Comme un chef de Benoît Peeters et Aurélia Aurita

S'inspirant du Gourmet Solitaire de Taniguchi, Peeters a décidé d'écrire un récit autobiographique à travers le prisme de son parcours culinaire d'amateur et de presque professionnel. La contrainte s'avère réjouissante car la gastronomie est souvent gage de partage et de rencontres, parfois illustres. Le livre se lit d'une traite, comme un repas rafraichissant, et nous met autant en appétit qu'il nous égaye !

Peeters écrit bien. Plus que de cuisine, ou autres, c'est un beau livre sur la construction d'un homme, son parcours, ses passions et ses choix.
Belle prestation au dessin aussi, qui sait varier infimement, et se faire oublier.

Vrai page-turner agréable et rythmé.
Je ne suis pas non plus enthousiaste.
Un livre à offrir aussi. On est à peu près sûr de faire plaisir.

très loin d'être enthousiaste pour ma part... ma lecture a-t'elle manqué de sel, poivre, piment ?

Benoît ami de grands chefs, Benoît à Hypokhâgne, Benoît promis à Sciences Po ou à l'ENA, Benoît élève de Barthes et le recevant à dîner…
bon, bon, petites histoires sympathiques certes, mais qui me laissent plutôt dubitatif.

C'est parfois même assez maladroit, pour ne pas dire lourd, Claude Peyrot par exemple, offrant le repas, émerveillé, touché et ému par des clients
venus uniquement apprécier sa cuisine, et s'agaçant des clients frimeurs! ; ou encore Peeters reconnaissant un impromptu de Schubert joué par Barthes lors d'un repas concocté en son honneur.

Bref pas convaincu du tout, pour un récit peu transcendant.

J'ai généralement du mal avec les récits autobiographique dont le nombrilisme me fait fuir.

Rien de tout cela dans ce livre qui est plutôt l'inverse. Je ressens un vrai désir de partager ces moments pleins.
Cette passion assumée a provoqué de grands sacrifices ; Peeters a sûrement eu beaucoup d'autres moments magiques dans les restaurants étoilés, avec ces chefs stars qui savent échanger avec les passionnés qui se retroussent les manches. Cette voie lactée gastronomique c'est du grand bonheur.

Choisir la passion c'est courageux, très courageux mais très très très difficile.

Voilà une histoire fraîche où les souvenirs sont servis sans esbroufe, ni réchauffage, avec une sauce de couleurs légère.

Bien sûr, on n'est peut-être en présence d'un livre de haute gastronomie, digne des grandes étoiles de notre Sheriff. Mais il y a un équilibre très fin entre le texte finement écrit, sans prétention, et les illustrations délicates, qui servent l'histoire comme une belle assiette met en valeur un plat de qualité.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture, toute en cohérence, qui agrémente d'une grande humanité l'histoire de l'art culinaire vu par les yeux d'un gastronome. Les pages consacrées à Willy sont d'une pudeur rare.

J'en reprendrais volontiers !

Je comprends autant les avis enthousiastes de Claudine et Charles que les plus réservés de Gaga ou Superphane (d'ailleurs mon cher Stéphane, je me disais justement que c'était un cadeau idéal pour l'amateur des bonnes tables et des bonnes lettres que tu es .)

Donc coté enthousiasme, j'ai apprécié le fait que ce livre soit sans prétention, ni trop didactique ou du genre "moi je", j'ai aimé sa simplicité, sa lisibilité dans le dessin, le partage des expériences.
Côté réserve, j'ai trouvé que la sauce manquait d'épaisseur et de relief pour rester dans le jargon culinaire, comme si ce livre se contentait juste d'être une somme d'anecdotes et de petites histoires. Je ne sais pas si c'est la contrainte de la pagination ou juste l'envie de rester en surface, mais je trouve qu'on est loin de la profondeur qu'avait par exemple développé un Davodeau dans les ignorants où le mélange de l’œnologie, de la vigne et de la bande dessinée était plus poussé que celui que nous propose Peeters entre art gastronome et littérature.

Je me vois donc mal en faire un Sherif, même mensuel.

Lecture loin d'être indigeste (texte fluide) qui a su me tenir en appétit (bonne dynamique) mais qui n'aura pas réussi à me rassasier (sans originalité).