Crève saucisse de Simon Hureau et Pascal rabaté

Messieurs, ce livre est un avertissement. Il faut toujours être prudent quand on couche avec la femme d'un ami surtout si ce gentil cocu est boucher et d'autant plus si il aime la bd.
Didier est un mari malheureux, sa femme le trompe avec son meilleur ami depuis les dernières vacances passées ensemble. Il aime toujours sa femme mais de moins en moins son ancien pote. Cette situation, les mensonges au quotidien le ronge petit à petit.me Une relecture d'un classique de Tillieux va lui offrir sa vengeance.

Rabaté sait nous raconter des histoires du quotidien alors avec un mari qui cumule d'être cocu, boucher et amateur de bd, hop il nous pond un petit truc bien fichu comme tout.
Ajoutons à ça qu'il y a derrière le crayon un petit gars qui est bon comme tout, un certain Simon Hureau, et vous arrivez à un très bon résultat.
Encore une fois, le thème abordé du mari cocu qui se venge est d'une grande banalité mais c'est le traitement qui apporte une véritable valeur ajoutée.
Rabaté nous offre une comédie noire et piquante.

Rabaté/Hureau chez Futuro , voilà un beau casting et en regard de la présence assez forte de ces auteurs dans ma bibliothèque , je ne vous cache pas que j'en entendais beaucoup , un peu comme le bon rosbeaf du dimanche préparé avec soin par belle Maman.
Rabaté est une fois de plus à la hauteur de son talent en nous proposant une histoire bien ficelée avec quelques ingrédients scénaristiques relatif au 9ème art finement trouvés et des dialogues toujours très relevés.
A l'inverse , je ne cache pas ma déception en terme de rendu graphique , que ce soit au niveau des couleurs , de la couverture mais surtout dans les disproportions physiques souvent constatés , j'ai trouvé le dessin de Simon Hureau assez vilain et cette impression me laisse au final un sentiment de raté autour d'une histoire qui tenait pourtant bien la route.

eh bien Can, on est d'accord sur le sentiment de demi-mesure lié à cet album.
Mais, question de sensibilité, je ne suis pas sûr que ce soit à cause du même membre du binôme ; oui, le dessin est assez moyen sur cet album, moins foisonnant, moins brillant que dans d'autres albums de Hureau, comme s'il s'était acquitté bien sagement de cette tâche ?
Le scénario est tout de même assez plat ? Oui, l'idée de départ, le rapport à la bd, ça fonctionne assez bien. Les personnages sont campés suffisamment, mais c'est le minimum qu'on peut attendre de ces deux auteurs.

Un album bien sage et propre, comme souvent chez futuro ?
(après, c'est un élève studieux, qui présente pas mal, parfois un peu laborieux, maisça vaut la maille)

Le scénario contient tous les ingrédients d'un bon téléfilm de France 3 : ruralité, petit commerce, tromperie, sexe gentil, vacances au camping, france d'en bas.
Cependant, Hureau et Rabaté parviennent à construire un récit cohérent et une histoire attachante en rendant hommage à Gil Jourdan.
On est bien d'accord, c'est un album mineur dans la bibliographie des deux auteurs mais cela reste tout à fait fréquentable.
Par ailleurs, le boucher a les mêmes lectures que moi. Faut sûrement que je surveille ma femme...

Superphane a écrit:

Par ailleurs, le boucher a les mêmes lectures que moi. Faut sûrement que je surveille ma femme...

Et tes meilleurs amis !

Je n'ai pas lu d'autres bd dessinées par Hureau, mais je trouve le dessin tout à fait correct, et vous un peu dur au regard de son travail. La couverture est efficace, et si le dessin m'a paru un peu grossier au début, un peu "lourd", avec un petit coté "flou" dans le trait, finalement je l'ai trouvé s'accordant parfaitement à l'histoire, tout comme le lettrage manuel assez réussi je pense (voir le blog "Point de fuite" de Fred sur le lettrage).

L'histoire fonctionne très bien, même si l'auteur nous place uniquement du point de vue du boucher. Eric est un peu caricatural, et Sandrine n'a guère son mot à dire.
Mais c'est un parti pris. Avec même un coté haletant au fur et à mesure que l'histoire avance, et une vision assez émouvante d'Eric et de Sandrine.

De plus, un petit je ne sais quoi de "Julie" dans "Ici-Même" de Tardi et Forest... le visage, la moue... ça n'a pu qu'attendrir ma lecture

Alors oui, peut-être le minimum attendu, mais agréable lecture au final.

Une lecture agréable et j'ai trouvé vraiment plaisant le fait d'intégrer "La voiture immergée" à l’intrigue, pour le coup j'ai ressorti mon intégrale Gilles Jourdan. Néanmoins l'album n'aura guère plus haut que la moyenne dans ma grille, il reste pour moi bien sage et le dessin de Hureau ne m'a pas plus emballé que ça cette fois ci.

Pour selon qu'ils s'y sont mis à deux, c'est un album en demie-teinte qui nous est livré ici. Pourtant, je suis un très grand admirateur du travail de Simon Hureau et j'aime beaucoup ce que fait Rabaté, mais là, j'ai été un peu déçu. Ceci expliquant cela, peut être que j'attendais trop de cette rencontre.
En fait, c'est surtout le dessin qui m'a un peu gêné, je ne reproche pas du tout à l'auteur de changer de graphisme, au contraire, il a essayé de s'adapter au mieux à l'univers proposé par son scénariste (enfin c'est ce que je ressent). Par contre, il y a un je ne sais quoi qui me fait dire qu'il n' a pas pris tout le temps nécessaire pour élaborer ses cases. Mais, je l'avoue, je chipote pour chercher une raison à ma déception passagère.
Pour le reste, c'est un bon livre avec un scénario qui n'est certes pas d'une grande originalité mais qui tiens bien la route. J'aime bien les différents personnages, chacun dans leur rôle classique de Vaudeville. En plus, il y a quand même quelques bonnes trouvailles.

