Dans la lointaine Colchide, le roi Aietès souffre. Son seul fils est un demeuré, en proie à des crises régulières de convulsions. Son ainée lui a bien donné quatres petits fils, dont le jeune et fort Argos, mais son mari n'est qu'un grec, chassé de sa propre patrie par les dieux en colère.
Médée, sa jeune fille, elle, elle promet. Meneuse, intelligente, vive, elle ne fait qu'une bouchée de ses petits neveux, compagnons des jeux de l'enfance qu'elle n'aurait pas voulu quitter.
Mais voilà, Médée grandit, et son père la confie aux prétrêsses d'Hécate au trois têtes, afin qu'elle apprenne les mystères de la magie.
Quel sujet ! L'un des plus denses de la mythologie grecque. Les auteures ne s'y sont pas trompées. Il a inspiré de nombreux dramaturges, romanciers, cinéastes, jusqu'à Mishima ou Pasolini, dont le Médée reste la plus étonnante vision du personnage, couplée d'une grande pertinence dans la représentation de l'antiquité.
Mais rarement les continuateurs auront proposé une image complète du personnage de Médée : elle commence à exister quand les argonautes grecs arrivent, comme si, sans leur regard héberlué devant ce monde reculé et mystique, la Colchide n'existait pas.
Alors oui, l'histoire de Médée enfant fait penser à beaucoup de récits d'enfance en bd (ça court, ça crie, ça fait des bêtises... alors comme ça, le lecteur va s'attacher). Mais le personnage le plus intéressant de ce premier tome, c'est bien Aietès, auquel les auteures ont su donner une relative profondeur, entre monarque éclairé et tyran malade de ses échecs.
Documenté, malin dans sa progression, le récit, parfois un peu sage, tiendra lieu de belle introduction à ce récit mythologique ; il est largement lisible à partir de 12/13 ans.
Vu le rythme choisi, on est bien parti pour trois tomes, en tout cas.