Barthélémy, l'enfant sans âge, de Simon Roussin

Barthélémy ne peut mourir, ne peut disparaître.
Il a vécu plusieurs vies trépidantes, gravissant l'Everest, traversant les océans, combattant aux côtés d'Arthur, mais chacune de ses morts s'accompagne chaque fois d'un retour à la vie, d'un recommencement. Barthélémy renaît enfant.
Le livre s'ouvre donc par la énième (fausse) mort de notre héros. Vieux et agonisant, secondé par son fidèle Toussaint, Barthélémy trépasse puis réapparaît aussitôt sous les traits poupons d'un jeune garçon d'une petite douzaine d'années.


L'histoire s'ouvre sur une série de scènes cocasses et drôles jouant sur le contraste entre l'apparence de Barthélémy et sa maturité, son langage d'érudit. Il se retrouve contraint d'aller à nouveau à l'école où, bien que peu attentif, il étonne et bouscule les certitudes des professeurs et de ses camarades.
L'histoire se teinte alors de mélancolie et de désespoir. Barthélémy est las, désireux de mettre un terme à cette éternité trop lourde à supporter. La rencontre de la jeune Constance – la bien nommée – puis d'Auguste Salomon, atteint du même mal que le sien, donneront enfin un sens à sa vie.


S'affranchissant totalement des limites entre les genres, Roussin balade le lecteur de la comédie au récit d'aventure pour basculer peu à peu dans la tragédie. Le sentiment de légèreté des premières pages disparaît  au profit de plus de profondeur et d'une vraie réflexion sur la vie et la mort, sans pour autant négliger l'histoire, trépidante et pleine d'action !
L'histoire d'amour étonnante et impossible (?) entre Barthélémy et Constance apporte enfin romantisme et poésie au livre, l'auteur décrivant ce « premier amour » avec beaucoup de pudeur et de sensibilité (très belle scène du premier baiser), permettant à Barthélémy de retrouver une innocence depuis longtemps perdue.

Simon Roussin signe une bande-dessinée à l'esprit délicieusement vintage, utilisant ligne claire, à-plats de couleurs dans les tons rouges et verts et écriture cursive, se positionnant en héritier des auteurs classiques franco-belge. Ce choix renforce encore davantage, par contraste, la force narrative d'un récit sur la désespérance.

Après Lemon Jefferson et Heartbreak Valley, c'est déjà le troisième livre de Roussin justement sélectionné au festival d’Angoulême. Il est donc temps de découvrir l'univers singulier de cet auteur, compagnon de route de Marion Fayolle au sein de la revue Nyctalope.
http://nyctalope-magazine.blogspot.fr/

Une lecture plaisante mais trop brève, le sujet étant très intéressant. Le passage d’une scène à une autre m’a paru parfois un peu abrupt mais cela ne m’a pas pour autant gênée dans la compréhension de l 'histoire, qui reste cohérente ; j’ai aimé la désinvolture de ce personnage, sa quête désenchantée, l’aspect paradoxalement naïf du graphisme, les références. Une suite et/ou une version plus fouillée ne me déplairait pas…

C'est moi où Toussaint a un ptit air de ressemblance avec Dupont ou Dupond??!!
(Même pas peur de choquer les tintinophiles!!!   )

plutôt dupond ?

Si tu le dis, je te crois, c'est toi le spécialiste!!!

Petit livre jouissif, un petit coté Faustien (la désinvolture face à la vie, le désir de mort et le tout remis en question face à l'amour), un graphisme qui m'a séduit, et une belle lecture sur la vie, la mort, l'amour et l'absurdité, sur l'éternel recommencement, tout à la fois reflet de l'éternel et de l'éphémère.
J'ai plutôt apprécié les ellipses et les changements brutaux sans fioritures avec un art de la concision plutôt plaisant.

difficile de clore un tel sujet !
un beau petit livre. Il pourrait presque figurer dans le rayon jeunesse ?

