Après
le Long Voyage de Léna, qui était une œuvre onirique et contemplative d'une femme, voici le tome II des aventures de Léna. Une suite directe dans un style très différent du premier épisode - qui vaut mieux voir lu pour saisir toute la dimension de cet album.
Léna et les Trois Femmes est un mélange entre un one-shot en deux temps, une série en deux tomes, ou alors deux albums différents mais avec plein de points communs. On se rapprocherait presque de l'ambiguïté de deux autres albums de Juillard,
Le Carnet Rose et
Après la pluie.
Le point commun thématique des deux albums reste l'infiltration d'une femme dans des milieux terroristes. Mais ce que nous découvrions avec douceur tout au long du premier album, nous entrons en plein dedans dans cette suite qui ne nous épargne rien.
Le sens contemplatif qui faisait la force du #1 perd une grande partie de sa puissance. Le sens grave s'appuie sur les rencontres avec des personnages qui nous sont présentés avec une grosse ficelle. Mais la froideur des personnages - tout juste nuancé par la tentative de donner une âme aux "trois femmes" - perdra le lecteur dans cet abominable fermeture de chaque personnage de papier qui éteint le feu de tout sentiment.
Peu bavard ! L'économie de chaque mot doit faire ressentir l'isolement du personnage principal, Léna. Sur ce point, on retrouve ce déstabilisant vecteur qui conduisait le premier voyage.
Bon, il y a des hauts et des bas. Franchement, le premier album se suffisait à lui même. La thématique du terrorisme international est intéressante, mais l'auteur a choisi la facilité en transformant sa Léna en James Bond de Vedior Bis. Les premières scènes où le gars des RG tente de la convaincre de reprendre du service en est ridicule. J'en ai sauté les pages.
Il y a aussi des ficelles un peu grosses, quelques invraisemblances, ou bien que je n'ai peut-être pas saisi.