Voleurs de Carthage (les), de Tanquerelle et Apollo

L'antiquité historique pré-chrétienne sert généralement de cadre :
* à une débauche de sexe et de violence, souvent portée par :
- des gladiateurs
- des légionnaires (souvent, il s'agit de décrire, parfois avec beaucoup de savoir, l'efficacité militaire de l'armée romaine) ;
* à des aventures mâtinées de complot politique.
L'antiquité historique autour de la mythologie chrétienne bien souvent aussi.

Souvent, le péplum en bande dessinée s'exprime dans un grand réalisme graphique, sculptant les corps, et stylisant les coulées de sang.

Malgré leurs qualités, des péplums récents se fondent dans ce cadre de départ. On a pu lire La Lionne de Matiussi, chargée en sexe, mais donnant une image un peu décalée. On a pu lire Pour L'Empire, qui repose pourtant sur les muscles et l'habileté poliorcétique (à ce propos, la scène d'ouverture est dans toutes les mémoires) de la troupe de légionnaires.

Astérix fait exception bien sûr. Quelques oeuvres récentes aussi. On pense bien évidemment aux Déserteurs de Hittinger, à L'Hydrie de Presl.

Dans Les Voleurs de Carthage, dont le premier tome, Le Serment du Tophet, vient de sortir chez Dargaud), il y a bien un peu de tout ça. Je veux dire d'érotisme (très soft) porté par la belle numide Tara, de complot, de soldats.

Tara fait partie de la Famille, la mafia d'Utique, une cité voisine de Carthage. Il s'agit pour eux de cambrioler le temples carthaginois de Tanit, qui contient un fabuleux trésor. Ce serait le plus gros casse jamais vu, et Tara en est la pièce maîtresse. Mais le convoi qui la mène à Carthage est anéanti, et elle ne doit son salut qu'à l'intervention de deux bras cassés, Berkan, et son compagnon Horodamus, un gaulois mal dégrossi.


Nos trois personnages décident alors de réaliser ce cambriolage pour eux-mêmes ; mais ils sont bientôt confrontés aux complices de la Famille à Carthage, tandis que les troupes romaines se préparent à l'assaut.

L'histoire se passe à la moitié du Ier siècle av. JC., alors que les Romains assiègent la cité phénicienne, à la fin de ce qu'il sera coutume d'appeler la Troisième Guerre Punique. Carthage n'est que l'ombre de ce qu'elle a été, vaincue lourdement lors de la 2e Guerre Punique. Mais il lui reste sa fierté, et ses remparts, que les Romains décident finalement d'abattre.


C'est dans ce cadre historique, fortement chargé, que se déroule l'histoire des Voleurs de Carthage.
Mais ça ne semble pas être le centre d'intérêt des auteurs, qui s'amusent néanmoins à ridiculiser Scipion Emilien, le général romain, dans un portrait peu avenant.

L'intérêt majeur réside dans les rapports qui s'instaurent entre les protagonistes, entre la belle Tara, manipulatrice mais dépassée par les événements, le malin Berkan, et surtout Horodamus, le gaulois perdu dans un monde un peu trop rafiné, un peu trop chaud et dénudé,
pour lui qui ne quitte jamais ses braies. Le scénario mené tambour battant réserve de belles séquences, comme l'alternance entre Tara dans le temple et les deux compères dans les égoûts.

Le dessin de Tanquerelle vivifie en tout cas la Numidie antique, dans un trait nerveux, cédant parfois, comme on l'a vu, à une légère pointe de caricature, mais créant des personnages plein d'humanité.

Le Serment du Tophet est donc un album très attachant, au scénario dynamique, haletant, qui a la vertu de se suffire à lui-même, même s'il appelle à la lecture du second tome prévu.

un beau projet de couverture sur le blog d'Apollo
http://grandehotelkinshasa.blogspot.fr/
et le blog de Tanquerelle : http://tanquerelleherve.blogspot.fr/

J'aime beaucoup Tanquerelle et Appollo.
J'aime beaucoup eraserhead.
Je pars donc avec un a priori positif.
L'histoire est très rythmée, bien construite, pleine de rebondissements, simple mais pas simpliste. L'usage qui est fait des ellipses est souvent très habile.
Les dialogues, riches en anachronismes langagiers, ne manquent pas d'humour.
C'est une vraie bonne surprise.

Une belle lecture. Une BD rythmée mais sans aller dans l'excès. Des rebondissements qui relance une histoire rondement menée.
Je dois dire que le gaulois a un petit coté Z6PO qui ajoute une belle touche d'humour du début a la fin !!

Sympathique ! J'ai bien aimé le mélange de style dans le dessin ( assez gras, coloré, plutôt classique, mais avec ces gros yeux blancs qui passent hyper bien et donnent du piquant, "réveillent" les cases parfois lourdement chargées mais pas autant que ma phrase et c'est pas fini ) et les dialogues je cite Superphane car c'est trop la classe "riches en anachronismes langagiers". Ouf.

