Auteur encore injustement méconnu en France,
Kazuo Umezu fait pourtant partie de la famille des très grosses pointures de la bande dessinée mondiale, aux côtés de
Moebius,
Alan Moore,
Hergé ou
Neil Gaiman. Au
Japon, il porte officieusement le titre de «
Dieu du manga d'horreur ». Mais
pour beaucoup de nippons, dont l'enfance a été bercée par ses œuvres, cet auteur mythique est tout bonnement l'
égal d'Osamu Tezuka, catapulté lui « Dieu du manga » tout court.
"
L'Ecole Emportée", son manga le plus célèbre, narre
la disparition brutale d'une école primaire et de tous ses occupants, mystérieusement projetée dans un monde désertique, dépourvu de vie, où le sable dispute à un ciel aux brumes obscures les limites incertaines de l'horizon noir. Complètement dépassés par la situation, les adultes chargés de la protection des enfants vont se révéler incapables d'assurer leur rôle. Certains laisseront libre cours à leur folie naissante, d'autres préfèreront le suicide. C'est dans ce monde que les enfants, désemparés, à court de repères tant familiaux que géographiques, se devront à eux seuls de s'accorder l'espoir d'une survie improbable.Umezu est fasciné par les aspects les plus sombres de la nature humaine. Ses œuvres peuvent être lues comme des cauchemars dont le lecteur, quand bien même il le voudrait,ne pourrait s'échapper. S'impliquant au même titre que ses protagonistes, l'auteur se livre à des expériences émotionnelles d'une intensité inédite en bande dessinée.
L'école emportée, écrite voilà trente ans, n'a pourtant jamais été égalée dans sa tragique peinture de la condition humaine. Si l'horreur (sous toutes ses formes) et la peur semblent être les domaines de prédilection d'
Umezu, elles ne sont que les éléments d'une œuvre dont le propos est avant tout universel, libre de toute contingence morale. Ainsi, ses principaux récits se révèlent être d'incroyables histoires d'amours. Celle qui se cache dans
l'Ecole Emportée est sans doute l'une des plus belles jamais écrites.
Ce chef d'œuvre est présenté dans un nouveau format poche dédié aux grands classiques du manga, et compte six volumes au total.
(source Glénat Manga)Hyouryu Kyoushitsu (
L'École Emportée) fut publié dans le magazine hebdomadaire “Shonen Sunday” de 1972 jusqu'en 1974. En 1975, ce manga remporta le Prix de la Shogakukan (son éditeur). En 1987, une adaptation en long-métrage (en prise de vue réelle) vit le jour ainsi qu'une série TV (un drama) sous le nom de
Long Love Letter en 2002.
Mon avis :Bien que le titre ait quasiment 40 ans, ses propos restent incroyablement d'actualité : la violence des Hommes, l'irresponsabilité et l'égoïsme de notre société moderne et consommatrice, la protection de l'environnement, l'avenir menacé de nos enfants...
Le récit est prenant, cruel (mais juste), sombre et très sûrement visionnaire. On peut être surpris de la maturité de certains enfants mais cela est chose récurrente dans le manga. Le dessin a très bien vieilli et peut facilement rivaliser avec de nombreux titres d'aujourd'hui. Voui, Messieurs Dames !!! L'auteur nous prend donc aux tripes dès le premier volume avec cette disparition irrationnelle de l'école et de ses 800 et quelques élèves et adultes. La peur, l'angoisse et la folie sont omniprésentes dans un univers futuriste et post-apocalyptique oppressant. Les personnages, nombreux, sont traités avec profondeur.
A conseiller et à lire vivement pour tout amateur de
Dragon Head !!!
Me reste plus qu'à enchaîner avec
Baptism, seconde et dernière oeuvre à avoir été édité en France.
Je vous invite également (et surtout) à lire cette très belle
chronique !!!