Truckee Lake, de Christopher Hittinger (The Hoochie Coochie)

Dans ce livre, Cristophe Hittinger nous embarque avec 81 pionniers en route pour la Californie. Nous sommes en 1846, et cette terre pleine de promesses attire les espérances. Mais le voyage ne se passe pas comme prévu, les difficultés ont été sous-estimées et la caravane se retrouvera bloquée par la neige à Truckee Lake.

L'intérêt du livre n'est pas dans un éventuel suspens. L'expédition Donner est connue et a donné lieu à de nombreux récits et adaptations. Le destin tragique et le cannibalisme auquel ont dû recourir certains des survivants n'y est certainement pas pour rien.

Le livre est construit de façon systématique. On retrouve une illustration par page, chacune décrite par une légende, aucun dialogue. On se retrouve observateur extérieur du combat qui se joue, loin des états d'âmes de ses acteurs. Mais ce parti pris nous amène finalement à nous rapprocher des protagonistes qui petit à petit se déshumanisent eux-même pour n'avoir plus pour seule préoccupation que de survivre.



La maîtrise graphique est impressionnante. Le format pleine page rend pleinement honneur aux illustrations monochromes. Les lecteurs qui ont lu Le Temps est proche, le précédent ouvrage de l'auteur, ne seront pas surpris de retrouver certains personnages aux traits presque animaliers.

Hittinger nous livre un ouvrage documenté (les noms de tous les membres de l'expédition et leur sort sont regroupés épilogue). L'occasion de découvrir de l'intérieur une autre facette de la découverte de l'Ouest américain.

La narration factuelle est assez ardue, sèche, et particulièrement bien menée.
Je suis moins d'accord sur la 'maitrise' graphique, je trouve la typologisation des personnages plutot maladroite pour certains, et préférais l'épure des livres précédents.

C'est justement cette 'typologisation' que j'ai trouvé intéressante et convaincante, ( quand l' as tu trouvée maladroite ?) elle entre en contradiction avec le ton objectif du récit, qui serait vite barbant sans elle, et qui l'a d'ailleurs été pour moi sur la fin, je ne savais plus qui était qui, qui allait où, qui était mort, qui était encore vivant, certes ce n'est pas ce qui importe réellement, mais cette surcharge d'informations et la confusion qui peut en découler amenuise l'efficacité du récit...

Tout comme eraserhead, j'ai un faible pour Jamestown dont je préfère le traitement graphique.
Aux premiers abords, j'ai été troublé par les illustrations pleine page, pas toujours "jolies".
A la lecture, j'ai été absolument happé par le livre, modèle narratif, que je n'ai pas posé avant la fin.
Cet épisode incroyable de l'histoire américaine a aussi séduit miniphane.



Un livre pour aller plus loin !
http://westactshoot.forumotion.com/t9565-ma-grand-mere-cannibale

Comme Manue, j'ai eu du mal avec l'abondance de personnages.
Heureusement qu'Hittinger utilise la 'typologisation' des personnages - j'en aurais appris des choses, en devenant jury ! - sinon, le fil de la lecture serait difficilement compréhensible.
Après, pourquoi certains personnages ont-ils un vrai visage, quand d'autres sont affublés d'une tête de grenouille ou d'une croix ? C'est étrange, anecdotique, et finalement pas très cohérent avec l'ensemble du livre.
Dommage car celui-ci porte en lui une vraie unité dans le graphisme et les tonalités ; même le format choisi apporte quelque chose à l'histoire - l'espace qui s'allonge et s'échappe, comme le temps de l'expédition qui s'étire jusqu'à la mort.
Je ne connaissais pas cette terrible histoire et l'ensemble m'a captivée.
Une belle lecture.

Je suis très déçu car je me suis beaucoup ennuyé à la lecture de ce livre. J'ai trouvé la narration plutôt plate et monotone et ce n'est pas la typolomachintruc des personnages qui a mis un peu d’intérêt au bazar....

On traverse des plaines et des montagnes, on monte, on redescends, on se perds, on se retrouve, on s'ennuie parfois un peu puis l'intérêt repart, Hittinger nous convie à un voyage dans le temps et l'espace, le dessin est un voyage sensoriel à observer la colonne Donner et ses pionniers s'enfoncer dans l'atroce et le pire.
C'est vrai, il y a beaucoup de choses dans ce livre, des sommets comme des moments plus dispensables, un livre qui ne laisse pas indifférent, ce qui est déjà beaucoup.

Je suis resté bien à distance de la caravane.

Joco a écrit:

et ce n'est pas la typolomachintruc des personnages qui a mis un peu d’intérêt au bazar....

La typolomachinchose tu veux dire?

L'histoire est passionnante, mais le récit, lui, manque de souffle.
On ne comprend pas bien toujours effectivement les choix de l'auteur concernant les caractéristiques données aux personnages.
Les familles et protagonistes, décrits en détail au début, semblent ensuite manquer de liens entre eux ou de consistance.

Comme Freedom hospital, j'appréhendais avec la multitude de personnages et leur présentation. Hittinger aurais dû se centrer sur un protagoniste ou une famille pour créer de l'empathie.
Une histoire forte, de très beaux dessins, un beau voyage sur ce fait historique mais trop loin des ces Hommes.

En quelques phrases dans sa voiture, Jack Torrance me fait bien plus frissonner sur cette histoire.

Le décalage entre la typotruc et le ton factuel du texte m'a plongée d'emblée dans un état second, en déconnection complète avec les pionniers ; Droit au but, droit aux faits, de manière glaçante ; c'est l'épilogue généalogique qui a réinjecté, a posteriori, l'humanité dans le récit.
Récit que j'ai pour ma part trouvé fort bien mené, et graphisme personnel très abouti. La quatrième bonne lecture du mois !

Puisqu' c'est comm' ça je ne dis plus que des mots d'une syllabe (oups pour syllabe, mais ça va c'est pas trop dur).