Quatre couleurs de Blaise Guinin

Quatre couleur, le troisième livre de Blaise Guinin, est une variation autour de quatre..... filles. Certes, l'auteur s'est appliqué à utiliser uniquement le fameux stylo quatre couleurs de Bic pour réaliser son dessin mais le propos n'est pas là. On a affaire, ici, à un roman graphique, un polar étudiant avec un héro à qui l'on a envie de mettre des baffes tellement il est pétri d'arrogance et de prétention. A la base du récit, notre étudiant modèle, c'est à dire fêtard, glandeur et dragueur, est plutôt dans la panade : s'il ne réussit pas sa troisième première année, son père lui coupe les vivres. Paniqué, Grégoire va s'engager dans une fuite en avant, de mensonges plus ou moins graves en fourberies plus ou moins grossières, il va perdre le contrôle et ne plus rien maitriser entrainant avec lui son ami Pierre. Les quatre filles étant alors des accessoires à sa chute, ou à la leur. La gent masculine n'en ressort pas franchement grandi.



Elle est belle, non ?
Tout d'abord, c'est évidement la couverture magnifique de ce petit bouquin qui attire l’œil. Ensuite, le dessin, ses quatre couleurs, le papier noir, tout de même, les cadrages variés, les fonds tout en hachures décalées, on sent une véritable inventivité dans la mise en forme. Un plaisir pour les yeux.



Fort en gueule, prétentieux et surement un peu con, le personnage principal, englué dans son rôle de gros macho en manque de sexe n'est finalement pas le personnage le plus intéressant. Ce sont les seconds rôles qui apportent toute l'épaisseur au récit. On a ici la vrai réussite du livre. A la fois, chacun semble obéir à sa condition, et en même temps tout reste ouvert et on se demande encore, une fois le livre refermé, pourquoi chacun agit de cette façon. Parfois à l'encontre du bon sens ou d’intérêts évidents. Qu'est-ce qui guide nos actions, nos réactions ?
Seul petit défaut, des dialogues plutôt plats et souvent trop présents. Ce livre aurait peut être gagné à être moins bavard.

Bref, une chouette lecture !

Avec un scénario aussi léger, on peut se demander si l'idée d'utiliser cet outil n'a pas été antérieure à celle d'écrire une histoire.
Des caractères taillés à la serpe (le gros con, la bonne poire, la belle idiote, l'amoureuse romantique, la prof pulpeuse...), un prétexte stupide (je n'ai guère compris l'idée d'échanger sa place dans des cours pour mieux réussir l'année, il faura qu'on m'explique), des dialogues inconsistants avec des jeux de mots dispensables (Chloé Dejais à les cheveux noirs, Pierre Petit est ami de Grégoire Legrand...) un basculement dans le drame pas crédible pour deux sous, nous incitent fortement à prier Blaise Guinin, dont le talent graphique est indéniable, à trouver un scénariste.

Je commence la lecture de Vacuum aussitôt. En quelques cases, on est déjà transporté dans un univers particulier entre Paranoid park et Elephant. Quand un petit grain de sable vient perturber ou bousculer une vie pleine d'ennui... A mille lieux de la fac des coeurs brisés de Pierre et Grégoire.

Edit : Je tempère un peu mon jugement. Ca reste un livre honnête quand même et l'utilisation du quatre couleurs est étonnante.

Ennui complet pour ma part ;
la contrainte, ici, m'agace, et elle génère des platitudes en terme d'écriture (le "noir comme"... etc).
Je ne suis pas bien finaud, mais je n'ai pas compris le rapport entre les deux suicidées. Vous m'expliquerez.

Si l'on écarte la contrainte du bic, le dessin n'est quand même pas non plus très bon, non ?

On ne peut indéniablement pas cracher sur la technicité de l'auteur à jouer du stylo quatre couleurs mais je rejoins les avis des précédents posts : pourquoi mettre cette maîtrise au service de dialogues si pauvres ?

Pas grand chose à ajouter sur le scénario qui nous laisse dubitatif...

Sinon j'aime bien les rapports entre les personnages. Le cliché de la vie d'étudiant est parfois très réel.

La scène de rencontre des deux filles avec une lucide Chloé qui s'amuse du secret des garçons.
Le copain qui n'arrive pas à dire non au manigance de son meilleur ami.

Il manque peut être un peu de couleur dans les origines ethniques des personnages?

A nous de jouer en donnant un peu de profondeur dans le jeu des quatre couleurs. Proposez une vision raciste heu non "Bennetonique" avec les couleurs du bic. Ok j'exagère mais c'est marrant...

Au départ, j'ai trouvé la contrainte de l'utilisation du stylo 4 couleurs intéressante. J'étais curieuse.
Mais le scénario, les textes et cette contrainte m'ont très vite paru trop lourd et j'ai eu du mal à finir.

Histoire assez banale avec des situations pas toujours très réalistes.
Le seul point positif est la contrainte que s'est imposée l'auteur, à savoir l'utilisation de ce fameux stylo 4 couleurs et de n'utiliser que cela.

Exercice de style réussi, dessin maîtrisé, avec de jolies petites références (peut-être un peu trop évidentes) à l’histoire de l ‘art. Malgré une intrigue simple et des personnages trop stéréotypés, le scénario m’ a paru cohérent . Une lecture qui mérite quand même le coup d’œil.

Oui, c'est bien, pour l’œil. J'ai beaucoup aimé le graphisme mais, comme la plupart d'entre vous, modérément le scenario. Ce qui est indéniable, c'est que l'auteur réussit à rendre son héros franchement antipathique de bout en bout !

eraserhead a écrit:

Ennui complet pour ma part ;

Je ne suis pas bien finaud, mais je n'ai pas compris le rapport entre les deux suicidées. Vous m'expliquerez.

T'as dû carrément t'endormir dessus d'ennui car moi je n'ai vu aucune suicidée mais plutôt

Spoiler:

, non ?

Sinon , je vous trouve très sévère avec cet album qui se lit plutôt bien, histoire agréable, technique maîtrisé et cohérence trait, couleur et propos, tout sonne finalement assez juste et en plus ça nous replonge un peu dans nos années fac, que demandait de plus, hein ? Une bonne lecture de saison, c'est déjà ça.

C'est une belle idée d'utiliser ce banal stylo que l'on a dû tous avoir un jour entre les mains. Et le résultat graphique est encore plus beau.
Mais ces caricatures - voulues - d'étudiants là, je ne les ai pas croisés ; c'est probablement la raison pour laquelle je n'ai rien revécu.
Enfin les dialogues : non.