J'ai donc découvert le week-end cette série dessinée par Baru. Et je souhaitais en faire une petite et modeste présentation.
Plongeant dans l'univers ouvrier de la Lorraine d'après-guerre, les Années Spoutnik met en exergue l'affrontement de bande de gamins, à l'instar de la Guerre des Boutons. Dans la petite ville, les gosses de par-en-haut et de par-en-bas s'affrontent verbalement comme physiquement, dans une guerre d'affrontement permanent.
Dans le premier tome, Le Penalty, l'honneur et la victoire d'une bataille se jouent sur un terrain de foot.
Scénariquement parlant, l'histoire manque de dimension. Le nombre de péripéties est limité à peau de chagrin, et on se doute très rapidement du dénouement de l'histoire, que ce soit par le titre ou par un fil conducteur peut-être un peu trop téléphoné.
Mais pourtant, on s'attache au petit Igor, et à cet univers populaire.
L'introduction se démarque par une inovation originale, lorsque le narrateur, le petit Igor, s'adresse directement au lecteur, en s'installant au premier plan des cases pour apporter son regard ou bien des précisions sur l'action.
Le graphisme est épuré, ce qui n'est pas forcément un tort. La puissance sort d'abord d'un univers qui va parler à tout le monde, si l'on acquiert que chacun a été enfant ; mais aussi de la capacité du dessinateur à mettre des visages hyper-expressifs, débordant d'énergie, plongeant vraiment dans une bande-dessinée d'enfance (ce qui ne veut pas dire pour enfants) à l'inverse d'une BD d'adulte qui pourrait chercher plus de style, plus de conformisme dans le trait.
Ce regard sur l'enfance en 1957 nous permet de nous offrir une plongée dans un univers dépaysant, si proche et si loin à la fois.