El Mesias, de Mannaert et Bellido (Vide-Cocagne)

Espagne en temps de crise. L’entrepreneur capitaliste Jesús « El Pocero » a tout perdu, la ville qu’il a tenté de construire est en ruines. Chassé de sa villa par les huissiers, il est contraint de côtoyer le peuple qu’il a tant exploité. Il fait alors la rencontre du charismatique Jesús Sanchez, maire communiste de Marinaleda, un village utopiste (mais bien réel !) situé non loin de Séville. Les deux Jesús s’affrontent alors comme chat et rat, dans un duel de visions du monde qui n’est pas sans réveiller en nous le souvenir nostalgique des confrontations Peppone/Don Camillo !

Revigorante saga picaresque, El Mesías (le messie) est une comédie sociale jouissive ! Le récit, bien ancré dans une réalité sociale contemporaine (de la crise à Podemos) brocarde la politique, le peuple, l’Espagne, avec une vigueur joviale et communicative sous l’ombre revendiquée du grand Don Quichotte. L’écriture enlevée est servie par un dessin charbonneux, tellement vivant et inventif. Bref, le duel entre la langue espagnole et le trait flamand fait des étincelles.

Un livre de Mark Bellido (scénario) et Wauter Mannaert (dessin).

Traduit du néerlandais. (notice éditeur)

Robin des bois & Don Quichotte dans la réalité politique contemporaine ... C'est plaisant à lire et un peu d'utopie ça peut pas faire de mal par les temps qui courent. Au delà du coté jovial de la Bd, la lecture nous oblige à nous poser de nombreuses questions (et peut-être les bonnes ? ...)
Dessin qui colle parfaitement au rythme narratif. (Tue-Loup)

>>> un extrait

Une approche originale, pleine de vie et d'humour, du sujet casse-gueule capitalisme / communisme. Je garderais.

Petite utopie réjouissante, et confrontation de deux visions du monde sous un trait dynamique et très expressif.

0 chômage, 0 policier et des habitations à 15 euros par mois, voila un petit aperçu de la vie à Marinaleda!

Mais aussi beaucoup de recul et une vision ironique de cette idéologie où son maire charismatique et rebelle navigue entre communautarisme éclairé et autoritarisme.

C'est assez rigolo de voir dans la BD une partie de ces habitants proférer des "fascistes bourgeois" au parti socialiste.

De belles réflexions en perspective, et un petit moment de plaisir.

C'est bien lui! :

de tue-loup


de Charles


de Gaga

ah, ce besoin de se placer au dessus, en juge plus qu'en témoin, et de rajouter "pour être vrai" à "c'est trop beau"...

eraserhead a écrit:

ah, ce besoin de se placer au dessus, en juge plus qu'en témoin, et de rajouter "pour être vrai" à "c'est trop beau"...

Prendre parti, c'est intéressant aussi non? Et puis témoigner, c'est toujours un peu juger.
Le récit m'a semblé plus subtil, sans manichéisme justement.

Oui, mais là, justement, il ne prend pas (pleinement) parti. Comme si c'était sale, qu'il faille nécessairement se placer au dessus... Après, c'est fait intelligemment. Mais si ne pas être manichéen, c'est ça... Quel est le propos du livre? Est ce que je me trompe si je le traduis comme : "voilà une bien belle utopie rafraîchissante mais qui ne laisse pas beaucoup de place à l'individu, à l'entreprise individuelle et au marché. J'aimerais que ça marche, mais ça n'est pas raisonnable" ?

Je souscris (presque) entièrement à ton analyse.

C'est cependant assez difficile de comprendre précisément les intentions réelles de l'auteur (c'était aussi le cas pour Salto).
Et il peut en résulter effectivement une certaine ambiguïté.

Mais c'est fait intelligemment, tu as raison! Et cela en fait une BD plutôt réussie.

En relisant vos commentaires, tout en ne sachant pas bien comment le dire, je partage plutôt vos avis. Il faudrait que je le relise mais, voilà, je l'ai offert !
Par contre, je n'irais peut être pas jusqu'à lui mettre un "shériff".