au départ très bonnes, je dirai même trop, je me trompe sans doute mais j'ai l'impression qu'il s'est un peu perdu dans ses émotions et son affectif, de son histoire qui lui tenait vraiment à cœur, ce livre est plein de sincérité mais manque de détachement pour sortir du cadre journal intime et en faire une œuvre à part entière.
En 2015, l’Amérique c'est Sufjan;
Archi Titulaire
Nombre de messages : 164 Age : 38 Localisation : Clermont-Ferrand Date d'inscription : 07/02/2015
Comme Joco, j’ai passé un moment agréable à la lecture de cette BD… mais qui s’oublie facilement. L’histoire d’amour, qui selon Éric Cartier est le cœur de cette histoire, se noie au milieu de tous ces personnages partiellement esquissés dans une Amérique en pleine effervescence. Je regrette que chaque ville ne soit pas plus mise en scène, ce qui aurait gagné en véracité et qui aurait permis, je pense, de magnifiques planches.
Livre sincère et qui avait tout pour me plaire mais qui reste trop raisonnable.
Pour une expérience plus psychédélique, lire « Acid Test » de Tom Wolfe.