Kyohei est un jeune homme, tout ce qu'il y a de plus classique! Il vient de quitter son village natal pour rejoindre la grande ville et découvre avec de grandes mirettes naïves et insouciantes, les joies de la vie urbaine. École, soirée, nouveaux amis, tout va bien, si ce n'est cette fille, Shiba, qu'il trouve si belle, et qui semble avoir de l'intérêt pour lui...
Tout aurait pu si bien se passer, et nous autres, lecteurs, nous serions demandé ce qui se passe dans cette série, où justement il ne se passe pas grand chose, si nos deux jeunes tourtereaux qui s'ignorent, ne tombaient pas brutalement nez à nez avec le cadavre d'un homme, décédé d'une mort violente manifeste dans un ascenseur!
C'est alors, que le visage de Kyohei change imperceptiblement, se voilant d'une obscurité qui n'est absolument pas coutumière de son caractère. Finalement ce garçon sans prétention aucune, n'en cacherait-il pas davantage que ce qu'il donne à voir. Le fait est que certains indices ont été distillés, et il semble bien qu'une sourde menace le suive à la trace.
Dans quelle mesure cette menace est-elle liée à cet inquiétant individu blond qui l'a suivi en secret depuis son village jusqu'à Tokyo? Dans quelle mesure cette menace s'invite-t-elle en même temps que la jeune sœur de Kyohei débarque le rejoindre contre toute attente?
Utao, jeune adolescente a l'air autant, sinon plus fébrile encore que son ainée... Elle est d'ailleurs celle par qui le mystère se dévoile et se renforce car derrière sa frêle silhouette se cache une arme aussi redoutable qu'inattendue!... Les Kakashi!
Littéralement, Kamisama Dolls peut se traduire par Poupées des Dieux ou Marionnettes des Dieux et si le scénario basique ne révèle rien de bien nouveau sur la petite planète manga, la série se distingue néanmoins dés les premières pages par son ambiance.
En effet et comme je me suis astreinte à le faire jusque là, le mystère est une clef essentielle de cette série, qui s'il se révèle doucement, en conserve toujours une part ou la renouvelle. Le fait est que tout ce suspense n'est pas frustrant au contraire, rapidement apparaissent sous nos yeux ces intrigantes créatures que sont les Kakashi, sorte de mécha, aux allures néanmoins beaucoup plus kawaï, quoiqu’indéniablement plus destructrices que dans les séries habituelles du genre! Nos héros sont des seki, comprendre des "maitres" des dieux, puisqu'ils contrôlent par la pensée ces énormes machines. Comme pour l'histoire, rien n'est attendu dans cette série, pas même les méchas, qui s'ils paraissent surpuissants, évoquent également d'énormes pokemons trop meugnons, derrière lesquels on perçoit, soupçonne des caractères, véritables personnalités en sourdine, qui n'attendent qu'un déclic pour vivre pleinement ou exploser...
Donc comme dit précédemment, de nombreuses choses se trament, se complotent, se tissent dans le dos des différents protagonistes de cette série, et c'est bien là son point fort! L'ambiance, qui peut paraitre légère, voire même un peu potache à l'occasion, sombre brutalement face à une violence qui vous tombe subrepticement dessus, au détour d'une case! C'est alors que les masques tombent, que les personnages se révèlent, et que les tensions entre les protagonistes s'aiguisent...
Graphiquement, cela faisait bien longtemps que le trait d'un mangaka Yamamura Hajime n'avait pas autant retenu mon attention. Depuis Deadman Wonderland probablement, puisqu'au-delà d'un trait rond, aimable à l’œil, s'incarne avec force l’énergie et la vivacité du dessinateur! Il campe un univers finalement sombre et doucereux, mélancolique et instable. L'aboutissement des deux premiers tomes parus de la série est donc très encourageant et le fait que ce seinen soit développé en douze tomes finis au Japon, présage d'un travail équilibré et efficace de l'histoire.