La Maison de pain d'épice de Cleet Boris

Des générations de gosses se sont fait torcher le derche depuis Chic Planète et l'Affaire Luis Trio. Succès aidant, Hubert Mounier/Cleet Boris, voix du groupe, a dû porter de longues années le fardeau de son pseudo/joke. Depuis, il a apprivoisé ses doubles ; mieux, il réussit à jongler de l'un à l'autre.
En marge de sa nouvelle galette, La Maison de pain d'épice disponible chez Naïve et signé Mounier, il publie aux éditions Dupuis une bande dessinée qui porte le même titre sous son pseudonyme désormais réhabilité. Journal d'un disque (car tel est son sous-titre) s'inscrit dans le prolongement de Journal d'un album de Dupuy et Berberian. Il s'agit de raconter le processus de la création, de dévoiler l'élaboration d'un projet artistique qui bien souvent se nourrit de tâtonnements, de rencontres et de volonté. Sont passées au crible les joies, les doutes, les instants de magie et de déception qui jalonnent le parcours de l'humain face à sa réalisation. L'assemblage d'un tout cohérent se fait pièce par pièce.
Cleet propose de pénétrer son intimité par la porte "visiteurs". Jamais impudique, il adopte une ligne claire qui colle bien à sa sincérité. Le trait élégant rappelle ce très bon livre ping-pong réalisé avec David Scrima ; ses pages étaient formidables d'aisance et de liberté. À l'instar de ce titre qui fourmillait de références aux comics, les chapitres sont ici rythmés par des hors-texte où Cleet se projète dans la peau des fiers-à-bras qui faisaient la une des Petits Formats de chez Lug (et autres) comme Bronco, Nevada ou Zembla. Comme quoi grandir à Lyon peut laisser des traces…
Avec cet album, Hubert/Cleet confirme ses aptitudes, souhaitons-en d'autres !

Et je ne savais même pas que ce chanteur était dessinateur. A priori j'aime beaucoup ce style ligne claire années 80, ah mais d'accord c'était lui qui avait fait la pochette de Chic planète en fait on dirait du Chaland ah ouais ok

Ah bah non en fait c'était bien Chaland...

Yop là , génial , pétillant et réaliste , vif et joyeux , coloré et sympa , voilà ce que m'inspire cet ouvrage . Une très belle découverte merci Fred , je vais de ce pas acheter son album . Et en plus sa fille s'appelle Justine

botachris a écrit:

Yop là , génial

j'attends effectivement plus de sa bande dessinée que de sa musique... et dès les premières pages, je ne suis pas déçu :

"un début de millénaire à devoir faire avec la chanson-télé-réalité... et son redoutable contrepoison, la nouvelle scène française. Rien de vraiment très folichon sous nos latitudes, l'émulation au ras des paquerettes."

voilà un jugement qui vaut son pesant de cacahuètes ! que Cleet Boris n'y connaisse rien, soit. Mais qu'il se pose en seule alternative crédible, non - en plus, c'est particulièrement prétentieux (en terme musical), puis si on y réfléchit, ça veut aussi dire que s'il fait de la merde, c'est de la faute des autres !

Bref, belle ouverture !!

Je vais quand même essayer de lire la suite, mais ça laisse présager une bonne poilade...

