Juliette, Les fantômes reviennent au printemps de Camille Jourdy

Comme ses fantômes, Camille Jourdy revient cette année au printemps, 7 ans après la fin de Rosalie Blum, couronné du Sheriff d'Or en 2009. Depuis, hormis quelques albums jeunesses, nous avions peu de nouvelles. C'est donc avec plaisir que nous faisons connaissance avec sa nouvelle héroïne, Juliette.



Juliette de Paris par le train dans la ville de son enfance, de Paris où elle vit, pour une durée indéterminée. Elle espère faire le point dans cette petite ville de province qui semble l'avoir un peu oubliée, comme son père de venir la chercher. Jamais malvenue sans être complètement bienvenue dans sa famille qui a continué à vivre sans elle, Juliette cherche des réponses à des questions qu'elle a du mal à cerner, mais qui il, elle l'espère, lui permettront de repartir apaisée.

Camille Jourdy dépeint avec beaucoup de crédibilité les relations d'une famille ordinaire, avec son passé et ses non-dits. On perçoit beaucoup de choses au travers de moments anodins où l'on devine leur vécu commun. Mais c'est aussi l'occasion de scènes d'explications tranquilles où se dénouent des problématiques enterrées. Tout se développe avec une certaine lenteur mais sans ennui, le temps qu'il nous faut pour rentrer dans cette famille, à Juliette pour mieux se comprendre, et à tous les autres pour regarder plus loin.



Aux traits fins des planches à l'aquarelle auxquelles Rosalie Blum nous avait habitués, Camille Jourdy ajoute des pages à la gouache qui semblent fixer le temps, arrêtant la lecture pour permettre un temps d'observation, mais aussi de digestion de l'action, nous permettant d'accompagner la rythme de Juliette.

Une très belle réussite de ce début d'année, pleine de sensibilité.

Camille Jourdy commentent 3 planches pour  : La bédéthèque idéale de Télérama

Le livre m'a profondément ennuyé...
Rien ne m'a séduit, ni le dessin, appliqué et coloré (les grandes pages sont assez jolies, tout de même), ni l'histoire de famille, digne d'un feuilleton "qualité française" de France 3.
J'avais aimé Rosalie Blum, heureux élu d'une époque où je ne connaissais même pas l'existence du jury et encore moins du forum.
Le développement de l'histoire en trois tomes était malin, un peu inattendu.
Mais là, non, c'est mou, c'est mou.

Je crois que les fans de Rosalie Blum sont déçus, ça tombe bien je ne fais pas partie de ceux là et j'avoue avoir pris un malin plaisir à lire Juliette, livre aussi riche en trouvailles graphiques qu'en rebondissements scénaristiques, et qui au final parvient à divertir le lecteur, voir le charmer.
Alors certes, le parlé de la vraie vie n'en fait pas un grand récit littéraire et le moteur s'emballe un peu vite sur la fin, pourtant il y a une belle nostalgie qui ressort de ces pages, sans doute lié à la fragilité de son héroïne qui traverse cette histoire de manière effacée et touchante et qui contre balance bien avec les autres personnages, du genre haut en couleurs. Un bel équilibre est trouvé au sein de cette galerie.

Non, je suis fan et le reste !

Mais j'ai besoin d'une autre lecture (au moins) pour mieux en parler.

Moi, je n'ai jamais lu "Rosalie Blum". Je découvre avec "Juliette" Camille Jourdy et son petit monde.
Son dessin d'abord - qui franchement ne m'a pas emballé. Une impression de "Tom Tom et Nana", dans le choix des couleurs et le trait (ne me frappez pas !!! trop de vert dans cet album, et j'aime pas le vert !).
Mais en ce qui concerne l'histoire, on se laisse vite attraper par Juliette, trop douce, trop fragile, perdue dans sa "dimension tragique", et son petit monde.
Ca a un côté film français, entre un Jaoui-Bacri et un téléfilm de France 3 "avec des vrais gens dedans", et un goût sucré-amer - le goût des autres...

Juliette, fatiguée, angoissée, hypocondriaque, revient auprès des siens pour chercher ... quoi ? du réconfort ? des réponses ? des solutions ? Mais dans sa famille, chacun supporte déjà plus de doutes que de repères solides. Même les étagères craquent sous le poids du quotidien et de quelques flacons rajoutés.
Le retour de Juliette marque l'arrivée du printemps, mais ce ne sera pas la saison du renouveau tant espéré - juste un coup de vent pour soulever le voile des non-dits, des secrets de famille et faire chuter ce qui était en équilibre depuis trop longtemps et au prix de trop d'efforts.
Rien ne sera vraiment résolu : on assiste à quelques pas en avant, maladroits et précipités - et après ? Pas de happy-end, pas de tragédie non plus, et l'impression que même avec plus de temps, les relations ne s'arrangeront pas vraiment...
Reste la trace de l'amour, mal donné, malvenu, maltraité par les hasards de la vie, mais présent quand même, fragile comme le timide sourire de Juliette sur la couverture.

Une belle lecture, au bout du compte.

C’est avec un œil vierge que j’ai pu aborder ce livre (moi non plus je n’ai pas encore lu Rosalie Blum   ) ;  j’ai eu grand plaisir à m’immiscer dans cette histoire de famille a priori ‘normale’ et cette idylle en suspens ; le  style lui aussi est convainquant, Camille Jourdy parvient à nous faire ressentir cette atmosphère provinciale que nous connaissons tous, à la fois ennuyeuse et tranquille en dépeignant un univers faussement naïf, aux couleurs acidulées, peuplé de détails significatifs qu’il ait plaisant de dénicher. Et son trait, fort de sa simplicité décrit à merveille les émotions qui traversent ses personnages … une jolie lecture.

Jolie lecture oui, et je suis comme l'auteur, plein de tendresse pour ces personnages qui manquent de confiance en eux.
Juliette et Polux sont touchants, drôles parfois aussi (le snobisme de ceux qui enlèvent les étiquettes des verres Nutella).

Je n'ai pas lu non plus Rosalie Blum!!!!
Mais je pense qu'il serait bon que pour chaque nouveau membre du jury soit offert l'ensemble des
lauréats des Sheriffs précédents. Non?

Très bonne suggestion Gaga ! Même en PDF