Quelque part en Suisse , une étrange épidémie frappe la population , les villes sont mises en quarantaine , les sorties sont strictement contrôlées par l'armée. Emma est contaminée et elle cache sa maladie , mais ce ne sont pas les conséquences physiques qui semblent la ronger mais bien une souffrance plus intérieure , l'étrange disparition de sa petite fille. L’approche de Marc son compagnon est totalement différente , son couple est à la dérive il le sait , seule solution la fuite.
Le synopsis d'apparence classique pourrait nous faire croire à une banale histoire de couple qui vacille et c'est bien le propos qui prédomine sur la première partie de l'album et puis tout d'un coup l'histoire bascule dans le récit d'anticipation dès lors que nos deux protagonistes parviennent à quitter la ville pour retrouver leur fille , on entre alors dans une atmosphère oppressante et énigmatique , une plongée dans le désespoir de deux êtres qui ne vont alors plus mesurer les conséquences de leurs actes...
J'avoue que cet album a eu sur moi un drôle d'effet , il est même tombé à point nommé suite aux débats que nous avons eut récemment autour du troublant
Les enfants pâles car plusieurs ponts existent entre ces deux œuvres (la fuite , la nature , la déshumanisation). A la différence du titre de Loo Hui-Pang , Peguy Adam offre à ses lecteurs une certaine possibilité d'identification , son livre a un effet miroir qui met l'individu face à ses responsabilités , et à ses irréparables erreurs envers la nature.
Différentes interprétations sont alors possibles et l'auteur laisse planer avec soin un certain mystère , les flash-back et les rêves sont distillés par touches sensibles et si on ajoute à cela des transitions pas toujours évidentes et un certain manque de fluidité dans le récit (volontaire ?) , tout est en place pour déstabiliser notre lecture , la rendre onirique et nous laisser parfois dubitatif mais largement convaincu d'avoir vécu une expérience assez unique , une fois la dernière planche refermée.
Ajoutons à tout cela une édition de belle qualité au papier épais signé Atrabile (quelle magnifique couverture) , un dessin au lavis sobre et expressif , ce livre trouvera une place de choix dans la bibliothèque à côte de l'immense
Château de sable de Frédéric Peeters , sans surprise , chaleureusement remercié par Peggy.