Je ne sais s'il y a de la place dans ce post pour réhabiliter l'affaire Louis trio qui traine la casserole "chic planète" bien injustement... Je tiens Mobilis in mobile pour un grand disque pop des années 90 (presque vingt ans déjà pour ce disque et pas une ride...) et je vous incite à faire une écoute attentive des trois derniers allbums du groupe. On y trouve quelques petites perles.
La voie choisie par le groupe dans ces années-là était assez courageuse : la pop française séduisait peu et les quelques groupes dont j'ai les galettes sont tombées un peu dans l'oubli (Chelsea, William Pears, les objets, Autour de lucie, Parades...). Les héritiers des Beatles ne peuvent se trouver que de l'autre côté de la Manche...
Je tiens pourtant Hubert Mounier pour un très grand mélodiste, les textes me semblant un petit ton en-dessous. Les correspondances avec Biolay sont par ailleurs assez nettes.
Même s'il avoue jouer des accords dont il ne connait pas le nom, je peux vous certifier, tâtant moi-même plus que correctement de la guitare, qu'il connait fort bien son affaire ! Bien qu'elles soient d'une construction souvent complexe, ces mélodies sont toujours très limpides.
Ces albums solo m'ont ensuite un peu laissé sur ma faim même si on trouve quelques mélodies belles et "évidentes".
Pour le plaisir une chanson inédite mise en clip par un fan...

bon, l'album est sympa quoiqu'un peu décousu... Belle couleurs, beau papier : un peu cher pour ce que c'est non ?
Une BD autobiographique à la française (il n'y a peut-être pas non plus beaucoup d'émulation dans ce champ-là ?)
assez en dessous de ce qu'on a pu lire par ailleurs, que ce soit graphiquement ou même narrativement : mais c'est un album de circonstance.
j'aime bien les en-tête de chapitre en couvertures redessinées

j'ai essayé de faire abstraction de la musique (mes amis dany brillant et patrick sebastien, amoureux de musique... là c'est trop !!!)

Là où Dupuy et Berbérian nous plongeaient dans un processus créatif partagé, Hubert Mounier nous propose surtout des épisodes de vie accompagnant la création puis la sortie de l'album. Son retour à une vie tranquille (son "retour à la terre" !), plus sereine se mélange d'épisodes où le show-biz resurgit. On touche du doigt les difficultés actuelles de l'industrie du disque avec un humour toujours bien senti.
Je n'ai pas l'impression par ailleurs que Mounier copine avec Sébastien et Brillant... mais qu'il garde une distance pleine d'ironie sur le milieu du show-biz. Par ailleurs, les personnes les plus sympathiques ne sont pas toujours celles qui font les meilleurs disques (c'est pareil pour la bédé, non ?).
Si la lecture a vraiment été très plaisante (j'aime aussi beaucoup les fausses couvertures, vraiment très réussies ou le faire-part de naissance), je trouve que le chanteur reste très pudique (parfois avec beaucoup de classe quand il s'agit d'évoquer la disparition de François Lebleu) et nous laisse trop peu entrer dans son monde. J'aurais aimé en savoir un peu plus.

Sinon, Hubert, t'es vraiment un bon mélodiste...

bonbin là oui mais pfffouuu.
Bien que je n'aime ni le style de dessin, ni les autobio en général, que je ne panne rien au processus de création musicale et qu'en plus je n'ai pas spécialement d'affinités avec les oeuvres du monsieur (dire que je ne les connais pas serait plus juste), je l'ai quand même lu d'une seule traite. Ouf. Car le propos est honnête et le rythme se tient, mais trop de Mobilis tue le Mobile. C'est pas spécifique à cet ouvrage, mais comme je l'ai dit plus haut, les autobio, j'ai vraiment du mal, et celle-ci ne fait pas exception hélàs.
Ce que j'en garde de meilleur : les couvertures de comics revisitées.

naphtalene a écrit:

Ce que j'en garde de meilleur : les couvertures de comics revisitées.

c'est un plébiscite !

Bon ben c'est pas mal, c'est pas le chef d'oeuvre de l'année, mais ça ne déçois pas et ça fait passer un bon moment, entre nostalgie, tendresse, un peu d'humour et en plus Benjamin Biolay en prend pour son grade (espèce de lâcheur :p)

Le dessin est sobre mais colle bien avec le ton et la narration, ce qui donne un ensemble tout à fait cohérent.

