Nefer a été mariée trop tôt, trop jeune. Au prince du peuple des hommes pâles, un fougueux jeune homme, prompt à guerroyer, mais peu à s'occuper d'une épouse dont le palais se sert comme défouloir.
Les Anciens, des géants de pierre, érigés dans des temps immémoriaux, doivent regagner la montagne sacrée car ils sont eux aussi mortels, et les savoirs dont ils ont la charge se dégradent au fil du temps : il leur faut retrouver le sanctuaire réceptacle de la mémoire du monde.
Ayant décidé de fuir son piteux destin, Nefer croise la route de Septentrion, et devient peu à peu son bouclier psychique. Ils promèneront cette amitié insolite, qui contredit pourtant les lois ancestrales, vers la montagne sacrée, croisant sur leur route les peuples autochtones, et essayant d'échapper à Tsanghir l'homme pâle et son armée.
Nefer est une belle épopée, convoquant les diverses traditions de récits fondateurs (Afrique, Asie, Europe). L'album fait la part belle à ce récit de cheminement en marge, croisant les deux destinées de Septentrion et de Nefer, développant leur relation d'interdépendance au détriment de la question des fameux géants.
Il constitue une belle évocation de la transmission des traditions, avec en arrière plan le passage à l'âge adulte du personnage principal.
Si le dessin est parfois un peu trop disneyen (période Aladdin), les références vont aussi (on préfère) à l'animation française avec en première ligne les films de René Laloux ou surtout de Laguionie (Gwen et le livre de Sable).
Arnaud Boutle avait déjà réalisé deux albums (notamment
Entre Les Ombres chez Glénat) ; il livre avec Nefer une histoire à l'univers très cohérent, plein de références et d'un souffle épique entraînant, lisible par un jeune public à partir de onze ans.