Bonjour,
je veux vous parler, non pas de l'arme de demain qui est enfantée du monde et en sera la fin, mais de SCALPED, dont le tome 1 est dans les rayonnages de votre librairie favorite.
En même temps, comment parler d'un tel livre sans exploser les limites du langage toléré par les modérateurs de ce site, dont certains possèdent des baignoires en ciment ?...
Bon, alors voilà: SCALPED est un Polar se situant dans une réserve Indienne, ce qui est déjà une première. Les auteurs ne nous amènent pas là pour étaler de jolies cartes postales mais pour dresser un portait désabusé de la situation des Américains Natifs:
Dashiell Bad Horse revient sur la terre de ses ancêtres après des années dont nous découvrirons au fil de l'album qu'elles lui ont permis d'apprendre les sports de combat et de faire un peu le militaire et tout un tas d'autres activités assez éloignées du scrapbooking sous anti-dépresseurs.
Car Dashiell, c'est une sorte de Clint Eastwood ninja - en beaucoup moins grand et chevelu - qui aurait eu pour prof de français (= américain, si vous lisez la V.O.) Tony Montana.
Dès son arrivée dans la Réserve, il utilise son nunchaku pour masser l'épiderme d'un tas de types musculeux qui n'ont pas l'air d'avoir saisi qui était le héros de l'histoire. Ce faisant, il se permet aussi des remarques sur les activités de leurs génitrices respectives, en sous-entendant fielleusement que certaines ne sont pas étrangères à des activités nocturnes où elles arpentent les trottoirs avant d'échanger leurs charmes contre des billets verts.
Cela lui vaut de se retrouver assez endommagé et dans le bureau du chef du Conseil, qui l'embauche comme agent de la Police Tribale (les voies du Pôle Emploi sont impénétrables....). Cela met aussi Dashiell en conflit ouvert avec sa mère, militante des droits des Indiens ayant passé plus de temps à défendre la cause qu'à s'occuper de son garçon.
Si les personnages sont assez stéréotypiques, si les dialogues et certaines situations jouent la surenchère, il serait tout de même dommage de passer à côté de cette série originale et beaucoup plus subtile qu'il n'y parait.
Comme souvent chez les Américains, l'intrigue est extrêmement bien construite, les flashes-back et autres procédés narratifs au maximum de leur efficacité, mais l'arrière-plan politique et social est bien là, lui aussi, et il est ce qui fait le sel de cette série. Sous-jacent à l'intrigue policière, un portait assez glaçant de la situation des derniers Indiens est brossé avec beaucoup de sensibilité. Aaron est un peu aux Réserves ce que Scorsese fut aux malfrats de New York.
Comme souvent chez les Américains, on espère juste que les auteurs sauront rester sur cette intensité jusqu'au bout de l'histoire et nous emmener vers un final digne de ce premier volume.
Nous verrons bien !
T.