Il y a un bon moment que j'ai commencé ma note concernant ce livre tout à fait remarquable. Sur l'île d'Ici règne l'ordre. C'est tout le contraire Là-Bas. Heureusement la mer, peu rassurante non plus, met une distance entre Ici et Là-Bas. Et si l'ennemi était intérieur ?
Stephen Collins met en scène une pièce qui oppose cet ordre rassurant et un désordre qui l'est moins. Chaque individu d'Ici tient dans un moule, une sorte de City londonienne avec ses costumes cravates qui côtoient les vendeurs de malbouffe à emporter : tout le monde a son petit rôle bien clair et défini. Tout ce beau petit monde semble parfait et surtout immuable, et Dave aime ça. Il aime regarder les gens passer devant sa fenêtre, il aime regarder des petits chiffres et en tirer des "tendances" et c'est pourquoi il est le premier à être effrayé lors de la présentation lors de laquelle tout bascula : Il est celui par qui le problème nait.
Un grain de sable se glisse dans ce rouage pourtant si parfait : une barbe qui ne cesse de croitre de plus en plus, isolant son porteur avant de faire le lui le centre de toute les intentions. Le système se régule de lui-même mais peut-être le mal est-il déjà ici.
Collins est anglais et il nous raconte dans ce livre la disparition d'un infernal paradis insulaire, rien de surprenant pour un homme qui vient du pays qui a vu naître Tatcher et Les Clash. Il réussit à nous offrir une ambiance qui est tour à tour drôle, effrayante, méchante grâce un très grand sens de la mise en scène. Il maitrise un dessin simple sans être simpliste et toujours très efficace.
Le désordre naissant deviendra le nouvel ordre en attente d'être désordonné.
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"Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de la vie." Baudelaire