Valérian - Les Héros de l'Equinoxe.

Les Héros de l'Equinoxe est un album de Valérian qui avait particulièrement attiré mon attention, et pour cause...



L'action se déroule sur la planète Simlane où, tous les cent ans, des héros doivent affronter les épreuves de l'île de Filène, l'île des enfants (non, il ne s'agit pas de se battre contre Casimir !) Le vainqueur gagne le privilège de donner naissance à une nouvelle génération... Las, les héros sont fatigués et la relève se fait attendre.

Aussi, des compétiteurs venus d' autres mondes sont admis à concourir au grand dam des aspirants locaux, devenus trop vieux.



Chacun d'entre-eux représente un modèle de société :

• Expansionniste et belliqueuse (pour ne pas dire fasciste)
  
• Collectiviste et productiviste (pour ne pas dire soviétique)
  
• Spirituelle et rétrograde (pour ne pas dire sectaire)
  
• Démocratique et libérale (pour ne pas dire atlantiste)
  

Valérian représente la Terre. Dépourvu de pouvoir, ses concurrents le prennent de haut. Il participe donc à une série d'épreuve : gagner l'île par ses propres moyens, affronter les obstacles naturels (torrents de lave, glaces, déserts...) et la faune (hydre, troupeaux de buffles, rats !...) pour finalement subir un oral... Chacun devra dire quel avenir il voit pour les enfants de Simlane.


Vision d'un avenir planifié. (On notera comment Christin s'amuse à transposer la logorrhée soviétique dans un contexte de space opera)


Evidemment, au départ, nos héros ne manquent pas d'allure... On aura noté les remarques admiratives des badauds...

A l'arrivée... Ils auraient plutôt tendance à se comporter comme des chiffonniers - on aura noté que le plus "pacifiste" n'est pas le moins teigneux...



Finalement, le plus modeste aura gain de cause... N'ayant pas d'idée précise sur l'avenir des habitants de Simlane et préférant leur laisser le choix de leur modèle de développement...

Au passage, Mézières adresse des clins d'oeil à ses amis...


Druillet


Et Moebius... ^_^

Me suis toujours demande ce que ca valait Valerian...
Quand je vois ca je me dis que ca n'a pas tres bien vieilli.
Certains albums se detachent-ils neanmoins ?

Alors, je dirai qu'il faut lire l'Empire des Mille Planètes (George Lucas l'a fait !), L'Ambassadeur des Ombres (J.M. Straczinsky l'a fait), Métro Chatelet direction Cassiopée et Station Brooklyn Terminus Cosmos (que j'ai chroniqué par ailleurs, je posterai plus tard), Les Spectres d'Inverloch et sa suite (moins réussie), Les foudres d'Hypsis.
A voir, La cité des eaux mouvantes - reprise en intégrale.
Pour moi, ce sont les indispensables.
Ensuite, c'était LA BD de SF française des années 60 à 80 ! Avant l'Incal... Et Les Pionniers de l'Espérance ne paraissaient (presque) pas en album.

Je pense que Valérian reste une œuvre incontournable : c'est la série de SF des années 60-70, longtemps la seule sur le créneau et qui a abordé des thèmes variés et parfois peu courants alors pour le genre dans le média :
- le récit post-apocalyptique (La cité des eaux mouvantes en 1969)
-Le space-opera classique (L'Empire des Mille Planètes)
- la guerre des sexes (le pays sans étoiles)
- le colonialisme (Bienvenue sur Alflolol)
- l'impérialisme (L'Ambassadeur des ombres)
- les mondes parallèles (Sur les Terres truquées)
- les manifestations paranormales (Métro Chatelet...)
- les paradoxes temporels (Les spectres d'Inverloch)
etc...

Mézières fait un travail de créateur remarquable sur le plan visuel (George Lucas a dû tomber sur L'Empire des Mille Planètes : on retrouve le vaisseau rond, les magiciens casqués - très inspirés des chevaliers teutoniques, la congélation du héros dans un bloc -de carbonite ?... Dailleurs Besson déclare que la différence entre Lucas et lui, c'est que lui a payé Mézières... Et on retrouve dans Les cercles du pouvoir les voitures volantes qui ont inspiré le 5eme élément)

Quant à Christin, il détourne habilement les codes du genre au service d'un discours humaniste, écologique, anti-colonialiste et anti-impérialiste (alors que le space-opera est de nature belliqueuse et plutôt réac ) et le héros est un pauvre couillon heureusement secondé par une femme brillante et réfléchie. Il a réussi, avec son complice, à créer tout un univers personnel, original et cohérent.

La série perd du tonus à partir des Foudres d'Hypsis (et la disparition de Galaxity) c'est vrai...

Mais lorsque Morvan lance Sillage, il revendique l'intention de réaliser le Valérian des années 80 !