C'est un coup de cœur pour moi, un livre en effet plein de poésie qui pose les bonnes questions sur l'existence et l'amour à travers le personnage de Barthélémy, un vrai régal de lecture. Les seconds rôles (Toussaint, Constance, Salomon) renforcent l'intérêt de l'intrigue, à mi chemin entre conte fantastique et comédie dramatique. Nostalgie et modernité sont parfaitement dosés et comme le souligne gaga, la concision du propos fait la force du livre, allant directement à l'essentiel sans s'encombrer du superflu. Je pense que Simon Roussin pourrait légitimement étendre les aventures de Barthélémy sur d'autres récits, un peu à la manière de la série des "Paul.." de Michel Rabagliati.

Voilà des immortels philosophes et constructifs.

Ceux qui vivent trop longtemps veulent parfois mourir ; ceux qui sont condamnés voudraient bien vivre. Dans la vraie vie, je l'entends.
Bousculé par les sauts de temps, apaisé par la ligne claire, la lecture de ce livre m'a fait rebondir en permanence en ouvrant des portes sur autant de questions.

Histoire assez touchante pour Barthélémy, condamné à revivre après chaque mort.
Le scénario est bien trouvé, en commençant par beaucoup de légèreté en allant au fil des pages vers plus de dramaturgie.
Il me reste un petit goût d'inachevé, peut-être une fin un petit peu top abrupte !

À bien y réfléchir, je ne suis pas vraiment convaincu par Barthélémy. Un départ tonitruant (les quatre cinq premières pages), puis un enchaînement foutraque de séquences plus ou moins réussies. Le thème ô combien intéressant de l'immortalité est esquissé mollement, sans réelle conviction (surtout si l'on pense aux Derniers Jours d'un immortel), et celui de l'amour manque un peu d'allant et de panache. Je crois que Roussin perd un peu à cloîtrer le développement des thèmes qu'il souhaite aborder dans un formalisme distant qu'il voudrait élégant. J'avoue ressentir un manque de sincérité qui fait défaut à la qualité globale du livre, sentiment que j'avais déjà eu à la lecture de Heartbreak Valley.

Je ne comprends pas vraiment ce que tu entends par manque de sincérité.

Manque de sincérité n'est peut-être pas l'expression la mieux choisie... Je trouve qu'il cherche à épater, par une construction hors-norme, par un jeu décalé des personnages, et que ce n'est pas toujours très réussi. L'originalité coûte que coûte peut parfois desservir la fluidité d'un récit, la pertinence d'un propos.

Belle lecture, l'ambiance graphique ligne claire + ROUGE/BLANC/VERT est très cohérente.

Les questions philosophiques effacer par les petites choses qui marquent nos vies.
L'amour plus fort que la mort ?
L'idée est alléchante, moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eu' ...

La fin abrupte et maladroite montre que Roussin est comme le commun des mortels, la réponse n'appelle aucune certitude !

Belle découverte et un auteur à suivre, merci les Shériffs.

Lu à la dernière minute mais en prenant mon temps, j'ai apprécié le sujet ( qui me rappelle un roman donc je ne me souviens ni de l'auteur ni du titre - voilà un aparté constructif ... je vais rechercher ! ), et l'originalité de son traitement même si les enchaînements de scènes ou plutôt l'absence d'enchainement donne un côté abrupt à la lecture. La case où Toussaint-Dupondt précise que les parents de Constance l'ont chargé de lui dire qu'ils n'étaient pas contents m'a fait éclater de rire dans mon fauteuil. Le dessin me convainc moins. Comme certains d'entre vous je trouve que l'histoire manque de fluidité et de profondeur, même si les questions existentielles sont bien présentes. Une bonne lecture, mais un petit sentiment d'inabouti.

J’ai trouvé les enchaînements assez décousus notamment au début. Comme si cette BD avait été d’abord écrite en petits strips avec un fil conducteur et qu’ils ont ensuite étés accolés.
Sinon l’ambiance globale, faussement naïve, est assez plaisante mais il manque un peu de profondeur au scénario pour me convaincre totalement.
Une BD qui aurait certainement gagnée à être plus dense comme cela a déjà été souligné.