Très attirée au départ par le titre et le nom de Rabaté, je dois dire que la bd ne m'a pas emballée. Le scénario tient la route. Piocher dans ses lectures pour trouver comment faire disparaître un ennemi est très intéressante (à méditer) . Comme beaucoup, apparemment, je n'ai pas beaucoup apprécié le dessin et les couleurs. "Ouais, bof!"

Je vous rejoins sur les couleurs, c'est sur l'ensemble qu'elles ne sont pas très harmonieuses, le dessin est particulier mais finalement on s'y habitue assez vite (ce qui peut choquer mais est peut-être volontaire) est la manière de dessiner les personnages avec une patte différente, enfin c'est comme ça que je l'ai ressenti. Ca donne un côté patchwork à l'ensemble. Quant au scenario, il tient la route et se laisse dérouler avec plaisir, même si, quand on y pense, c'est quand même bien triste, cette petite histoire...

Dans le fond, Rabaté au scénario est-ce si formidable que ça ???
J'ai aimé Ibicus dès sa sortie (essentiellement pour son formidable dessin), adoré un ver dans le fruit, apprécié Exode mais je suis un peu plus sur la réserve pour l'ensemble des livres publiés chez Futuro (même les petits ruisseaux que je trouve sympathique mais pas plus).
Ce qui m'a séduit avant tout, c'est le dessinateur virtuose capable changer de style, de registre.

Par ailleurs, la carrière cinématographique de Rabaté n'est pour l'instant guère convaincante...

Je rejoins les avis mitigés concernant le dessin. Je pense que l'aspect comédie de l'œuvre a incité les auteurs a choisir un style clair et dépouillé, comme Rabaté l'avait lui-même fait avec Les petits ruisseaux après le flamboiement d'Ibicus. Mais en comparaison avec un livre comme Tout doit disparaître qui brillait par son style graphique, certaines cases paraissent bien vides et bien peu abouties. La qualité du livre en pâtit, même si l'ensemble reste agréable.

Je trouve que le dessin se met au niveau des personnages et de leurs relations banales de la vie de monsieur tout le monde. Pourquoi vouloir un style graphique sophistiqué?

Du coup, on apprécie encore plus le scénario qui joue sur les petits secrets et les envies de chacun. Tous les personnages sont d'une sincérité touchante. J'adore la scène du meurtre où finalement notre tueur laisse une chance à sa victime...

Il y a de l'émotion que l'on ressent dans le dessin malgré une banalité apparente....

Enfin bon je crois que je suis tout seul là, mdr!

Igor13 a écrit:

Une histoire bien ficelée

comme un rôti...

Pas tout seul Igor, même si ce n'est pas la bd qui aura mon vote ce mois-ci...
Je te rejoins sur le dessin, je le trouve bien adapté à l'histoire et aux personnages, même si celui-ci m'a un peu déconcerté au début, on si fait rapidement je trouve,
et il fonctionne finalement plutôt bien.

Je pense par ailleurs que le dessin d'une bd doit conserver un coté vivant, mouvant, évolutif même, et des erreurs ou maladresses dans les proportions par exemple (plus ou moins volontaires d'ailleurs), ou des différences de traitement dans les personnages, sont une très bonne chose.
Bien sur, inutile d'envisager un tel traitement sur un Blake et Mortimer, oui oui oui... mais pour beaucoup de bd, c'est un choix que que trouve
judicieux et salutaire.
Je ne suis pas un adepte forcené d'un dessin abouti, soigné et élaboré sur chaque case.
Comme je l'ai déjà mentionné je crois, c'est l'ensemble du découpage et du dessin qui donne vie à une histoire, avec ses inégalités et ses défaillances aussi.
Après je conçois qu'il s'agit avant tout d'un choix du type de bd et d'histoire. Et j'apprécie aussi un dessin très élaboré et abouti de la première à la dernière case !

Ce que j'ai aimé dans ce livre, c'est le thème et les pistes de réflexion que nous posent l'auteur, sur l'adultère, la vengeance, le manque de communication... ou le désamour de la bande dessinée ! Après le dessin ne pas emballé. Ce peut être un choix valide, mais pour moi il ne ressort pas. C'est la même chose pour le scénario que je trouve assez linéaire.

J'ai aimé la lecture, plus pour la la réflexion qui a continué en moi après la lecture que pour le livre lui-même.

Lors de la formidable soirée "Roi des mouches", MEZZO regrettait que dans l'univers de la BD, il était pratiquement impossible à un dessinateur de changer de style ... Je suis 100% avec lui, mais on peu aussi accorder au lecteur le droit de préférer tel dessin par rapport à un autre.

En ce qui concerne S. HUREAU, je suis un grand admirateur de son travail graphique (tout doit disparaître, l'intrus à l'étrange, le massacre ...)une classe incroyable, une fulgurance, une EVIDENCE !

Dans Crève saucisse, on ne peut même pas parler de déception mais plutôt d'incompréhension ... comment HUREAU a pu se "perdre ainsi", c'est là, le seul mystère de cet album.

Une interview de Simon Hureau très très intéressante ici.

On y trouve un début d'explication sur sa collaboration avec Rabaté.

Comme pour beaucoup d'entre vous, je suis moi aussi très mitigée sur le dessin où je n'ai pas été conquise; mais les dessins expriment bien ce qu'ils ont à dire, alors ...
J'ai bien apprécié cette histoire, somme toute assez banale, qui est bien menée et j'ai beaucoup aimé toutes ces petites allusions au monde de la Bande Dessinée.