Premier album pour une jeune Anglaise.
Et tout de suite le charme opère.
À croire même qu'elle est une vieille pro tant sont frappantes la maîtrise graphique et la qualité littéraire.
Casterman a eu une riche idée en proposant au public francophone une traduction de ce
graphic novel.
Ce qui attire l'oeil tout de suite, c'est l'originalité des "gueules" et la mise en couleurs. Entre sépia et glauque, les tons collent à la noirceur d'un récit policier, d'un Londres pluvieux et à la morosité d'un détective privé complètement blasé. Car Fernandez Britten, Équatorien que tout le monde prend pour un Français et qui n'a pas vraiment le physique de l'emploi, est un privé dans la grande tradition : seul, désespérément seul, malgré un associé bien anglais, lui (drôle de trouvaille d'ailleurs qui symbolise l'humour d'Hannah).
Fern, on le surnomme le "bourreau des coeurs", rapport à la spécialisation de ses enquêtes (tromperies, adultères, etc.). Aussi, quand une jeune femme sollicite ses services pour une affaire de fiancé décédé, il y voit avant tout un moyen d'échapper à son quotidien.
Avec
Britten et associé, on reste dans la veine du récit de genre à la Dashiell Hammet ou Raymond Chandler. L'intrigue en elle-même est aussi complexe que
Le Faucon Maltais ou
Le Grand Sommeil. Ajoutez à l'atmosphère lourde un peu de cet humour
so british, un sens de la formule bien présent et toujours cette qualité de dessin et de mise en page, et vous obtenez une bande dessinée de très très bonne facture.
Indispensable aux amateurs de polar.