LO de Lucie Durbiano

LO est une nymphe...elle est belle, jeune et fraiche et ce qu'elle aime par dessus tout c'est se promener dans les bois sacrés (quelque part dans le Péloponnèse ou la Thessalie).
Ce ne sont pas là les attributs d'une nymphe mais comment résister à l'envie d'espionner le beau, jeune et tendre berger Daphnis (en fait on se demande toute l'histoire ce qu'elle lui trouve?)


Malheureusement Daphnis est amoureux de Chloé (une humaine qui passe par là...) et LO n'entend pas lui laisser la part belle...
Bacchus aurait pu dire : "que voici un vaudeville réjouissant, aux accents antiques et modernes tout à la fois"...mais là, en fait, il est occupé dans une bacchanale, où il console Diane la Chasseresse d'être devenue une vieille peau aigrie et mal b...
Et ce n'est pas non plus la peine de solliciter l'avis de Zeus, il vous répondra que sa femme dirait encore que tout est de sa faute et qu'il est un bon à rien...


J'espère que vous l'aurez compris LO c'est frais et réjouissant d'une part parce que c'est toujours agréable de voir les mythes grecs tournés en dérision, d'autre part car la petite possède un humour qui m'a séduit. Son dessin féminin, tout en rondeur, soutient les comiques de situation. Son humeur est parfois à la limite de l'absurde et nous aurons tous une pensée à l'égard de Chagrin... il est si mignon et son destin si tragique....

Un beau divertissement, des personnages savoureux, un récit plutôt rythmé et pas désagréable, de jolis dessins...

Un divertissement ???!!!

Superphane a écrit:

Un divertissement ???!!!

Bah oui au premier degré

... mais qu'il est doux aux prunelles, ce petit conte-là ! Tout rond, tout simple, tout frais ( nan je ne parle pas d'un fromage... ), avec des fleurs, des libellules et toujours l'humour en toile de fond... j'adore !!! Un petit parfum printanier au coeur de ce mois sombre, c'est délicieux !

Lo est un bien jolie conte , en lice pour de nombreuses reconnaissances et autre prix annuel , j'avoue avoir été plus que sceptique sur les premières pages , passez moi l'expression , mais je me suis quand même dit , encore un truc "cul cul la praline" largement sur estimé ...

Pages après pages , je me suis laisser finalement ravir par cet album , l'histoire monte en régime doucement pour devenir consistante , l'écriture facétieuse et l'humour malin de Lucie Darbiano fonctionnent à merveille , levant définitivement mes doutes.
Le dessin devient également vite familier et sympathique , porté par une mise en couleur réussie (très belle couverture qui j'espère ne sera pas trop recouverte de stickers ).

Bref , un album tout plein de simplicité , très rafraichissant , avec lequel on passe un très bon moment , oui on peut parler de divertissement , sans que cela ne soit nullement péjoratif.

Lo et Prunelle n'ont bien sûr que peu de point commun. Là où Prunelle reproduit un schéma narratif ultraconventionnel et un peu poussif, Lo revisite très librement un mythe pastoral à la manière de Jacques Demy ou d'Eric Rohmer. On se régale des répliques très tendancieuses (les premières pages sont un régal), des situations ambiguës, des anachronismes langagiers. Voilà un auteur singulier, un dessin à part (voyez les expressions traduites par les regards des personnages !). J'éprouve un peu le même sentiment qu'après Peau d'âne de Jacques Demy : du "bonheur malicieux".

Je trouve que Lucie Durbiano incarne parfaitement l'idée que je me fais d'un shériff : quelqu'un d'un peu à part dans le monde de la bande dessinée. Du pas vu. Du autrement. Une des très belles bd de 2010 pour ma part.

Joli petit album faussement naïf qu'il faut lire plusieurs fois. Tout comme le ton donné, le dessin est plein de sens sous des apparences simplistes trompeuses. C'est pleins de trouvailles avec une mention spéciale pour Chagrin !