Bon, avec mon blocage récurrent je me suis encore perdue dans l'histoire, pardon l'Histoire (mais qui sont tous ces gens ?), mais ça c'est maladif, je vais me soigner (ou pas).
Les personnages sont bien campés et plutôt drôles, en tous cas la lecture est rythmée et agréable.

naphtalene a écrit:

Bon, avec mon blocage récurrent je me suis encore perdue dans l'histoire, pardon l'Histoire

ça n'est pas très lourd cette fois, non ?
je peux m'essayer à un exposé avec mes faibles connaissances en la matière s'il faut éclairer tel ou tel point. Je ne pourrai pas dire non... mais ça ne sera pas marrant, je vous préviens.

Chère naphtalene, ne viens pas piétiner mes plates-bandes de phrases lourdes et indigestes!

Comme pour Johnny jungle, je trouve la couverture peu réussie et attractive, avec un petit coté Pieds Nickelés,
un petit quelque choses dans la posture, le dessin, qui ne m'aurait jamais donné envie de lire la BD.
Et pourtant, j'ai beaucoup apprécié !!!
Le dessin est très beau, les couleurs passent plutôt bien, et le petit coté "maladroit" de la couverture ne se ressent nullement dans les planches, au contraire!
Les pleines pages 51 ou 29 sont magnifiques.

Coté histoire, c'est aussi un régal, avec des personnages attachants et pertinents, d'autant plus qu'aucun ne peut être véritablement considéré comme le héros de l'histoire.
Des bons dialogues, des situations cocasses (p.47, nos deux compères aux prises avec Magon...), et une vraie impatience de lire le tome 2.

Gasgadinorulbal.

eraserhead a écrit:

ça n'est pas très lourd cette fois, non ?

encore trop mais c'est pas grave !

Tanquerelle dessinerait dans le bottin , je serai capable de l'acheter. Il fait partie des dessinateurs que j'apprécie le plus actuellement et je trouve que son dessin magnifie une histoire certes agréable mais pas exceptionnelle non plus (ce que Simon Hureau ne parvient finalement pas à réaliser dans crève saucisse).
Ici , les gags et le comique de situation fonctionnent , les personnages existent car ils sont superbement mis en image et le travail sur les couleurs renforcent la beauté de l'ensemble , dans les décors notamment , soulignons donc le boulot , d'Isabelle Merlet , Big Foot , Le Landais volant , La grande odalisque , c'est aussi elle.
Bref une belle réussite , je serai au rendez vous du tome 2 qui s'annonce d'or et déjà prometteur.

Vivement le tome 2! J'ai passé un excellent moment à la lecture de ce premier volet. L'histoire dans l'Histoire est vraiment bien servie par le dessin de Tanquerelle (je vais me pencher sur ces autres publications!) qui comme le dit Can magnifie un scénario somme toute banale mais non-inintéressant. Petit coup de cœur au gaulois qui est vraiment fendart.

Quand deux auteurs, connus de surcroit, s'assemblent pour raconter une nouvelle histoire on peut s'attendre au pire. Mais ici, c'est le meilleur qui en sort. En effet, le très talentueux Tanquerelle nous montre, une fois de plus, qu'il sait parfaitement adapter son dessin à l'histoire qu'on lui propose. C'est magnifique. Appollo de son côté nous livre un scénario pas si simpliste qu'il n'y parait et qui contient tous les ingrédients nécessaire avec juste ce qu'il faut à chacun. C'est très bien écrit.
Une fois de plus, on peut regretter que le nom de la coloriste n'apparaisse pas sur la couverture car elle fait aussi un magnifique travail sur cet album. Les couleurs sont ici vraiment au service de la narration, chaudes quand il le faut, discrètes parfois et toujours lumineuses. Du très bon boulot.
Même si le gaulois est très rigolo, personnellement c'est pour Tara que j'aurais un faible...

Une Bd bien rythmée, des personnages attachants et très drôles (notamment le gaulois). Le dessin est beau et efficace sans parler des couleurs.Tout cela donne très envie de lire le tome 2 et de retrouver le trio dans la suite de leur aventure.

Imaginons un Alix débarrassé des ampoules et des cintres dans le derche, détendu du string et qui aurait enfin réglé son compte à Enak, on obtient Les voleurs de Carthage. Et çà, enfin, ça fait plaisir !

Pas grand chose à rajouter à vos commentaires.

Vivement le tome 2 et merci de m'avoir accepté parmi vous, je découvre une autre lecture...

Un lien amusant pour vous offrir aussi une autre lecture (enfin j'espère):

http://www.prisedetete.net/index.html

Beau moment de lecture, de l'humour, une intrigue qui se tient et maintient l'attention du lecteur, un moment passionnant de l'histoire des civilisations, des personnages (jusqu'aux seconds rôles) très bien campés et hauts en couleurs, une ville qui marque notre imagination, un dessin très honnête ( la pleine page avec les éléphants est simplement splendide ...), une belle lumière dans les couleurs ...
Des découvertes comme cela, on en redemande !

J'ai beaucoup apprécié cette BD, autant pour le dessin et ses couleurs, que pour le scénario et pour ses personnages haut en couleur, surtout notre ami gaulois.
On attend avec une certaine impatience le tome 2.

Beaucoup de couleurs dans cette suite et fin, l'aube se lève et Carthage va bientôt être effacée des livres d'Histoire.
Le ton change, on passe du comique au tragique et cela donne beaucoup de valeur à l'ouvrage, j'ai aimé.