Mr Mounier a deux casquettes et ça lui réussi bien , il maitrise son récit , croque sans vergogne le milieu de la musique qu'il connaît depuis plus de trente ans. J'aurai bien aimé une phrase assassine sur ce gros con de Sardou , mais bon une jolie réussite.

ouais Biolay ramasse un peu mais pour avoir lu une interview de Mounier , il s'agit vraisemblablement d'un gros second degré puisque les 2 artistes semblent très proches

Bon passons pour les potins du monde de la musique , cet album est en effet des plus enchanteurs , j'aime bien son style , genre beaucoup de gags tout en assénant quelques vérités piquantes , même sur les passages les plus 'tristes" , Hubert nous décrocherait presque un sourire et ça c'est classe.

L'essentiel est que cette lecture nous donne envie d'écouter le disque , le passionné de musique est donc séduit , pari réussi , il aurait d'ailleurs pu mettre un exemplaire avec l'album car l'est pas donnée quand même , bon je dis ça je dis rien , merci encore pour le prêt et pour la belle découverte ami libraire.

C'est honnête, avec une foule de détails intéressants sur son histoire traités avec humour et poésie, et puis le dessin ligne-claire est tellement séduisant. Mais le problème c'est que cet album ne semble pas nécessaire, comme une sorte de gros bonus à son album (CD) qui va sortir. Ça se finit même en pub, ça laisse un sale petit goût en bouche...
Enfin bon je ne vais pas bouder mon plaisir, ça pousse même à regretter que ce mec n'ait pas fait plus d'albums (BD), ça m'intéresserait plus que ses albums (CD).

Je crois que tout est dit....

Je l'aurai presque gardé, si ce n'était le prix !

Oui, ben, euuhhh, j'ai vraiment du mal avec la sélection du mois... Je me suis forcé à le lire d'un coup... Certes, ce n'est pas inintéressant ni désagréable mais je n'ai guère pris de plaisir à suivre sa vie d'artiste et de mari/père... Le dessin est tout de même attrayant et vieillot et j'aime bien ça, tout comme ses fameuses couvertures revisitées... Bon, j'ai aussi quelquefois souri face à quelques situations ou propos bien placés... A lire avec modération.

J'aime : - le concept de l'histoire de la genèse d'un disque
- la couverture de l'album
- les pages de chapitres où Cleet Boris prend la place de ses héros d'un autre temps tels que Akim, Zembla, Bronco...
Cette BD est très bien réalisée, tant au niveau du dessin que de l'écriture, reflétant très bien les émotions de ce dessinateur-chanteur, pour notre plus grand bonheur.

une autre bonne surprise de cette sélection, je ne savais pas trop quoi en attendre et j'ai passé un super bon moment, sur mon balcon avec mon café et ma clope.
Ca fait quand même du bien ce genre de livre, pas de temps mort, une ligne claire bien maîtrisée, on est porté par la musique qui transpire (ou alors ça venait de la chaîne hifi, je ne sais plus).

Ou ben je pense que la dernière page avec la pub pour l'album, c'est plus une référence au vieux comics qu'une pub a proprement dit...j'ai vu un clin d'œil rigolo plutôt
Pareil: bonus pour les couvertures revisitées!!!
Je ne suis pas fan de la "ligne claire années 80" mais il maitrise bien ce style de dessin ( pas facile) et il sait bien raconter ses histoires
Comme eraserhead, je trouve qu'il se permet de parler d'une scène dont il ne connait apparemment pas grand chose...du moins qu'une partie au final un peu showbiz/variet' quoi. Alors bon si faut avoir été signé sur un gros label pour être un artiste un vrai...
Mais bon on oublie vite tout ça parce qu'il est touchant malgré tout et il dit des choses sur la création qui m'ont parlé.
Des fois ça fait un peu amassis d'anecdotes et c'est vrai qu'on aurait aimé qu'il aille plus loin ....ou qu'il se lache un peu plus dans la narration
Je reprendrais les mots du capitaine pour dire que cet album est honnête.