Lucie Burbiano était présente à Saint Étienne cette année :

Lo est frais est comme un fromage frais!
L'auteur évoque le thème lourd et douloureux de la déception et/ou frustration amoureuse...mais sans jamais tomber dans le pathos
Le récit est plein de nuances, plein d'humour et sous ses airs légers plein de sagesse.Le dessin très vivant et léger colle parfaitement au recit. J'ai beaucoup aimé les couleurs aussi, on a l impression de plonger dans un nuage doux.
Une bonne bd bien rythmée, jolie, avec des personnages intéressants et des symboliques intelligentes

Comme Can, avant lecture j'avais très peur que Lo ne ce soit parfaitement cucul (petite nuance gustative, j'ai pensé cucul fraise plutôt que praline) et très surestimée. Malheureusement, après lecture je le pense toujours. Après la bière sans alcool, nous avons donc droit à la mythologie grecque sans cruauté. Zeus est un vieux beau aussi séduisant qu'un prof de tennis à la retraite, Diane est une prof de catéchisme un peu idiote, Bacchus est rondouillard et inoffensif, les faunes sont presque aussi minions que les nymphes, ... Je n'y vois pas de la subtilité, juste de la dilution, un verre d'eau sucrée et un peu tiède. Vraiment pas de quoi s'enthousiasmer.
Dommage le dessin est plutôt réussi.

Cher colonel,
Le mythe de Dahnis et Chloé n'a rien de cruel ! C'est une histoire très délicate qui a inspiré le roman de Bernardin de Saint-Pierre "Paul et Virginie"... On est bien loin d'Ulysse, de Jason ou de Prométhée...
Lucie Durbiano parvient à y introduire beaucoup de subversion. Les premières pages et notamment le premier regard de Lo montre bien que la nymphe et la nymphomane ont quelques points communs... Dois-je rappeler ici le symbole véhiculé par la flûte ? la succion du venin du serpent ?...
Quant au faune qui s'appelle Pip...

Citation :

Le mythe de Dahnis et Chloé n'a rien de cruel ! C'est une histoire très délicate qui a inspiré le roman de Bernardin de Saint-Pierre "Paul et Virginie"... On est bien loin d'Ulysse, de Jason ou de Prométhée...

On peut être cruel sans violence, et ces histoires fonctionnent aussi parce que les dieux sont censés inquiéter, or là ils ne feraient pas de mal à une mouche (et par conséquent les sentiments qu'ils incarnent aussi), ce qui diminue sérieusement l'enjeu du récit.

Citation :

Les premières pages et notamment le premier regard de Lo montre bien que la nymphe et la nymphomane ont quelques points communs

Évidemment, et les satyres avec eux mêmes, malheureusement on ne le voit pas ...

Citation :

Dois-je rappeler ici le symbole véhiculé par la flûte ? la succion du venin du serpent ?...
Quant au faune qui s'appelle Pip...

Je n'avais pas relevé par charité. C'est un peu primaire, tu ne trouves pas ?(et le dessin souligne bien lourdement pour ceux qui n'avaient pas compris) Quant au jeu de mot, on se croirait aux Grosses Tètes.

Cher colonel,

Mais quel enjeu peut-il y avoir à ce que les dieux soient aussi cruels qu'à l'idée que tu t'en fais ??? Lucie Durbiano n'a aucun souci de véracité ou de conformité par rapport au récit mythologique... Daphnis et Chloé ne sont que des prétextes qui laissent bien vite la place à leurs doubles malicieux... C'est Marivaux qui fait irruption dans la mythologie ! Voilà deux fripons dévergondés qui bousculent le mythe pastorale un peu sage... Quant aux allusions sexuelles qui abondent je les trouve plus charmantes que vulgaires... Bien sûr qu'elles sont "visibles" ! Mais la naïveté des personnages et la fausse simplicité des dessins leur donnent une touche très savoureuse... tout comme Jacques Demy faisait dire au Prince et à Peau d'Ane "nous fumerons la pipe en cachette"...

Justement, dans mon souvenir Marivaux a la dent autrement plus dure.

Et je ne lui reproche pas d'avoir changé quoi que ce soit au mythe (je me fiche royalement de la conformité), mais d'avoir trop arrondi les angles et affadi personnages et situations; sans pour autant avoir introduit grand chose dans le récit qui n'y était déjà, il me semble. C'est cette démarche purement soustractive qui m'ennuie.