TOM ET WILLIAM, de Laurent LEFEUVRE.

Bonjour,

hier soir (eh oui, je n'arrête pas !), j'ai découvert TOM ET WILLIAM, de Laurent LEFEUVRE, au LOMBARD, collection SIGNE.
Il m'avait été conseillé par Daniel, mon associé et néanmoins pote.

Figurez-vous que ce livre résonne en moins pour deux raisons:
1/ il ressemble presque à un hommage à la photo qui sert d'avatar à FRED, sur ce même forum;
2/ il me rappelle moi, gamin, dévorant littéralement toutes les BD que je pouvais alpaguer.

Voici pourquoi: imaginez un petit garçon blond TOM, qui joue dans une ville déserte, et qui réussit à se cacher quand un grand E.T. se profile à l'horizon.
Imaginez que ce même garçon rencontre ensuite un homme, WILLIAM, persuadé qu'il n'y avait plus d'autre être humain que lui sur cette planète. Bizarre, hein ?
Maintenant, imaginez que lorsqu'ils se retrouvent pour partir sur la route, TOM, le petit garçon, arrive flanqué d'un colosse viking avec une grosse hache, GÜNNAR, que ne renieraient pas certains dessinateurs de chez SOLEIL !

Je ne voudrais pas dévoiler l'intrigue plus avant, mais nous avons là un fort bel album (sans être pour autant un chef d'oeuvre), bâti en hommage aux bandes dessinées de studios (notamment italiens) qui ont régalé l'enfance des quadras et plus (comme FRED et moi) ayant passé des heures de bonheur intense à découvrir les aventures rocambolesques qu'elles recelaient.

Dans TOM ET WILLIAM, l'auteur joue habilement avec tous ces codes et utilise donc un ersatz de Tarzan, un de Superman, un de Blueberry, un de Bruce Lee, etc.

Je me suis reconnu dans ce petit garçon à l'imagination débordante. Je pense que Fred pourrait aussi s'y reconnaître, ainsi que pas mal d'entre vous (peut-être serait-ce moins vrai pour les femmes ?).

Du coup, je perds sans doute en objectivité sur ce titre. Le dessin est certes un peu inégal, et la narration avance avec quelques petits cahots, mais on peut y voir un hommage sous-jacents aux créateurs de l'époque, qui travaillaient dans l'urgence.

Un cahier graphique vient habilement compléter l'album.

Chouette !

T.

P.S.: Je tiens à vous rassurer: j'en fais beaucoup sur la nostalgie, mais TOM ET WILLIAM est bien une BD d'aujourd'hui, moderne et enlevée, basée sur une idée simple, et bien menée. Idée que j'aurais bien voulu avoir moi-même !

Lefebvre a fait un réel travail de copiste en créant les fictives éditions Roa pour alimenter son album.
A visiter ici.
(Attention, toutes les couv' et planches sont des fakes.)

En attendant, Tom et William, l'album existe et c'est le meilleur album franco-belge que j'ai lu depuis longtemps.
Le récit ? Un petit garçon se retrouve seul dans une petite ville de France où déambulent des aliens. Il rencontre William qui va devenir à la foi son grand frère et un père de substitution. William va le guider et le protéger contre des menaces qui semblent issue de l'imaginaire de Tom, un imaginaire qu'il s'est construit en lisant les bandes-dessinées héritées de son père et produites par un éditeur fictif, les éditions Roa. Heureusement, William est épaulé par les héros de papier qui prennent vie et qui, chacun à son tour, vont combattre - et parfois périr en combattant - les menaces issues de leurs univers de fiction, en attendant l'ultime confrontation.
L'album de Laurent LEFEUVRE est un petit bijou. Un hymne à la bédé popu qui a charmé nos jeunes années et qui nous titille encore. L'antidote à cette BD prétentieuse qui cherche à flatter des gens qui la méprisent en abandonnant même son nom - "roman graphique", un terme piraté chez les Américains et dénaturé pour devenir un label - et son identité. Le graphisme n'obéit pas non plus aux canons de l'actuelle BD commerciale avec esthétique comico-mangaïsée et couleurs informatiques glacées. Le trait est souvent épais, les visages pas toujours gracieux, les ombres parfois hachurées comme si le dessin avait été effectué à la va-vite, les couleurs sont franches et épaisses (bien que traitées à l'informatique) : l'auteur a mis en harmonie sa technique avec son sujet. On reconnaîtra d'ailleurs, dans certaines vignettes des emprunts à Steranko (et son fameux raccourci sur un visage) et à d'autres (la chute finale du grand méchant). La fiction inter-réagit avec la réalité, l'un des personnages, Alain Chevrel, tient un blog consacré aux éditions Roa que l'on peut consulter sur cette adresse : http://roa.over-blog.com/ En effet, pour faire connaître son album, Laurent LEFEUVRE, a fabriqué des dizaines de fausses couvertures et planches qui ont donné substance à un éditeur - et un auteur imaginaire. Une stratégie intelligente quand on sait que, de nos jours, la qualité d'une œuvre importe parfois moins que le buzz que l'on saura créer autour.
C'est donc à la fois un récit captivant, un hommage vibrant à la bédé authentique (et pas à la BD de salon, aussi nouvelle soit-elle) et une entreprise culottée que n'aurait pas reniée un Alan Moore.
Chaudement recommandé.